THE AMAZING SPIDER-MAN 2 : Entretien exclusif avec James Armstrong, superviseur des cascades, et William Spencer, doublure cascade d’Andrew Garfield - 2ème partie
Article Cinéma du Mardi 25 Mars 2014

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous nous donner un autre exemple de mélange de cascade et d’effets réalisés en direct ?

James Armstrong : Il y a par exemple ce moment où l’on perd Spider-Man de vue pendant une séquence de poursuite, et où nous voulions le faire revenir dans l’image de manière très spectaculaire. Pour y parvenir, nous avons fabriqué une rampe de lancement pneumatique, qui est un support très solide en acier fixé sur un énorme piston. Quand on injecte de l’azote sous très forte pression brutalement dans le piston, il se déploie et projette puissamment la personne qui se trouve dessus. Bien sûr, on ne peut utiliser cet équipement en toute sécurité que si le cascadeur qui se trouve dessus est un athlète parfaitement entraîné, comme William. La détente de la plateforme est si puissante et si brusque que l’on peut se tuer si on l’utilise mal. On a vu l’exemple de cascadeurs qui se sont blessés avec ce type d’équipement. Nous avions placé la caméra sur le camion volé que poursuit notre héros, et qui roulait à bonne allure. Quand William a été projeté par la rampe pneumatique, il a atterri directement sur le camion, au premier plan, juste devant la caméra. Quand on le voit dans le film, l’effet produit est extrêmement spectaculaire.

William Spencer : C’est une action physique qui est juste un peu augmentée, de telle sorte qu’elle nous montre de manière crédible Spider-Man faisant un bond qui ne représente qu’un tout petit effort pour lui, mais qu’aucun humain, même un athlète de haut niveau, ne pourrait faire.

James Armstrong : On pourrait simuler cela avec le personnage 3D de Spider-Man, mais pour ma part, je crois que les spectateurs sentiront instinctivement que cette cascade a été réalisée en vrai, devant la caméra. Nous avons établi une excellente collaboration avec le département des effets visuels. Les effets numériques d’aujourd’hui sont incroyables. Ils ont évolué d’une manière phénoménale ces dernières années. Sur les SPIDER-MAN, nous travaillons avec les meilleurs superviseurs au monde, et avec l’équipe des artistes de Sony Imageworks qui a une expérience incomparable. Nous savons chacun ce que nous pouvons faire de mieux dans nos disciplines respectives, et personne n’essaie de « tirer la couverture » à lui pour faire entièrement tel ou tel trucage. Il y a une vraie entraide entre nos deux équipes, et nous critiquons mutuellement de manière positive ce que nous faisons, dans le but d’obtenir le meilleur résultat final possible. Nous échangeons aussi des conseils, des suggestions. Et quand un plan de cascade qui était prévu d’une certaine manière change à la dernière minute et que nous sommes obligés de modifier nos interventions, nous allons voir nos collègues des effets visuels pour leur demander « si nous installons un nouvel élément de machinerie ici, pourrez-vous l’effacer ? ». S’ils nous répondent oui, nous pouvons rebondir encore plus vite. De la même manière, les cascadeurs peuvent faire beaucoup plus de choses en sachant que l’équipe VFX pourra effacer un matelas placé au sol pour amortir une chute ou des câbles de sécurité pour leur éviter de tomber d’un camion qui roule vite.

William Spencer : Bien faire son travail de cascadeur, cela signifie aussi connaître très précisément ses limites physiques. Et chaque département agit aussi de cette manière, en sachant jusqu’où il peut aller, et à quel moment il doit passer le relais à des collègues pour obtenir le résultat le plus réaliste et le plus spectaculaire.

William, vous arrive-t-il de faire des cascades uniquement pour le département des effets visuels, à titre de référence ?

William Spencer : Oui, je l’ai fait assez souvent, soit pendant des sessions enregistrées en capture de mouvements, soit à titre de référence filmée. Quand Spider-Man traverse une boule de feu, il est évident que ce n’est pas quelque chose que je pourrais tenter en vrai, car je me brûlerais le visage et le corps. Dans ces cas-là, je suis ravi de pouvoir passer le relais à l’équipe des effets visuels. Et dans bien des cas, il arrive que le début d’un plan soit tourné par moi et que l’on me remplace par le clone 3D de Spider-Man dans la partie la plus dangereuse ou infaisable en vrai, pour revenir sur moi à la fin du plan. Le tout est de faire un mélange assez habile pour que le public ne sache plus ce qui est réel ou virtuel.

Quelles sortes de plans tournez-vous en Mocap ?

William Spencer : Généralement, on ne fait pas cela avant ou pendant le tournage, mais après coup, quand on a pu réunir tous les plans filmés en prises de vues réelles et pré-monter les scènes d’action. L’équipe des effets visuels recense alors les endroits où il y a des choses qui manquent entre les cascades que j’ai pu faire. Nous organisons alors des séances de Mocap pendant lesquelles je fais les actions manquantes, revêtu d’une tenue en lycra, avec des repères qui sont détectés par les caméras infrarouges disposées sur le plateau. Mais comme je le disais auparavant, cela peut être aussi de simples tournages vidéo qui servent de références de mouvements aux équipes qui animent l’effigie 3D de Spider-Man. Pendant l’épisode précédent, nous avons tourné enregistré beaucoup de scènes de Mocap, mais sur celui-ci, jusqu’à présent, nous n’avons tourné que des vidéos de référence.

La suite de notre entretien avec James Armstrong et William Spencer paraîtra dans les prochaines parties de ce dossier.

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