PACIFIC RIM : Entretien exclusif avec Charlie Hunnam (Raleigh Brackett) - Dernière partie
Article Cinéma du Dimanche 28 Juillet 2013

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Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Par quelles forces de l’alliance les Jaegers sont-ils soutenus dans leur lutte contre les Kaijus ?

Les pilotes et les Jaegers constituent la première ligne de combat de cette guerre, mais l’alliance utilise aussi des moyens de défense complémentaires, comme des murailles géantes qui sont érigées autour des villes pour tenter de les protéger.

La fusion des esprits des pilotes générée par le « pont neural » du système de commande du Jaeger joue-t-elle un rôle dans les liens amicaux puis probablement amoureux qui vont se nouer entre votre personnage, Raleigh Brackett, et sa co-pilote Mako Mori ?

J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir de mon côté sur les implications fascinantes de ce concept du « pont neural ». Pendant la préparation du film, Guillermo était tellement accaparé par des milliers de problèmes à régler que nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions de discuter ensemble de toutes les conséquences que pourrait avoir une telle connexion totalement ouverte entre deux esprits… Ce qui me trouble le plus, c’est cette notion d’accès total à tous les souvenirs, tous les sentiments, toutes les informations…Il n’existe plus de secrets, plus de tabous, plus d’intimité. C’est assez effrayant, en fait ! Après y avoir beaucoup pensé, je suis arrivé à la conclusion que selon les cas, cela pourrait avoir des conséquences diamétralement opposées : soit ce que les deux personnes découvrent l’une de l’autre leur convient et cela ne peut que renforcer leurs liens amicaux ou amoureux, soit ces révélations sont un choc, une déception et plus rien ne pourra être comme avant. Il peut aussi s’agir simplement de la différence entre l’image stricte et courageuse que donne un militaire et la découverte de la vulnérabilité et des peurs intimes que révèlerait l’exploration de son esprit…Imaginez la réaction de son partenaire qui découvrirait ainsi que celui ou celle avec laquelle il va risquer sa vie est beaucoup moins fiable qu’il ne le croyait. Dans le cas de Raleigh, ce que Mako découvre quand elle est connectée à lui, c’est que cet homme est brisé par la culpabilité qu’il éprouve depuis la mort de son frère. Raleigh a beaucoup d’amour en lui dont il ne sait pas quoi faire, car il s’est condamné à une existence solitaire. Tout cela ne peut qu’émouvoir cette jeune fille qui porte aussi un lourd fardeau depuis que ses parents ont été tués lors d’une attaque de Kaiju. Donc, pour répondre à votre question, effectivement, le pont neural va contribuer à rapprocher Raleigh et Mako, mais comme nous le disions souvent avec Guillermo pendant le tournage, cela aurait pu tourner différemment car « personne ne peut se cacher une fois qu’il est connecté au drift ». Dans la vie courante, tout le monde peut se construire une « façade publicitaire » et prétendre être différent de ce qu’il est vraiment. Mais ce n’est plus le cas quand on pilote un Jaeger !

Comment la sélection des pilotes tient-elle compte de leur compatibilité ? Vous nous avez expliqué auparavant qu’ils étaient choisi en fonction de leur proximité, et qu’il s’agissait souvent de pères et de fils, de frères et de sœurs, de couples, mais comment ces tandems sont-ils testés avant d’être envoyés en mission ?

On ne les envoie pas directement dans le drift, car c’est trop dangereux de le faire si les gens ne sont pas assez solides psychologiquement. On a donc trouvé des procédures de tests plus classiques pour évaluer la compatibilité des gens et leur capacité à supporter l’épreuve de la connexion au pont neural. Dans la plupart des cas, cependant, des gens qui ont vécu de longues années ensemble ont surmonté assez de différents pour avoir atteint une certaine sérénité ensemble. On rencontre plusieurs de ces tandems de pilotes dans le film, et généralement ce sont les liens familiaux qui constituent les meilleures garanties de succès pour fonctionner correctement une fois envoyé dans le drift.

Concrètement, que se passe-t-il si le pont neural tombe en panne ? On imagine bien que Guillermo Del Toro et Travis Beacham ont dû écrire une scène dans laquelle cette panne se produit ! Est-ce que cela peut créer des dégâts dans les cerveaux des pilotes ? Est-ce que le Jaeger s’arrête de bouger immédiatement ? Y a-t-il des procédures d’urgence qui se mettent automatiquement en marche ?

(Charlie Hunnam sourit en entendant les questions) Je crois que vous allez beaucoup aimer ce film ! (rires) Oui, il y a bien des moments du film dans lesquels on explore ce qui se produit quand le pont neural ne fonctionne plus…Comme nous l’évoquions un peu plus tôt, le problème du pilotage d’un Jaeger, c’est qu’il y a tant d’informations à gérer simultanément que le cerveau et le corps d’une seule personne ne peuvent pas tout commander. C’est pour cela qu’un duo de pilotes est nécessaire. S’il n’y a plus d’impulsions produites par les pilotes, le Jaeger ne bouge plus. Ce qui est intéressant à imaginer, c’est ce qui pourrait se passer si un pilote était contraint de piloter le robot tout seul en cas de force majeure, et les conséquences que cela aurait sur le Jaeger, sur lui et sur l’issue du combat contre le Kaiju…Il faudrait vraiment que ce soit un pilote exceptionnel pour réussir un tel tour de force.

Et ce pilote exceptionnel, c’est vous !

(Charlie Hunnam éclate de rire) Mmm…ce n’est pas impossible…(rires)

Est-ce que les décors du « compod », le poste de commande du Jaeger, étaient placés sur un gimbal, une plateforme animée par des leviers hydrauliques, pendant que Rinko Kikuchi et vous mimiez les gestes de pilotage du robot ? Si tel était le cas, cela devait rendre vos mouvements encore plus fatigants à faire et refaire au cours des prises…

Oui, le décor était effectivement placé sur un gimbal pour simuler les déplacements du robot et les impacts des coups des Kaijus. Et physiquement, c’était un peu comme s’astreindre à faire des exercices épuisants sur une machine, dans un gymnase qui bougeait dans tous les sens, et en portant une combinaison et un casque ! Je crois que si personne n’a eu l’idée auparavant de faire de tels exercices physiques en étant habillé ainsi, ce n’est pas pour rien : c’est horriblement difficile. L’autre problème, c’était l’impossibilité d’entendre mes partenaires ou les indications de Guillermo quand je portais mon casque. Quand je regardais Rinko, je voyais bien ses lèvres bouger, mais je n’entendais pas le moindre son. Du coup, quand je me retrouvais dans cette combinaison, c’était un peu comme si j’étais en train de travailler seul la scène, isolé dans un bureau.

On a probablement dû finir par vous équiper avec des écouteurs, afin de vous permettre d’entendre vos partenaires et Guillermo…

Oui, mais le problème, c’est que les ventilateurs qui assuraient la climatisation du casque et empêchaient la formation de buée sur la visière étaient poussés à fond dès que l’on faisait des mouvements très rapides, afin de compenser la montée de chaleur et d’humidité dues à la transpiration. Et les bruits de leurs moteurs étaient si forts qu’ils couvraient ce que l’on aurait peut-être pu entendre grâce aux écouteurs, si l’ambiance sonore du plateau avait été assez calme. Du coup, ces écouteurs ne servaient pratiquement à rien.

Dans ce cas, comment faisiez-vous pour savoir à quel moment vous deviez parler ? Est-ce qu’un assistant vous faisait des signes pour vous dire quand vous deviez dire la réplique suivante ?

Cela s’est produit, mais pas systématiquement. Heureusement, pendant les scènes de pilotage, les dialogues étaient assez courts. Donc même si je n’entendais pas bien ce que venait de dire Rinko, je savais à peu près toujours à quel moment de la scène cela correspondait, et cela me permettait de réagir.

Comment avez-vous appris les mouvements de pilotage du Jaeger, Rinko et vous ? Et comment faisiez-vous pour qu’ils soient toujours cohérents par rapport à l’action en cours ?

Comme il aurait été trop compliqué de tout mémoriser scène par scène, nous avions un « coach » en face de nous, en coulisses, qui faisait les mouvements qui correspondaient précisément à l’animation du robot, et Rinko et moi nous reproduisions exactement ce qu’il faisait. Cela nous permettait d’être parfaitement synchrones tous les deux, ce qui était indispensables puisque nos personnages sont sensés être liés par le pont neural et donc ne plus faire qu’un... C’est la raison pour laquelle la moindre erreur de synchronisation rendait le plan inutilisable, et nous contraignait à tout reprendre depuis le début. Ce professeur a été absolument merveilleux avec nous, très clair dans ses indications, et très précis dans ses gestes. Quand vous nous verrez regarder droit devant nous, l’air très concentrés, dans le film, vous saurez que ce que nous sommes en train de regarder, c’est en réalité note coach !

Pouvez-vous nous parler du « voyage du héros », tel que le décrivait l’écrivain Joseph Campbell, qu’entreprend Raleigh au cours du film, et comment les évènements qu’il surmonte le transforment à la fin du récit ?

PACIFIC RIM est une histoire dont la structure suit la narration classique du « voyage du héros » telle qu’elle existe depuis les récits de la mythologie, comme Campbell l’a si bien expliqué. Au début, on fait à nouveau appel à Raleigh après une longue période de purgatoire hors de l’alliance, et il hésite reprendre le combat, car il croit ne plus être à la hauteur. Mais il se ressaisit et trouve le courage de regarder au fond de l’abysse, et de surmonter sa culpabilité et ses craintes. Il trouve un mentor, Stacker Pentecost, une co-pilote fiable, Mako Mori, et ainsi tous les archétypes d’un grand récit d’aventure sont en place. A la fin de l’histoire, Raleigh parvient à sortir de cette crise existentielle profonde qui le minait, trouve l’amour et s’autorise à mener à nouveau une vie « normale ».

Y a-t-il un lien narratif à la fin du film qui permet d’avoir une petite idée de ce qui se pourrait se dérouler dans PACIFIC RIM 2 ?

Guillermo est comme vous le savez un conteur subtil et de grand talent. Oui, il y a bien un petit aperçu de ce qui est à venir dans la suite, mais ce film est toutefois conçu comme une aventure qui fonctionne en tant que telle et dont on apprécie pleinement la conclusion. Guillermo et Travis ont trouvé des idées sensationnelles pour une suite. Si le public apprécie PACIFIC RIM et que nous avons la chance de tourner un autre épisode, le récit pourra évoluer dans des directions très différentes, en explorant d’autres aspects de l’univers très complexe qui a été conçu et dont on ne commence qu’à entrevoir les fondations au cours de cette première aventure. Il y a tout un autre monde qui reste à découvrir au-delà de la faille dimensionnelle…Cela ouvre des perspectives épiques !

Est-ce que Raleigh parvient à entrevoir ce qui se trouve derrière la faille ? Découvre-t-il même brièvement l’aspect de cette autre dimension ?

(Charlie Hunnam sourit) Oui, il arrive à jeter un coup d’œil de l’autre côté, mais pour savoir ce que cela signifie, il vous faudra attendre de voir le film !

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