LA PLANETE DES SINGES : LES ORIGINES - Entretien avec Dylan Clark, producteur, Rupert Wyatt, réalisateur et Rick Jaffa, scénariste – Dernière partie
Article Cinéma du Dimanche 01 Janvier 2012

[Retrouvez la précédente partie de ce dossier]


Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Andy Serkis nous a dit qu’il a rejoint le film assez tardivement. Etait-ce important pour vous de vous assurer de sa participation ?

Dylan Clark : Oui, car Andy a toujours été l’acteur le plus étroitement engagé dans le processus technique de Weta et ses performances ont remarquablement bien marché dans les films de Peter Jackson. La raison pour laquelle nous n’avons pas pu l’engager tout de suite, c’est qu’il finissait un tournage à Londres. Et nous étions encore en plein casting des acteurs qui allaient jouer les singes. Nous avons la chance que Terry Notary soit dans notre équipe, et nous fasse bénéficier de son extraordinaire expérience dans le domaine de l’interprétation des comportements des primates…

Rick Jaffa : Nous avons aussi recruté des acrobates qui sont des membres de la troupe du Cirque du Soleil..

Dylan Clark : …oui, et une fois que nous avons fait le point sur tous les gens que nous avons réunis, il était évident que Andy serait l’acteur idéal pour jouer Caesar. Et quand vous le voyez jouer, il est tellement extraordinaire que même vêtu de sa tenue grise de Mocap, il arrive à vous faire croire qu’il est un chimpanzé.

Pour revenir aux liens entre la saga originale et ce film, avez-vous eu la tentation à un moment de traiter cette histoire comme un récit totalement indépendant, sans établir de rapport avec la mythologie établie dans le passé ?

Dylan Clark : Non.

Rick Jaffa : Pas vraiment. La seule chose qui pourrait un peu se rapprocher de ce que vous évoquer, c’est une question que nous nous sommes posés avec Amanda Silver, quand nous avons jeté les bases de notre histoire. Nous nous sommes demandés « Faut-il vraiment que nous allions proposer ce concept à la Fox ? Ne pourrions nous pas traiter seulement certains des thèmes qui nous plaisent et pas certains autres ? » Mais cette idée ne nous a effleuré que pendant un bref moment, car nous avions vraiment envie d’aller dans la direction de LA PLANETE DES SINGES. Et comme vous vous en rendrez compte en voyant le film, il y a vraiment beaucoup de choses qui lient directement notre histoire à la mythologie de la saga.

Vous disiez que l’une de vos sources d’inspiration étaient des gens qui avaient élevés des chimpanzés, mais il y a eu aussi des faits divers assez horribles, notamment ce drame au cours duquel un singe a attaqué brutalement son maître, dévoré ses testicules et arraché son visage, et l’a laissé pour mort…

Rick Jaffa : Oui, j’avais lu les articles qui décrivaient ces faits terrifiants et particulièrement horribles…

Ce genre de faits divers permet de se rappeler à quel point un singe peut être fort et dangereux…Vous en êtes-vous servi un peu pour écrire ce film ?

Rick Jaffa : Je dois dire que je me souviens très bien d’un jour où j’avais étalé devant moi sur le sol une cinquantaine de dossiers que j’avais constitués sur des sujets qui m’intéressaient beaucoup, en vue de développer de nouveaux scripts. Et ce jour-là, j’ai lu un article à propos de cet homme, qui s’appelle Saint-James, avait été horriblement mutilé par ce chimpanzé qu’il avait élevé pendant plus de quarante ans, sans que sa compagne puisse stopper quoi que ce soit à temps. Elle avait dû tirer deux fois sur le singe en furie pour parvenir à le tuer…En lisant cela, et en voyant cinq des autres sujets dont les dossiers était posés sur le sol, je me suis dit « Oh mon dieu, mais c’est LA PLANETE DES SINGES ! ».

Dylan Clark : Il y a des films de genre qui pourraient exploiter le côté gore de ces attaques animales, et le drame de ces pauvres gens mutilés et atrocement défigurés, mais nous n’avons surtout pas voulu aller dans cette direction. D’un point de vue narratif, il était beaucoup plus intéressant d’explorer certains aspects de la mythologie de LA PLANETE DES SINGES qui n’avaient pas encore été racontés. Bien sûr les studios ont tendance à vouloir exploiter coûte que coûte certains titres, comme la franchise TERMINATOR, par exemple. On sent bien que quoi qu’il se passe, et même si le public n’adhère pas totalement au dernier épisode produit, on tournera toujours un autre TERMINATOR. Il me semble que c’est dommage et que les studios s’égarent en faisant cela.

Il y a aussi la tendance qui consiste à produire des préquelles, comme celle d’ALIEN que prépare Ridley Scott, ou celle de THE THING, d’après le film de John Carpenter…

Rick Jaffa : Je dois dire qu’en tant que scénariste, j’ai trouvé très astucieux et très intéressant l’idée de concevoir une préquelle de THE THING en racontant ce qui s’était passé dans le camp norvégien, dont on ne voit que deux survivants en hélicoptère, poursuivant le chien-loup, au début du film. J’ai beaucoup aimé aussi l’idée de tourner avec de vrais acteurs norvégiens… Je crois que cette équipe a pris beaucoup de décisions intéressantes et je suis très impatient de voir leur film.

Dylan Clark : Il est évident que dans le monde où nous vivons, le fait d’exploiter un titre connu est un grand avantage économique. Mais cela ne suffit pas. Si vous parlez franchement avec des gens, même s’ils sont fans d’une franchise, ils sentiront très bien si un nouveau film qui en est tiré a été réalisé avec sincérité et talent ou pas. Et c’est cela qui fera qu’ils l’aimeront ou le rejetteront, en fin de compte.

Rick Jaffa : J’ai lu beaucoup de comics quand j’étais jeune, et l’une des choses qui m’a toujours frappé dans les BD, c’est que quand certaines aventures devenaient monotones, on réinventait toujours le héros pour le redynamiser ! (rires)

Puisque nous parlons de franchises cinématographiques, pensez-vous que le titre LA PLANETE DES SINGES a toujours un potentiel commercial élevé aujourd’hui ? Pour tous les cinéphiles que nous sommes, il représente des films que nous aimons beaucoup, mais est-ce que cela évoque toujours quelque chose pour le grand public ?

Rick Jaffa : Oui, nous en sommes convaincus. Je me souviens qu’Amanda et moi dînions avec une autre famille il y a trois ans, quand nos amis nous ont demandé sur quel sujet nous étions en train de travailler. Nous les avons prévenus que c’était confidentiel, mais nous avons commencé à leur raconter les grandes lignes de l’histoire. L’ado de la famille était un garçon de 14 ans à l’époque, et son père qui avait la cinquantaine, était enseignant en psychologie à l’université UCLA. Au beau milieu du récit, le père a sursauté en disant « Attends une minute, comment as-tu dit que ce chimpanzé s’appelait ?! », je lui ai réponde « Caesar », et il a alors agrippé son fils en lui disant « Noah, tu te rends compte de ce que cela veut dire ?! Ils sont en train de travailler sur un nouvel épisode de LA PLANETE DES SINGES !! » (rires)

Dylan Clark : Rick, la prochaine fois que tu raconteras cette histoire à des journalistes, tu devrais prétendre que c’est l’ado de 14 ans qui a dit ça ! (rires) Cela nous aidera peut-être à toucher une cible plus jeune ! (rires)

Rick Jaffa : Pour ma part, je suis persuadé que l’univers de LA PLANETE DES SINGES est toujours très populaire, et qu’il touche des gens de toutes les générations, grâce aux rediffusions des films à la télévision, à la culture des fans de SF.

Dylan Clark : C’est une saga qui fait partie de l’histoire du cinéma, et comme Rick le dit, énormément de gens la connaissent ou la redécouvrent encore aujourd’hui. Je pense que l’on s’en rendra compte quand le film sortira.

Est-ce que le classement que vous visez aux USA est le PG13 ? (interdit aux moins de 13 ans, NDLR.) La manière dont le récit est construit semblerait l’indiquer…

Dylan Clark : La direction de la photographie du film, que dirige Andrew Lesnie, est à la fois extrêmement réaliste et très maligne dans sa manière de montrer les choses. Je dirais que le film, sans avoir recours à une violence graphique mérite une interdiction aux moins de 13 ans, en raison de l’intensité de certaines scènes.

Rick Jaffa : L’intrigue montre comment Caesar évolue, puis comment les autres singes se joignent à lui. Ce sont les personnages qui constituent le moteur du récit. Et Caesar qui arrive à changer le cours des choses. Ce n’est pas comme si nous montrions des hordes de singes anonymes qui attaquent les humains.

Une des caractéristique du premier film était le recours à certains traits d’humour, étant donné que le roman de Pierre Boulle était lui-même une sorte de fable. Avez-vous également injecté un peu d’humour dans cette nouvelle version ?

Rick Jaffa : James Franco est un acteur formidable qui est capable de jouer toutes sortes de rôles, des plus sérieux aux plus drôles, comme il l’a prouvé récemment dans la comédie PINEAPPLE EXPRESS. John Lithgow aussi. Brian Cox injecte lui aussi un peu d’humour dans la manière dont il interprète le directeur de la ménagerie des primates, qui est , excusez-moi du terme, un salaud particulièrement vicieux. Donc, pour répondre à votre question, oui, il a des moments dans le film où l’on sourit à cause de certaines situations.

Dylan Clark : Oui, il s’agit de comique de situation, mais nous n’utilisons pas de répliques comiques ou de choses de ce genre.

Dans la saga originale, imprégnée des luttes politiques et sociales des années soixante, la vision de l’humanité était plutôt cynique. Est-ce aussi le cas dans votre film ?

Rick Jaffa : Je ne crois pas que l’on puisse dire que le film est cynique.

Dylan Clark : Certains de nos personnages le sont. Ils pourraient diriger BP sans aucun problème ! (rires)

Rick Jaffa : Dans le premier film, le personnage de Charlton Heston était extrêmement cynique et presque désagréable au début. Il devenait plus humain au cours de son aventure, notamment en protégeant sa compagne Nova.

Dans le second film, Heston n’hésitait pourtant pas à faire exploser la planète !

Rick Jaffa : C’est vrai….Je pense que dans notre film, il y a de l’ironie, mais pas forcément du cynisme.

Pouvez-vous nous parler des personnages de singes qui sont proches de Caesar ?

Dylan Clark : La plus proche est Cornelia, une chimpanzé femelle que Caesar parvient à sauver et qu’il continue à protéger par la suite. Au départ, elle ne jouait pas un rôle très important dans le script, mais Rupert a tenu a développer ces scènes dans le film. Il y a d’autres singes autour de Caesar, mais la relation qu’ils entretiennent avec lui change au milieu du film. Il y en a un qui s’appelle Rocket, et d’autres dont les noms sont des hommages quelquefois obscurs, que seuls des super-fans de la saga reconnaîtront !

Comment votre film s’inscrit-il dans la continuité temporelle établie par le premier film avec Charlton Heston ?

Rick Jaffa : On pourrait dire qu’il s’agit du moment zéro, de l’instant où tout a basculé et provoqué une suite d’événements dont les conséquences vont se répercuter pendant des siècles. Nous avons essayé de mettre en place l’alignement de dominos qui mènerait à la planète des singes découverte par Heston dans le lointain futur.

(Rupert Wyatt entre à ce moment dans la pièce où nous nous trouvons)

Rupert, pouvez-vous nous parler de la manière dont vous avez choisi les acteurs du film ?

Rupert Wyatt : Une de nos références dans notre processus de casting a été celui de RENCONTRES DU TROISIEME TYPE. Dans ce film, tous les rôles principaux ont été attribués à des acteurs de composition, à commencer par Richard Dreyfuss, et c’est exactement ainsi qu’il fallait procéder pour donner à notre film tout son impact émotionnel. James Frano, tout comme Richard Dreyfuss, est un acteur de composition formidable, qui a un vaste registre, et qui peut aussi aisément s’imposer en premier rôle grâce à sa prestance physique.

Rick Jaffa : De plus, nous sommes tous persuadés que James Franco, qui est déjà connu, va devenir une très grande vedette dans les prochaines années.

Rupert, vous êtes passé de la réalisation d’un film anglais à tout petit budget, THE ESCAPIST, à une des superproductions américaine de l’été 2011. Cela doit représenter un changement énorme pour vous…

Oui. Mon agent est venu me rendre visite l’autre jour et il était très excité. Il m’a dit que j’avais fait en un seul film l’une des progressions de carrière les plus spectaculaires qu’il ait jamais vu dans le domaine du cinéma ! (rires) C’est à la fois une grande chance, un énorme défi et une responsabilité écrasante. Fondamentalement, je fais ce que j’ai toujours fait, mais en bénéficiant de conditions exceptionnelles. Je travaille avec une équipe de tournage remarquable, avec un directeur de la photo extraordinaire qui a obtenu un Oscar, avec des acteurs extraordinaires et avec des producteurs très expérimentés qui me soutiennent totalement. En fin de compte, mon travail consiste à réaliser un film, et même si l’ampleur du projet et des moyens mis en œuvre peut impressionner au début, ce n’est pas cela qui constitue la partie la plus complexe du projet. Ce qui est ardu, pour moi, en tant que réalisateur, c’est de maîtriser un tournage en capture de mouvement, filmé avec des techniques radicalement nouvelles.

Etant donné qu’il s’agit de la première fois que l’on réalise de la capture de mouvements dans de vrais décors d’une manière aussi intensive, et non sur un plateau de Mocap, pensez-vous que vous n’obtiendrez peut-être pas toujours des captures de données aussi précises que vous le souhaiteriez, et que vous serez peut-être contraints de repasser par certaines séances de Mocap après le tournage principal ?

Rupert Wyatt : nous essayons toujours de filmer les performances dans les décors, avec les acteurs « humains », parce que c’est ce qui nous permet d’obtenir les meilleurs résultats. Compte tenu du fait que nous devons tourner ce film dans des délais très serrés, il est vraiment vital que nous n’ayons pas à nous reposer sur des animations ultérieures qui retarderaient la post-production. Et quand vous disposez d’acteurs aussi exceptionnels que Andy Serkis, vous n’avez pas envie que leurs performances ne soient pas bien captées. Les équipes de Weta et nous-mêmes avons pour objectif de filmer et d’enregistrer pendant le tournage et dans les décors rigoureusement tout ce que dont nous avons besoin pour créer ultérieurement les singes en 3D. Si nous devons corriger quelques petites choses ça et là, nous le ferons, mais nous ne projetons pas de passer beaucoup de temps à refaire des scènes dans le volume.

Vous nous dites donc que vous capturez des données assez définies pendant le tournage pour animer les personnages en 3D ?

Rupert Wyatt : Oui, absolument. Nous tournons et enregistrons toutes les actions des singes principaux qui agissent au premier plan, et nous utilisons le volume pour enregistrer les mouvements des singes qui seront au second plan. La semaine dernière, par exemple, nous tournions dans le volume des scènes qui se dérouleront dans la ménagerie des primates. Nous avons créé avec Terry, Andy et les autres acteurs toute une série de personnages de singes secondaires que l’on verra agir dans ces séquences. Nous avons par exemple deux singes un peu âgés qui sont les équivalents de ces personnages de vieillards qui regardent ce qui se passent et commentent les évènements. Il y a aussi des singes qui se joignent à Rocket quand il entreprend de se battre contre Caesar. Cela nous permet de peupler le film de personnages secondaires qui enrichissent ces scènes. Quand nous arriverons aux scènes où les singes qui se sont échappés déferlement sur le pont du Golden Gate et s’en emparent, les spectateurs reconnaîtront certains de ces personnages. Nous essayons ainsi de créer plusieurs « couches » de récits dans notre histoire, en montrant ce qu’il advient de ces personnages de second plan.

Le triple tournage de chaque plan où interviennent les singes doit être un peu éprouvant pour vous…

Rupert Wyatt : Oh, c’est surtout Andrew, notre directeur de la photo, que cela rend fou ! (rires) C’est vrai que la préparation des plans tournés sans les acteurs/singes, quand il faut faire bouger tout seul les objets qu’ils sont sensés manipuler, est un casse-tête, car il faut trouver à chaque fois de nouvelles solutions pour réaliser ces effets. On doit investir beaucoup de temps de recherche et de développement pour réussir ces trucages en direct. Nos responsables des effets de plateau doivent chronométrer précisément le déclenchement de chaque effet pour reconstituer les conséquences de ce que les acteurs ont fait dans la prise précédente : une porte qui s’ouvre, un objet renversé, etc. Et tout cela doit être coordonné aux mouvements de caméras qui doivent eux aussi être rigoureusement les mêmes. Tout cela est extrêmement difficile à faire. Ces plans supplémentaires génèrent une heure à une heure et demie de travail en plus, chaque jour, par rapport à ce que nous ferions si nous tournions de manière traditionnelle. Mais pour Weta, le fait de disposer d’images « vides », sans les acteurs, leur fait économiser un temps fou, car ils n’ont pas à effacer les acteurs de chaque plan, image par image. Le processus que nous utilisons est plus long à filmer, mais c’est celui qui donne, et de loin, les meilleurs résultats pour créer les interactions entre les personnages humains et les personnages de singes.

Pourriez-vous expliquer pourquoi vous avez construit des décors aussi importants que la reconstitution de la maison de Rodman, ou la ménagerie ?

Rupert Wyatt : Quand j’ai tourné THE ESCAPIST, qui était le récit de l’organisation d’une évasion dans une prison, nous avons du adapter le tournage aux vrais décors dont nous disposions, ce qui fonctionnait très bien dans le cadre de ce film-là. Nous pouvions contourner certaines impossibilités de tournage imposées par l’exiguïté des lieux. Pendant la création de ce film, nous avons pu faire l’inverse, c’est à dire concevoir exactement les plans que nous voulions, puis faire construire les environnements autour de ces plans et des équipements que nous allions utiliser pour les filmer. En ce qui concerne la maison, nous l’avons conçue spécialement pour que l’on puisse avoir de grandes perspectives allant d’une pièce à l’autre, sans que notre point de vue soit constamment bloqué par des murs. En ce qui concerne le laboratoire, nous voulions aussi disposer de grandes perspectives, qui nous permettraient de montrer une action au premier plan, tandis que l’on verrait des gens passer ou travailler au second plan. Il fallait que l’on ait le sentiment de se trouver dans un lieu très actif, avec des chercheurs un peu partout. Une de nos sources d’inspirations pour ce décor a été la grande salle de rédaction du quotidien The Washington Post que l’on voit dans LES HOMMES DU PRESIDENT, le film d’Alan J. Pakula consacré au scandale du Watergate.

Selon vous, qu’est-ce qui faisait la force du film original de 1968 ?

Rupert Wyatt : Son audace. La manière dont il parodiait avec un humour féroce les travers de notre société. Notre approche est très différente et se rapproche de la manière dont les derniers Batman ont revisité le mythe dans un contexte plus réaliste.

Il y a eu relativement peu de films dans lesquels l’un des personnages principaux, si ce n’est LE personnage principal était entièrement créé grâce aux effets visuels. Pouvez-vous nous parler de la manière dont vous parvenez à donner la priorité aux émotions exprimées par la performance d’Andy Serkis, malgré les contraintes de la techniques et du mode de tournage en trois prises ?

Rupert Wyatt : La réponse est toute simple : nous nous reposons sur la performance extraordinaire d’Andy Serkis. Mais comme le personnage de Caesar ne parle pas, il faut trouver le moyen d’exprimer ses pensées visuellement. Rick et Amanda ont trouvé des moyens dans le script de faire comprendre cela, d’abord parce que Caesar utilise la langue des signes, mais comme il s’agit d’une langue que la plupart de nos spectateurs ne comprendront pas, cela nous oblige à utiliser des sous-titres, et nous avons limité ces échanges au strict minimum. Heureusement, grâce au talent d’Andy, nous arrivons à faire passer des nuances très complexes via un simple haussement de sourcil ou une posture qui traduit l’émotion du personnage. Etant donné que c’est Andy qui mène l’histoire jusqu’à sa conclusion, nous avons eu beaucoup de chance qu’il puisse venir travailler avec nous et jouer ce rôle.

Avez-vous senti que les autres acteurs avaient mis un peu de temps à s’accoutumer au fait de jouer avec des partenaires vêtus de costumes de Mocap ?

Rupert Wyatt : James avait déjà l’expérience de ce genre de techniques après avoir travaillé sur la trilogie SPIDER-MAN, et je crois qu’il n’a pas eu de difficultés particulière à travailler avec les nouvelles procédures techniques mises au point pour notre film.

Dans la réalité, les chimpanzés ne peuvent pas bouger leurs sourcils. Allez-vous vous dégager de la réalité anatomique d’un vrai singe pour rendre l’animation de Caesar plus expressive, par exemple en faisant bouger ses sourcils ?

Rupert Wyatt : Même si Caesar ne se métamorphose pas au cours de son évolution, il finit par acquérir certaines expressions humaines, comme la manière dont un simple mouvement de nez peut traduire un choc, un désarroi, comme dans la scène dont vous avez vu le tournage, pendant laquelle Will lui montre le laboratoire et lui explique que sa mère a vécu là, et que c’est parce qu’on lui a fait subir un traitement qu’il est devenu supérieurement intelligent. Andy utilise aussi tout son corps pour exprimer ses sentiments, comme les vrais chimpanzés le font.

Pouvez-vous nous parler de la manière dont les scènes d’émeutes avec les singes seront représentées ? Et aussi de la façon dont vous allez suggérer qu’ils représentent non seulement une menace pour la ville de San Francisco, mais pour toute l’humanité…

Dylan Clark : Pour lancer cette révolte des singes, Caesar dirige ses troupes de manière très réfléchie, en utilisant les moyens physiques dont disposent ses congénères. Mais ces affrontements ne vont pas jusqu’à un conflit nucléaire, bien sur !

Vous voulez dire qu’il sème le vent d’une révolte beaucoup plus large ?

Rupert Wyatt : Oui, il s’agit du début de la révolution. Un peu comme l’histoire du panier dans lequel Moise a été déposé, bébé… On sait comment cela commence, et finalement, tout change.

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