[Archives] Epcot, le parc du futur
Article Attractions du Vendredi 15 Avril 2016
Par Pascal Pinteau
Né dans l’esprit de Walt Disney sous la forme d’une vision utopiste, le parc Epcot présente de saisissantes évocations du futur et propose aussi un mini-tour du monde des plus sympathiques.
La ville de Walt
Au début des années 60, Walt Disney eut une bien étrange idée. Après avoir fait surgir Disneyland d’une orangeraie de Californie, il se mit en tête de créer une vraie ville, une communauté idéale de quelques milliers d’habitants qui bénéficieraient des dernières découvertes en matière d’architecture, de confort domestique, d’éducation et de loisirs. Il baptisa son projet E.P.C.O.T. , ce qui signifiait Experimental Prototype Community Of Tomorrow (la communauté expérimentale et prototype de demain). Les plus grandes entreprises Américaines allaient être conviées à tester en grandeur nature leurs prototypes dans cette cité futuriste. On imagine l’aubaine pour ces compagnies, qui allaient pouvoir bénéficier à la fois d’un coup de projecteur sur leurs projets mais aussi de la possibilité de les tester sur de vrais gens. Les idées réunies autour du projet d’Epcot étaient assez séduisantes. Le premier concept concernait la circulation des véhicules : les voitures et les camions allaient circuler grâce à un réseau autoroutier souterrain, tandis qu’à la surface, des transports en commun propres et silencieux permettraient d’apprécier le panorama de bâtiments futuristes et les vastes étendues de verdures. Les écoles, l’université et l’hôpital d’Epcot allaient aussi bénéficier de nouveaux concepts architecturaux et d’équipements révolutionnaires. Disney savait qu’il n’aurait pas la place de bâtir Epcot en Californie. Dès 1955, des centaines de commerces et de motels s’étaient implantés autour de Disneyland pour tirer profit du flot ininterrompu de visiteurs. Cerné de toutes part, Disney n’avait guère d’autre choix que de chercher un autre site. Après avoir étudié plusieurs possibilités, il décida de créer un nouvel univers ludique en Floride. Mais l’emplacement idéal était morcelé en dizaines de parcelles qui appartenaient à différents propriétaires. Les collaborateurs de Disney les contactèrent un par un, dans le plus grand secret, pour éviter que le projet ne soit révélé trop tôt, et ne provoque une flambée des prix. Après avoir dépensé cinq millions de dollars pour acheter toutes les pièces de ce puzzle géant, la société Disney se retrouva propriétaire de 13 000 hectares de terrains vierges en 1964. Mais il restait encore à définir comment cette énorme superficie, égale à celle de Paris, allait être utilisée. Il fallait d’abord parer au plus pressé et trouver le moyen d’assécher les marécages du terrain, afin de construire des bâtiments sur des bases saines. C’est avec un enthousiasme renouvelé par l’ampleur de la tâche que Walt Disney se mit au travail avec ses collaborateurs et l’équipe des imaginieurs. Dans sa “Phase 1”, Disney World allait accueillir un Royaume magique plus grand que celui de Californie, quatre hôtels, et de nombreux équipements desservis par un monorail futuriste. La “Phase 2” débuterait par la construction de la ville d’Epcot et d’un second parc baptisé The World Showcase. Grand amateur de voyages, Walt Disney avait imaginé de reconstituer les décors typiques de dizaines de pays autour d’un immense lac, et de proposer aux visiteurs de faire ainsi un tour du monde…en quelques heures ! Malheureusement, Walt Disney disparut en 1966 sans avoir fait aboutir ses derniers rêves.
La métamorphose du projet
Le frère aîné de Walt, Roy s’était occupé jusque-là des finances de la société. Il décida de reprendre le flambeau et rebaptisa le projet Walt Disney World, afin de rendre hommage à son créateur. Pendant les cinq années suivantes, cet homme discret et efficace se dépensa sans compter pour faire sortir de terre l’énorme projet. Il eut la joie d’inaugurer la première phase du site en 1971, sans savoir qu’il avait présumé de ses forces. Épuisé par les efforts déployés pendant la construction de WDW, Roy fut terrassé par une crise cardiaque quelques mois plus tard. Privés de leurs deux dirigeants historiques, les cadres de la compagnie Disney décidèrent de transformer l’utopique et ingérable E.P.C.O.T. en un parc d’attraction plus classique, divisé en deux parties. La première moitié, située près de l’entrée, allait être l’aire de Futureworld consacrée au Futur, tandis que la seconde, un peu plus loin, allait être le fameux « tour du monde » du World showcase.
La naissance d’Epcot
Epcot fut inauguré en 1982 et connut aussitôt un succès qui ne s’est jamais démenti . Le parc a su se renouveler au fil des ans et conserver l’approche plaisamment pédagogique qui fait le charme de ses attractions. Depuis le 1er Octobre 1999, une main de Mickey et une baguette magique géante surplombent la sphère argentée de 54 mètres de l’attraction Spaceship earth (le vaisseau terre), à l’entrée du parc, afin de célébrer le 21ème siècle. A l’intérieur de la sphère géante, premier immeuble de cette forme jamais construit, une chaîne sans fin de wagonnets entraîne les visiteurs à la découverte des techniques de la communication. On découvre tour à tour les peintures rupestres des hommes des cavernes, les parchemins des pharaons, la première bible imprimée par Gutenberg, l’invention de la radio, de la télévision, jusqu’aux satellites et aux applications future d’Internet. Des dizaines de décors et de robots Audio-Animatronic se succèdent sur la spirale interne de la sphère, composant une fresque historique et scientifique très réussie. A côté du Vaisseau terre se trouve le salon d’exposition Innoventions, dans lequel les grandes compagnies dévoilent leurs prototypes. On peut y découvrir les derniers chiens et chats-robots de Sony, les téléviseurs et projecteurs haute définition capables de transformer votre salon en vraie salle de cinéma, le papier électronique - véritable écran souple ultra-plat - mis au point par Xerox, et un incroyable fauteuil roulant équipé d’un gyroscope et d’un système de rééquilibrage qui se dresse sur ses roues arrières pour permettre aux handicapés de descendre des escaliers. Les expositions d’Innoventions sont renouvelées très souvent et l’on y découvre toujours des appareils étonnants.
Les attractions de Future World.
En s’aventurant dans la partie Est de Future World, les visiteurs assistent au spectacle Ellen’s Universe of Energy en prenant place dans trois barges de 150 places, positionnées côte à côte dans une salle circulaire. Pendant le film du “pre-show”, la comédienne Ellen de Generes s’endort devant sa télé en regardant le jeu Jeopardy. Elle cauchemarde et s’imagine candidate aux côtés d’une camarade d’université surdouée (Jaimie Lee Curtis) et d’Albert Einstein. Ellen est incapable de répondre aux questions concernant l’origine et la nature des différentes sources d’énergie. Lassée de perdre, elle reprend le contrôle de son rêve et rafraîchit ses connaissances grâce à Bill Nye, célèbre “Mr Science” des émissions enfantines aux USA. Les véhicules dans lesquels les spectateurs sont installés pivotent alors grâce à une plaque tournante pour se placer en face de trois écrans géants. Ellen et Bill assistent au Big Bang (reconstitué en images de synthèse) et se retrouvent en pleine préhistoire, à l’époque où a commencé la lente transformation d’éléments minéraux, végétaux et animaux en “huile de pierre” (Petra oleum), c’est-à-dire en pétrole. La plaque pivote à nouveau pendant que les écrans s’escamotent. Les trois barges avancent alors à tour de rôle, guidées par un rail invisible, et pénètrent dans une clairière peuplée de brontosaures animés ! Des peintures en trompe l’œil donnent l’illusion que le décor s’étend sur des kilomètres. Des générateurs d’odeurs diffusent les vapeurs de souffre des volcans. Des senteurs iodées émanent de la caverne d’où surgit un monstre marin, qui attaque une Ellen audio-animatronique ! De retour sur le plateau de “Jeopardy”, Ellen bat les autres candidats à plat de couture. On sort bluffé de L’univers de l’énergie.
Tempête à l’intérieur d’un crâne
Le pavillon Wonders of Life (les merveilles de la vie), situé juste à côté, est fermé au public depuis quelques temps, et loué pour des soirées privées dans le parc. A l’intérieur se trouvent plusieurs animations toujours en état de marche sur le thème de la santé et du corps, que nous avions eu l’occasion de visiter il y a quelques années. Dans l’attraction Cranium Command, un petit lutin en uniforme est chargé de surveiller le fonctionnement du cerveau d’un jeune garçon. Le “pilote de crâne” - un personnage animatronique - suit les actions du garçon sur deux écrans qui représentent ses yeux tandis que plusieurs comiques de l’émission Saturday Night live personnifient sa logique, ses émotions, sa mémoire, etc... Les gags se succèdent sans temps mort sur l’écran et dans la salle alors que le garçon rate le bus scolaire, prend un raccourci pour rejoindre en courant son collège, affronte une brute pour défendre une jolie fille, et se retrouve dans le bureau du proviseur. Situé juste à côté, Body Wars évoque le film Le voyage fantastique : les spectateurs prennent place dans un sous-marin miniaturisé (en fait un simulateur de vol identique à celui de Star Tours ) qui doit récupérer un “micronaute” égaré à l’intérieur d’un corps humain. Les passagers découvrent les péripéties de leur aventure, au travers du cockpit, grâce à un long plan subjectif truffé d’effets spéciaux. Des dizaines de décors miniatures ont été filmés pour représenter la miniaturisation, puis le voyage dans les artères et la traversée du cœur. Autant d’occasions de secouer les passagers du sous-marin dans tous les sens ! Pour la petite histoire, on notera que le réalisateur du film de Body Wars n’est autre que Leonard Nimoy, le Mr Spock de la série Star trek ! En sortant du pavillon de Wonders of life, on aperçoit le bâtiment de Mission Space, une formidable simulation de voyage spatial à laquelle nous consacrerons bientôt un article entier. Une autre attraction très regrettée était installée là auparavant : Horizons. Ce formidable spectacle évoquait d’abord la Science-Fiction du début du siècle, puis celle des années 30 et 50 avant d’imaginer les technologies de l’avenir lointain. Des décors spectaculaires permettaient de voir des engins télécommandés récoltant des fruits, des araignées mécaniques extrayant des nodules polymétalliques du fond des océans, une famille de colons arrivant dans une base spatiale et un appartement du futur, auquel ne manquait ni la cuisine qui prépare les repas toute seule ni l’indispensable téléphone holographique !
Des bolides pilotés par ordinateur
A côté, on entend rugir les bolides de Test Track (Piste d’essai) une attraction qui permet aux visiteurs téméraires de prendre place dans des voitures-prototypes pilotées par ordinateur. Leur périple commence par une série de tests de suspension sur des routes défoncées. Ils gravissent ensuite une côte équivalente à trois étages, font plusieurs essais de freinage, et effectuent une accélération décoiffante dans une courbe inclinée à 50°, pour monter jusqu’à 105 Kmh sur un circuit d’essai d’un kilomètre et demi ! Les apprentis pilotes peuvent se remettre de leurs émotions en allant faire un tour dans la partie Ouest de Future World . Là-bas, l’attraction The living seas with Nemo and Friends (Les mers vivantes avec Nemo et ses amis) permet aux spectateurs de découvrir le monde sous-marin en compagnie des poissons animés du célèbre film de Pixar. Aussi incroyable que cela paraisse, les paysages abyssaux que l’on découvre alors autour des personnages 3D ne sont pas réalisés avec des trucages : on voit simplement le décor du plus grand bassin artificiel jamais réalisé au travers d’épaisses plaques transparentes ! Ces larges baies au travers desquelles on observe une multitude de requins, de dauphins et de poissons multicolores sont faites de plaques de résine acrylique de 20 centimètres d’épaisseur, réalisée en une seule coulée pour éviter la présence de bulles qui les fragiliserait. Une installation spéciale permet de régénérer les 30 millions de litres d’eau de mer synthétique qui remplissent le bassin. Revenus sur la terre ferme, les visiteurs peuvent aller visiter l’institut de l’imagination dirigé par le Dr Nigel Channing (interprété par Eric Idle, l’un des fabuleux Monty Python). L’attraction Journey into your imagination (Voyage dans votre imagination) joue avec les perceptions visuelles et auditives des spectateurs pour évoquer la naissance des idées. Située juste à côté, l’attraction Living with the land présente la particularité d’être à la fois un spectacle et un authentique laboratoire de recherches. Des décors de plaines tempérées, de jungles, et de déserts rappellent les climats de notre planète. Le jardin hydroponique que l’on découvre ensuite a été conçu avec l’aide de la NASA. Il présente des plantes qui poussent sans terre. Leurs racines suspendues sont vaporisées avec une solution d’eau et de sels minéraux.
Un tour du monde en deux heures
Lorsque l’on quitte le Monde du Futur, la ballade autour du lac d’Epcot permet de visiter les décors du Canada, du Royaume-Uni, du Japon, de l’Italie, de la Chine, du Maroc, de l’Allemagne, de la Norvège, du Mexique, et des Etats-unis sans oublier un coin de Paris qui semble tout droit sorti d’un album de Babar ! Comme par hasard, c’est le pavillon Américain qui a été doté de l’attraction la plus spectaculaire. The American adventure (L’aventure Américaine) résume 200 ans d’histoire en une demi-heure grâce à 35 robots placés devant le plus grand écran de rétroprojection du monde (30 mètres de base). Des paysages sont projetés sur l’écran géant, tandis que les personnages et les éléments de décors émergent de la scène, dépourvue de plancher. Les deux narrateurs de ce spectacle incroyable sont Benjamin Franklin et Mark Twain. Plusieurs autres pavillons proposent des attractions à effets spéciaux. Dans une superbe pyramide Aztèque, Donald, José Carioca et Panchito Pistoles, les héros du film d’animation Les trois Caballeros dynamitent la visite des petits décors plein de charme de Gran fiesta tour, en évoquant la riche histoire et le présent du Mexique. Le pavillon Norvégien, lui, propose un voyage en bateau dans un Maelstrom qui permet de rencontrer des Trolls et des créatures magiques, de découvrir les villages des Vikings , puis de longer la banquise et une colossales plate-forme pétrolière. A l’heure du déjeuner ou du dîner, les restaurants de chaque pavillon du World Showcase proposent des repas dans plusieurs gammes de prix, du petit encas rapide aux mets les plus raffinés. À la nuit tombée, les célébrations se poursuivent avec des parades et un magnifique feu d’artifice qui enflamme le lac du World Showcase. Si vous vous rendez en Floride, ne manquez pas l’occasion de voyager dans le futur : allez visiter Epcot !
Rendez-vous sur le site Arthur Futuroscope pour découvrir la nouvelle attraction du parc du Futuroscope : Arthur, l'aventure 4D. Retrouvez également des informations sur l'univers d'Arthur et les Minimoys.