TWISTERS : Les trucages concrets et les effets visuels
Article Cinéma du Lundi 29 Juillet 2024
Les effets physiques
Pour réaliser les effets physiques des tornades, comme, par exemple, la pluie, le vent, la grêle et les vols de débris, la production a fait appel au superviseur effets spéciaux Scott R. Fisher, qui a remporté deux Oscars pour INTERSTELLAR et TENET de Christopher Nolan. Fisher a aussi été récompensé par un Emmy pour sa participation au LIVRE DE BOBA FETT.
La conception de vents très puissants a été la première priorité pour TWISTERS : « On voulait que l’effet soit le plus spectaculaire possible », explique Fisher. « On a réuni le plus de machines à vent de cinéma que possible mais on voulait aussi augmenter leur force d'un cran, et on a donc acheté deux réacteurs d'avion pour produire des effets puissants pour les scènes où l’on a besoin de détruire des décors ou de projeter des débris aux alentours. On a fait tourner les souffleuses traditionnelles aux ¾ de leur puissance, à environ 110 km/h. Les réacteurs, eux, ont été placés bien plus loin des décors et on les a fait tourner à près de 180 km/h ».
Outre les récupérateurs, dont une immense citerne de 38 000 litres utilisée dans une séquence spectaculaire, des canons à eau à forte pression ont été utilisés pour simuler les inondations. « On s'en est servi pour les acteurs : on pouvait les viser plus précisément si bien que soit on les ratait, soit on atteignait leurs pieds », ajoute-t-il.
La grêle de TWISTERS, aussi puissante que des munitions, a été recréée en utilisant du polyacrylamide, polymère caoutchouteux hautement soluble qui ressemble à de la glace, mais dont la consistance est plus moelleuse et ne fait donc pas aussi mal que la glace en touchant la peau. Par ailleurs, près de 15 tonnes de vraie glace ont été nécessaires pour fabriquer la grêle qui percute les véhicules. « Heureusement pour nous, les acteurs étaient partants pour tout ce qu'on leur a – littéralement – jeté au visage, que ce soit un distributeur de sodas balancé du haut d'une grue ou des feuilles d'arbres se déplaçant à 160 km/h », confie Fisher. « On a vraiment repoussé les limites du possible pour concevoir des séquences de tornades d'une intensité folle et nos acteurs ont été absolument formidables ».
Les effets visuels signés ILM
La conception des tornades, cruciale pour TWISTERS, a été confiée à un autre vétéran de grands films d’action, le superviseur effets visuels Ben Snow. À l’époque où le chef décorateur Patrick Sullivan faisait ses débuts sur TWISTER, Snow entamait sa longue carrière, de près de 30 ans, chez Industrial Light & Magic (ILM) en collaborant au même film. Depuis, il a reçu quatre nominations à l’Oscar pour ses contributions à PEARL HARBOR, STAR WARS : EPISODE II – L’ATTAQUE DES CLONES, IRON MAN et IRON MAN 2.
Le TWISTER de 1996 « était un projet complexe », raconte Snow. « C’étaient les débuts des effets visuels numériques. On apprenait sur le tas. C’était stressant mais le résultat a été formidable. Je dois pourtant admettre que quand on m’a proposé TWISTERS, ça a réveillé en moi quelques troubles post-traumatiques ! La différence, c’est que les outils actuellement à notre disposition sont bien meilleurs. Je n’ai pas pu résister à cette opportunité de refaire un film de tornades avec tous ces nouveaux joujoux. On peut désormais reproduire des situations qui étaient inenvisageables à l’époque. Et grâce à Internet et YouTube, on dispose d’encore plus de ressources sur lesquelles s’appuyer pour rendre nos tornades plus réalistes qu’à l’époque de TWISTER ».
Les dix tornades, toutes différentes, et les conditions météorologiques associées ont été élaborés par ILM et s’appuient entièrement sur des circonstance et des observations réelles. Ces tornades ne sont pas seulement des forces destructrices : elles deviennent des personnages à part entière, transformant des phénomènes naturels en créatures monstrueuses qui font avancer le récit. Il s’agit des simulations de phénomènes climatiques et de tornades parmi les plus complexes et réalistes jamais générées de manière infographique pour les besoins d’un film. L’alliance entre effets spéciaux et visuels donne lieu à une expérience cohérente et immersive qui restitue de façon spectaculaire sur grand écran toute la puissance dévastatrice de la nature.
Pour rendre ces images possibles, il a fallu une détermination des équipes à analyser la nature, développer des simulations de tout premier plan et mettre au point des outils (de rendu) destinés à reproduire visuellement ces tempêtes avec réalisme. L’équipe d’ILM a décomposé chaque élément d’une tornade d’un point de vue tant artistique que scientifique, faisant en sorte que les détails visuels soient exacts et intéressants à voir. Cette approche leur a permis d’imaginer des tornades non seulement vraisemblables mais au « comportement » authentique. Le résultat produit une expérience immersive qui établit de nouvelles normes en matière de simulations des phénomènes météorologiques au cinéma.
LES SCÈNES DE TORNADES
en guise d’introduction : l’échelle de fujita améliorée
Dans la réalité, les tornades sont classées d’après l’échelle de Fujita améliorée, abrégée EF. D’après le National Weather Service [NWS, service météorologique des États-Unis, NdT], qui relève du National Oceanic and Atmospheric Administration [NOAA, agence gouvernementale chargée de la recherche et la surveillance de l’atmosphère et des océans sur tout le territoire américain, NdT], cette échelle est utilisée pour classer une tornade en fonction de la force du vent et des dommages occasionnés. Lorsque les dégâts causés par une tornade sont évalués, ils sont rapportés à une liste d’indicateurs de dégâts spécifiques et de catégories marquant le niveau de dégradation de chacun. Une méthode qui permet de mieux estimer le niveau de la vitesse des vents qu’une tornade est susceptible de générer. Et qui permet ensuite de lui attribuer une catégorie (de EF0 à EF5).
L'échelle EF constitue un ensemble d’estimations de la force des vents (et non de relevés) fondées sur les dégâts. Elle observe des rafales de trois secondes estimées au point d’impact et se fonde sur 8 niveaux de dégâts infligés à 28 types de structures et d’arbres. Ces estimations varient en fonction de la hauteur et de l’exposition. Le NWS fait remarquer qu’une rafale de trois secondes n’est pas de même type qu’un vent observé dans des conditions normales. Les mesures habituelles sont prises par des stations météorologiques dans un espace ouvert et à une hauteur moyenne d’un mètre cinquante au-dessus du sol. Toutes les cinq minutes, l’enregistreur de données calcule des séquences de deux secondes, à partir desquelles il extrapole la vitesse moyenne du vent sur une durée de cinq minutes.
Le NWS est la seule agence fédérale reconnue dans l’attribution officielle des catégories EF aux tornades. Leur but est d’assigner une catégorie d’après la vitesse du vent la plus haute atteinte sur le passage de la tornade.
L’ÉCHELLE DE FUJITA AMÉLIORÉE CATÉGORIES DE L’ÉCHELLE EF POUR UNE RAFALE DE 3 SECONDES (en KM/H) 0 105-137 1 138-178 2 179-218 3 219-266 4 267-322 5 Plus de 322
Il y a six scènes de tornades dans TWISTERS et chacune des tornades possède ses propres particularités. Elles sont décrites ci-après par ordre chronologique par le superviseur effets visuels Ben Snow et par le superviseur effets spéciaux Scott R. Fisher.
la première tornade
La tornade qui bouleverse la vie de Kate et de Javi, dans le prologue, est la plus destructrice sur l’échelle de Fujita améliorée – de catégorie EF5 – avec un vent d’une vitesse supérieure à 322 km/h, capable d’arracher des maisons de leurs fondations (à un moment donné dans cette scène, le vent atteint une pointe à plus de 476 km/h). Le tourbillon se cache sous un manteau de pluie, assaillant de grêle et de pluie violente Kate et ses amis chasseurs d’orages, n’offrant qu’une vue limitée de ce phénomène terrifiant. « En adoptant une approche plus impressionniste, nous avons insisté sur l’impact émotionnel ressenti par Kate et Javi », explique Ben Snow. « L’EF5 est un monstre, au sens propre comme au figuré. C’est le croquemitaine qui les hante, la créature qu’il leur faut terrasser ».
la deuxième tornade
De retour dans l’Oklahoma après avoir passé cinq ans à New York, Kate se retrouve face à une tornade plus conventionnelle de type EF1, un tourbillon traditionnel en forme d’entonnoir sortant d’un nuage avec des vents allant de 138 à 177 km/h. Cette scène est l’occasion de présenter aux spectateurs l’équipe des dompteurs d’orage de Tyler et de les initier au milieu des chasseurs d’orages. « C’est une tornade assurément moins violente que celle du début de film », poursuit Snow. « Mais Kate se sent nerveuse et appréhende l’idée de se remettre à poursuivre des orages. On avait donc besoin que cette tornade soit quand même un peu effrayante et suffisamment forte pour réveiller son angoisse. D’un autre côté, le fait que ce soit une simple tornade de niveau EF1 permettait à l’équipe de Tyler de chasser en toute sécurité. Il fallait pourtant que ce tourbillon soit assez menaçant pour rappeler aux personnages et aux spectateurs que même une modeste tornade reste extrêmement dangereuse ».
la troisième tornade
Kate reprend goût à la fois à la chasse aux orages et à sa mission consistant à dompter des tornades, lorsqu’elle rencontre un phénomène rare : une seule tornade se partage en deux, l’une faible (EF2), l’autre forte (EF3). Tandis que la plus faible des deux s’estompe rapidement, sa jumelle, plus puissante, traverse la ville de Crystal Springs. « Kate commence à affronter ses peurs, passe de plus en plus de temps avec Tyler et prend du plaisir à chasser les orages », reprend Snow. « Puis, l’un des deux tourbillons inflige des dommages sérieux à une petite ville et là, on met l’accent sur ce que subissent des citoyens comme vous et moi qui perdent leur maison ou la vie à cause d’une tornade. Cela rappelle à Kate la raison pour laquelle elle fait son métier : tenter d’empêcher que des phénomènes pareils se reproduisent ».
la quatrième tornade
Kate a retrouvé son sens du devoir mais elle est mise à l’épreuve lorsqu’une soirée à un rodéo avec Tyler se transforme en cauchemar : soudain, une tornade de type EF4 s’abat sur Stillwater. « Cette tornade est là pour nous rappeler le monstre qui a fait basculer la vie étudiante de Kate », ajoute le superviseur effets visuels. « On ne fait qu’apercevoir ce tourbillon à cause de la nuit. Quand on le voit, c’est parce qu’il est illuminé par des éclairs et c’est terrifiant ». Cette scène a été l’une des plus ambitieuses du film, étant donné sa complexité, mélange d’effets physiques et numériques, de cascades et de plans-séquence. « Il y avait des rideaux de pluie, des rafales de vent, des feuilles d’arbres et des étincelles qui volaient dans tous les sens, des gens littéralement soulevés du sol et aussi des distributeurs automatiques et des remorques à chevaux qui tombaient du ciel, et j’en passe », ajoute Scott Fisher. « En gros, on a déchaîné les éléments ».
la cinquième tornade
Pour se remettre du traumatisme subi en raison de la quatrième tornade, Kate retourne dans sa maison d’enfance, renouant avec sa mère et avec sa nature de scientifique. Se sentant revigorée et totalement investie, Kate fait équipe avec Tyler pour prendre en chasse une tornade d’intensité EF1 et tester de nouvelles technologies et idées pour pouvoir les maîtriser. « Poursuivre cette tornade est toute une aventure mais c’est pour la bonne cause et elle rapproche Kate et Tyler, les unissant autour d’un même but », intervient Snow. « Cette tornade n’est pas large mais présage ce qui les attend. Si on était dans LES DENTS DE LA MER, ce serait la scène dans laquelle Roy Scheider s’exclame : 'Il va nous falloir un bateau plus grand' ».
la sixième tornade
La toute dernière tornade de TWISTERS incarne la somme de toutes les tempêtes redoutables qui l’ont précédée – faible tourbillon qui grossit en un véritable EF5, né d’un gigantesque orage super-cellulaire produisant plusieurs tornades d’un seul coup. Charriant des flammes après avoir traversé une raffinerie de pétrole, l’EF5 ravage la ville d’El Reno, renverse un château d’eau, dévaste un marché et anéantit un cinéma où FRANKENSTEIN est projeté. « Tous les efforts de Kate pour tenter de maîtriser les tornades, tout ce qu’elle a traversé émotionnellement, hier et aujourd’hui, trouve ici son point culminant », conclut Snow. « Le monstre qui a détruit sa vie au début du film est de retour. Mais peut-elle le vaincre ? Est-ce d’ailleurs possible ? Qu’est-ce que le véritable héroïsme quand de tels désastres frappent » ?
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