Dans les coulisses de ONE PIECE – 2ème partie : Le monde de ONE PIECE & entretien avec les showrunners de la série
Article TV du Lundi 25 Septembre 2023

NB: toutes les interviews de ce dossier ont été enregistrées en 2022 et début 2023, avant la grève des acteurs et des scénaristes.

LA GRANDE ÈRE DE LA PIRATERIE

Cette ère a commencé après l'exécution de Gold Roger, le roi des pirates. Quand il a été capturé par la Marine et condamné à mort par le Gouvernement Mondial, Gold Roger a annoncé qu'il avait caché son trésor mythique, le One Piece, quelque part dans Grand Line. Les gens ont alors pris la mer par milliers pour mettre la main sur le trésor, espérant pouvoir monter sur le trône du roi des pirates.

Les différentes zones de ce monde

Red Line


Fine bande de terre qui entoure le monde et sépare, avec Grand Line qui la coupe perpendiculairement, les quatre étendues d'eau principales : East Blue, North Blue, West Blue et South Blue.

Grand Line

Un bras de mer qui coupe Red Line horizontalement. Cet océan dangereux est riche en îles et en cités qui s'offrent aux pirates les plus entreprenants.

Lieux d'East Blue

Logue Town
: le site de l'exécution de Gold Roger

Village de Fuchsia : le village natal de Luffy

Village de Shimotsuki : le village où Zoro a reçu sa formation d'épéiste

Shells Town : le quartier général de la Marine

Village de Sirop : le village natal d'Usopp et de Kaya

Baratie : un navire à quai, abritant un restaurant.

Village de Kokoyashi: le village de Nami

Arlong Park sur l'archipel de Konomi: le repaire de l'équipage d'Arlong

GLOSSAIRE

Le berry
: la monnaie principale d'East Blue.

Les fruits du démon : des fruits uniques en leur genre qui donnent des pouvoirs surnaturels permanents. Il en existe de nombreuses variétés conférant toute une palette de pouvoirs, chaque fruit du démon ayant des propriétés singulières. Mais il faut savoir que manger plus d'un fruit du démon à la fois, c'est la mort assurée. Rares et convoités, ils ont une autre particularité : ceux qui en ont mangé ne pourront plus jamais nager.

Le fruit du Gum Gum (mangé par Luffy) : ce fruit donne au corps de Luffy l'élasticité du caoutchouc.

Le fruit de la fragmentation (mangé par Baggy le clown): il permet à Baggy de détacher ses membres et de les contrôler indépendamment les uns des autres, avant de se recomposer.

Le pavillon: l'emblème visuel spécifique à chaque équipage de pirates.

Les escargophones : des escargots vivants capables de transmettre des communications à distance, un peu comme des téléphones portables.

Les rois des mers : des monstres marins géants qui s'attaquent aux vaisseaux vulnérables et aux marins naviguant sur les mers. Le roi des mers qui apparaît dans l'épisode 2 est connu sous le nom de Monstre de la Baie.

ENTRETIEN AVEC LES SHOWRUNNERS MATT OWENS ET STEVEN MAEDA

Que représente ONE PIECE pour vous, et comment avez-vous été associés à cette adaptation en prise de vues réelles ?

Matt Owens :
J'avais 10 ans quand ONE PIECE est sorti, c'était l'époque où je commençais à lire des mangas. Je ne sais pas trop pourquoi, mais le titre ne m'a pas parlé quand j'étais gamin, et je ne l'ai pas rouvert avant la vingtaine. À l'époque, j'étais en pleine dépression et je cherchais quelque chose qui m'aiderait à me couper du monde extérieur. C'est comme ça que j'ai plongé dans ce manga, et je suis honnêtement persuadé que ONE PIECE m'a sauvé la vie. Ça parle de gens qui prennent soin des autres, qui suivent leurs rêves, de la famille de cœur, de toutes ces choses qui me manquaient et que je devais réévaluer. ONE PIECE m'a permis de sortir du tunnel. J'entretiens un profond lien affectif avec ce manga, et pas seulement parce que c'est une œuvre géniale. En 2017, quand j'ai appris que Tomorrow Studios avait acquis les droits d'adaptation de ONE PIECE, je me suis renseigné sur le projet. Je me souviens avoir envoyé un e-mail en majuscules à tous mes agents disant : « CONTACTEZ-MOI POUR CE PROJET ! ». J'étais un scénariste lambda, à l'époque. Je ne savais pas si j'avais une chance d'être entendu, mais il fallait que je tente le coup. C'est ce que j'ai dit à Tomorrow Studios lors de mon premier entretien : « Honnêtement, j'ignore si on peut le faire, mais je ne peux pas rester sur la touche si ça se fait. Vous ne trouverez personne d'autre dans le secteur qui connaisse et aime ONE PIECE plus que moi. » Je savais que ce n'était pas gagné, mais début 2018, ils m'ont rappelé.

Steven Maeda : Je ne connaissais pas le manga quand j'ai passé les entretiens pour la série, mais j'ai rapidement lu les 100 premiers chapitres et j'ai tout de suite vu qu'il s'agissait d'un projet exceptionnel et qu'avoir la possibilité d'explorer ce terrain de jeu créé par Eiichiro Oda était un grand honneur. L'équipe créative de Tomorrow Studios a contacté Eiichiro Oda en 2015 pour lui proposer d'adapter ONE PIECE en prise de vues réelles.

ONE PIECE a été publié pour la première fois il y a plus de 25 ans et connaît toujours autant de succès. Qu'est-ce qui explique que cette histoire intéresse encore le public et plaise autant ?

Steven Maeda :
Déjà, c'est un manga extraordinairement inventif. C'est un monde original, et quand on le découvre pour la première fois, on remarque tout de suite combien il est différent non seulement des autres histoires de pirates, mais aussi de tout ce qu'on connaît... Ce manga nous ramène avant tout à une façon plus simple d'appréhender nos différences et de les surmonter, à travers le regard d'un personnage qui rassemble, Monkey D. Luffy. Il réunit des gens qui n'ont rien à faire ensemble et les fait travailler main dans la main. Ça parle de communauté, de famille, de gens qui s'épaulent et comptent les uns sur les autres pour obtenir ce qu'ils désirent vraiment au plus profond de leur cœur.

Matt Owens : Cette longévité me semble intimement liée à la créativité et au génie d'Oda quand il imagine un univers. Il continue à trouver de nouveaux endroits et de nouveaux conflits qui contribuent à enrichir ce monde. Comme l'a dit Steve, ce n'est pas juste une série sympa sur des aventures de pirates, c'est bien plus que ça : ça parle d'oppression, de contrôle de l'information, du sentiment de doute. Il y a beaucoup de thèmes merveilleux liés aux émotions qui sont toujours d'actualité. Il continue à bâtir un univers dans lequel on a envie de passer du temps.

Les fans d'Eiichiro Oda sont ravis de voir qu'il a été autant impliqué dans cette adaptation. Parlez- nous de votre rencontre et de votre collaboration avec lui.

Matt Owens :
Je crois que je n'avais jamais eu un tel trac de toute ma vie. Je me retrouvais face à l'homme qui avait créé un monde que j'adore et vénère, et je lui demandais de me confier son bébé. Je ne vais pas mentir, ça a été dur, au début. Ce n'était pas la première fois qu'une production proposait une version de ONE PIECE en prise de vues réelles, on n'était pas les premiers à essayer de transposer cette œuvre. Mais quand il a compris que nos intentions étaient louables, qu'on essayait de protéger sa série et de créer une nouvelle voie pour séduire encore d'autres publics, il a commencé à nous faire confiance.

Adapter une histoire aussi tentaculaire que ONE PIECE en une saison de huit épisodes impliquait des concessions d'ordre créatif pour Eiichiro Oda comme pour vous. Y avait-il des aspects de l'histoire qu'il ne voulait pas que vous changiez ?

Matt Owens :
Il y a deux choses importantes dans le manga qu'Oda tenait à ce qu'on garde : 1) le passé de chacun des Chapeaux de paille, car il est essentiel pour comprendre qui ils sont, ce qu'ils désirent le plus ardemment, et comment Luffy s'en préoccupe quand il les rencontre et les aide à redécouvrir leurs rêves. Cette composante affective est au cœur de la série et donc très importante. Et 2) les pouvoirs. Les pouvoirs du fruit du démon et les autres compétences ont tous été soigneusement mis au point par Oda, il a fait preuve de beaucoup d'imagination pour développer ce que les personnages peuvent faire et dans quel cadre. Il nous a donc demandé de ne pas toucher à ça.

Steven Maeda : De notre côté, on a essayé d'instiller de l'optimisme, très présent dans le manga, et de trouver les détails qui donneraient le sentiment que ces personnages sont ancrés dans la réalité et organiques, tout en les laissant être ce qu'ils sont, les personnages tels qu'ils ont été dessinés. On a notamment fait en sorte de présenter chacun des Chapeaux de paille, de bien expliquer qui il ou elle est et de lui donner suffisamment de temps d'écran. Et bien sûr, il a fallu discuter en détail avec Oda et son équipe de toutes les nouveautés apportées à la série. En dehors de certaines intrigues qui ont été développées, rien de fondamental n'a été changé.

Matt Owens : On n'exagère pas quand on insiste sur la participation d'Oda et de son équipe au développement de la série. Ils ont vu les ébauches, les scénarios, les rushes, les montages. Parfois, pendant qu'il regardait une scène, il s'exclamait : « C'est exactement ce que j'avais imaginé ! » C'était toujours génial d'entendre ça... Et quand quelque chose le faisait tiquer, il venait nous en parler. Il nous expliquait son intention de départ, et le processus est devenu une conversation perpétuelle.

Vu le succès du manga et de la série animée, qu'est-ce qui vous a donné envie de vous atteler à l'adaptation de cette histoire en prise de vues réelles ? ?

Matt Owens :
Je crois que les animes et les mangas sont encore vus comme étant destinés aux enfants et aux geeks. C'est un obstacle qu'on n'a pas encore réussi à éliminer, mais avec cette série, on espère montrer au grand public que les animes et les mangas s'adressent à tout le monde. ONE PIECE est l'histoire la plus merveilleuse qui ait jamais été racontée. Si le public se révèle plus disposé à lui donner sa chance sous forme de série en prise de vues réelles, alors ça aura valu le coup. Je serais tellement content si les spectateurs avaient envie de lire le manga après avoir vu la série, pour connaître la suite de l'histoire ! C'est ce que j'espère. ONE PIECE mérite d'être découvert.

Steven Maeda : Pour moi, rien ne donne autant envie de se bouger qu'un bon défi qui oblige à trouver des solutions. Mais dans le cas présent, le défi était encore plus impressionnant, car le titre compte beaucoup de fans passionnés. Je n'avais encore jamais rien vu de pareil. Notre série va être examinée sous toutes les coutures, c'est sûr, mais c'est quelque chose que j'anticipe avec plaisir, car on est très fiers de notre travail.

Selon vous, est-ce un moment idéal pour raconter une telle histoire ?

Matt Owens :
D'un point de vue émotionnel, c'est précisément le genre d'histoire qu'il faut raconter en ce moment. Nous vivons une époque où les gens se sentent seuls et très isolés. Cette histoire sur le pouvoir de l'amitié tombe à pic dans notre culture. Or, si on regarde ce qui se fait dans l'industrie audiovisuelle, on s'aperçoit qu'une bonne partie des grandes séries épiques qui passent actuellement à la télé sont très sombres... ce n'est pas une critique, j'adore ces titres. On voulait créer une série tout aussi riche en mythologie et en détails, tout aussi brillante que certains de ces blockbusters, mais en se plaçant du côté du ciel bleu, pour proposer une version solaire et optimiste du genre. On veut se classer dans la même catégorie, mais apporter une touche de lumière.

Steven Maeda : C'est vrai, on a plus que jamais besoin de voir des gens qui se rassemblent et travaillent main dans la main en dépit de leurs différences. De toutes les choses qu'on n'arrive pas à mettre en place en tant que société à l'heure actuelle, celle-ci n'est-elle pas la plus importante ?

Qu'aimeriez-vous que les spectateurs retiennent de la série ?

Steven Maeda :
Le but est de faire plaisir aux fans du manga, mais aussi d'attirer un autre type de public. C'est une histoire tellement fabuleuse. J'espère que les gens se laisseront happer par la série et en retiendront le message optimiste d'une ode à la vie.

Matt Owens : Je voudrais que les spectateurs la voient comme une série sur le pouvoir de l'amitié. Je sais que ça fait un peu cucul de dire cela, mais c'est quelque chose de très fort. Avoir des proches sur qui on peut s'appuyer et compter, voilà ce que j'aimerais surtout qu'on retienne. Mais j'aimerais aussi que le public comprenne qu'on peut tout à fait adapter un anime en prise de vues réelles. On peut tout adapter, d'ailleurs, du moment qu'on a une bonne équipe. Il faut certes parfois que les bonnes personnes, les bonnes technologies et les bonnes intentions s'alignent parfaitement, mais c'est faisable. C'est justement comme ça que notre série est née, grâce à une énorme équipe d'individus créatifs qui aiment ONE PIECE et se sont cassé la tête pour que ça marche. J'espère que les spectateurs se diront que le sort est brisé quand ils verront la série.

Les témoignages des autres membres de l’équipe :

Marty Adelstein, PDG de Tomorrow Studios


« En 2015, mon assistant de l'époque, Nic Louie, m'a demandé si je connaissais ONE PIECE. Je ne connaissais pas ce manga, mais lui en était fou et insistait pour qu'on en acquière les droits. Nous nous sommes donc rendus au Japon pour rencontrer Oda... C'était passionnant, même si nous avons eu du mal à gagner sa confiance. Il n'avait pas encore fait l'expérience de la prise de vues réelles, ne connaissait pas notre processus de travail et hésitait à nous confier son bébé. Malgré ça, on y est arrivés. On a connu quelques années grisantes et on est fous de joie de voir ce projet prendre vie après tout le temps et l'énergie consacrés par tant de monde à cette collaboration. »

Eiichiro Oda explique ce qui distinguait ONE PIECE des autres mangas dans les années 90 :

« À l'époque, évoquer ses rêves était l'antithèse du cool dans le monde du manga, tout comme dans la société japonaise. C'est pourquoi j'ai dessiné ce manga et créé des personnages tels que Luffy et Zoro, qui n'hésitent pas à dire ce qu'ils veulent dans la vie. »

Becky Clements, présidente de Tomorrow Studios, évoque l'excitation suscitée par l'adaptation de ONE PIECE en prise de vues réelles pour la télévision :

« Adapter une œuvre emblématique est une chose, le faire alors qu'elle toujours en cours de création en est une autre. On peut dire que ça a été une collaboration dynamique... On recevait régulièrement des messages d'Oda qui nous disait par exemple : "Au fait, pourriez-vous éviter de dire ou de montrer tel élément dans tel épisode, car je suis en train de développer quelque chose." On était tiraillés, car on est des fans inconditionnels et on voulait savoir de quoi il s'agissait. »

Marty Adelstein et Becky Clements expliquent brièvement comment ONE PIECE pourra divertir tous les publics :

Marty Adelstein :
« Que vous soyez déjà fan ou pas, vous sortirez en joie de l'expérience. C'est une série de grande ampleur, galvanisante et pleine d'aventure, qui vous fera sourire et vous donnera envie d'en voir plus. »

Becky Clements : « C'est une série qui vous fait du bien, comme quand vous observez un grand ciel bleu... avec une touche de bizarrerie en plus ! »

La suite de notre dossier voguera bientôt sur les pages d’ESI. Bookmark and Share


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