Les attractions inabouties de Disneyland Paris – 1ère partie : Fantasyland
Article Attractions du Lundi 14 Aout 2023

En 1992, Eurodisney ouvrait ses portes en région parisienne. La convention signée entre le premier ministre Jacques Chirac et le PDG de la Walt Disney Compagny Michael Eisner quelques années plus tôt, promettait un resort de rêve, avec des hôtels et des parcs à thème foisonnants d'attractions. Hélas, initialement, le succès escompté ne fut pas au rendez-vous. La Walt Disney Company dut réviser ses plans et réduire le développement envisagé pour le parc. ESI vous propose sous forme d'uchronie, de découvrir les attractions qui devaient ouvrir pour compléter Disneyland Paris.

Par Furylion

La volonté de développer le parc parisien

Quand EuroDisney ouvrit ses portes le 12 avril 1992, Eddie Sotto, Jeff Burke, Chris Tietz, Tom Morris, Tim Delaney et Tony Baxter, en charge de la conception du parc, planchaient déjà sur les aménagements à venir du resort. « Nous avions déjà sélectionné pour nos projets LA PETITE SIRÈNE et LA BELLE ET LA BÊTE » explique l'imaginieur Tony Baxter, « afin d’exploiter ces deux licences pendant la première phase de développement de la capacité d'accueil du parc. Si vous observez le plan inaugural dessiné par Sam McKim, vous pouvez voir que les deux attractions y sont représentées. ». On put également voir un aperçu des maquettes préliminaires des attractions au cours de la cérémonie d'ouverture diffusée sur TF1, la veille de l'inauguration.

« Quand LA PETITE SIRÈNE et LA BELLE ET LA BÊTE sont sortis, nous étions enthousiastes à l'idée d'ajouter ces chefs-d’œuvre à notre lexique des parcs », poursuit Tony Baxter. « Ces films étaient à la fois nouveaux et possédaient des thèmes et des émotions adaptés à un public renouvelé. La lutte qui oppose Ariel à son père, et qui l’oblige à se battre pour ce qu'elle croit être juste, la rend très différente de Blanche-Neige qui souhaite épouser un prince pour faire le ménage et la cuisine pour lui ! Belle est encore plus moderne, parce qu'elle ne s'intéresse pas au beau gosse qui bave d’admiration devant elle. Ces héroïnes parlent plus au public d'aujourd'hui et les jeunes enfants peuvent s'identifier réellement à elles ; si vous captez leur attention à cet âge-là, ils s'en souviendront toute leur vie. ». Les 2 attractions sont conçues conjointement avec les équipes californiennes du Disneyland original, afin de diminuer les coûts. Elles auraient ainsi pu être installées dans les deux parcs.



LA BELLE ET LA BÊTE

Partons à la découverte de cette attraction, qui devait ouvrir ses portes en 1994, comme si nous la visitions…

Les visiteurs pénètrent dans une forêt, qui petit à petit, s'assombrit, révélant des arbres en décomposition. Après, avoir cheminé un moment dans ce paysage, les visiteurs découvrent le portail du château de la Bête et le franchissent pour pénétrer dans la cour. Une fois entrés dans le château, ils retrouvent le décor familier du film : le vitrail brisé, le grand hall avec l’escalier majestueux...

Puis, un cast member vient les guider dans la salle de théâtre. Quand tous les spectateurs sont assis, une effigie animatronique de Lumière apparaît au centre de la scène. Pour bien recevoir ses invités, il déclare : « Bien sûr ! Qu'est-ce qu'une fête sans musique ? ». Et c'est ainsi que débute le premier numéro du spectacle, sur l'air de « C'est la fête! ». La vaisselle, les bougies et tous les personnages se mettent à bouger, non seulement sur la scène, mais dans toute la salle. Le numéro finit en apothéose avec le chandelier qui descend du plafond, et dont les bougies s'allument et s'éteignent au rythme de la musique.

Soudain, l'éclairage change radicalement, et des gargouilles descendent du plafond, au son des tambours qui rythme la chanson « Tuons la Bête ». Les paroles ont été modifiées pour la narration de l’attraction : les gargouilles décrivent au public le mauvais caractère du maître des lieux, expliquent la malédiction dont il est victime et l'importance de la rose magique.

Alors que les gargouilles finissent de parler, de grands jets de fumée jaillissent du centre de la salle un animatronique de la Bête de près de deux mètres surgit devant les spectateurs. Il grogne, halète et menace le public, penché en avant, et rugit en montrant les dents : « Pourquoi êtes-vous tous venus ici pour me dévisager ? Vous êtes là pour voir la Bête ? »

A ce moment, une actrice incarnant Belle apparaît au milieu des spectateurs, court vers la Bête et dit : « Non. Ce sont des amis. Ils sont venus pour vous rendre hommage et non pour vous faire du mal ! ». Belle choisit ensuite un enfant dans le public pour qu'il donne une rose à la Bête. Quand l'enfant, suivant les indications de Belle, remet la fleur à la Bête, l'éclairage change. L'Animatronique de la bête porte la rose à ses narines, la hume et une larme coule sur sa joue. « Il a finalement appris à aimer », dit Madame Samovar, dont la voix retentit dans la salle. Un jet de fumée masque la métamorphose de la Bête en Prince, joué par un acteur en chair et en os. L'éclairage change à nouveau et c'est tout le château qui se transforme : les gargouilles deviennent des statues gracieuses et le vitrail est restauré, montrant Lumière, Big Ben, Madame Samovar, et Zip redevenus des humains.

Sur l'air de « Histoire éternelle », le public quitte la salle du théâtre, et sort en découvrant un décor de château différent de celui du début : des magnifiques statues ont remplacé les gargouilles, et la forêt en décomposition est devenue un beau jardin menant à l’aire de l’attraction It's a small world.

Revenons à présent à la description des structures et des techniques de l’attraction. Le bâtiment mesure 9 mètres, hauteur proche de celle des bâtiments de Main Street. Il est dissimulé aux yeux de visiteurs par les décors qui l’entourent, et par un merlon paysager (Un merlon est un ouvrage de protection constitué généralement d'un talus de terre entourant une installation pour la protéger de l'extérieur mais aussi pour l'isoler visuellement et/ou phoniquement, NDLR). La façade du château est conçue en perspective forcée (les étages supérieurs sont construits à des échelles qui diminuent progressivement en hauteur), ce qui crée l’illusion qu’elle est plus grande qu'en réalité. Le théâtre est une salle à l'italienne avec 3 niveaux : la scène et 2 balcons de spectateurs. Cette configuration de la salle (unique dans les parcs Disney) permet à Walt Disney Imagineering de se focaliser sur les détails et d’inciter le public à revenir pour découvrir l'expérience sous un autre angle de vue.

Les gargouilles animatroniques sont plus ou moins grosses et leurs animations généralement simplifiées. Par contre, l'animatronique de la Bête prévu par WDI est extrêmement perfectionné : il peut prendre des postures animalières, reproduire fidèlement les mouvements du personnage vus dans le dessin animé, et exprimer ainsi ses sautes d'humeurs. Les yeux sont articulés pour souligner ses changements d’expressions. Ce projet d’attraction était surnommé le « Beauty & the Beast Tiki show » par les imaginieurs, qui se référaient à The Enchanted Tiki Room, attraction culte conçue du vivant de Walt Disney, où les visiteurs assistent à un spectacle dans une ambiance polynésienne, et découvrent des oiseaux exotiques animatroniques qui parlent et chantent.

LA PETITE SIRÈNE

« Quand j'ai vu LA PETITE SIRÈNE au cinéma, j'ai tout de suite saisi que Disney avait repris la main dans le monde de l'animation, se souvient Tony Baxter. Le film est un chef-d’œuvre inoubliable, et cela tombait bien, car à WDI, nous avions de moins en moins de licences à exploiter. (…) On nous avait fait cadeau d'un tout nouveau classique de l’animation ! » Les imaginieurs sont très ambitieux pendant le développement de ce projet.« A Paris, l'attraction de LA PETITE SIRÈNE devait se situer en face de la Pizzeria Bella Notte, poursuit Tony Baxter. Le Fantasyland de Disneyland Paris a été conçu pour représenter les 5 principaux pays européens dont sont issues les contes et histoires utilisés par Disney. Pour l’Italie, La BELLE ET LE CLOCHARD était la seule licence Disney appropriée. En face du restaurant, vous pouvez toujours voir le merlon décoré de Cyprès où devait se tenir le palais du Prince Éric. Il devait également y avoir 2 autres attractions sur le thème de LA PETITE SIRÈNE : un manège-pieuvre dédié à Ursula et un carrousel qui aurait été placé sur la zone actuellement occupée par la fille d'attente de It's a Small World. ».

Imaginons à présent ce que vous auriez vu pendant ce voyage sous-marin dans l'univers de LA PETITE SIRÈNE:


Le bâtiment de l'attraction est conçu sur deux niveaux. Cette différence de niveau permet de se trouver, selon les scènes, au-dessus ou en dessous du niveau de la mer. Le système de transport est le même que celui de l'attraction Peter Pan : une nacelle suspendue à un rail. Des effets combinés de projection sur des plaques de verre et de scintillements de fibres optiques créent l'illusion de la surface de l'eau.



Un dur retour à la réalité

Malheureusement, les pertes financières catastrophiques des premières années d’exploitation d'Eurodisney amenèrent les imaginieurs à revoir leur copie. « Une fois Eurodisneyland ouvert, nous savions que le parc avait deux besoins majeurs : proposer de nouvelles attractions à sensations et offrir une plus grande capacité horaire d’accueil des visiteurs, explique Tony Baxter. Nous avions littéralement pris les meilleurs éléments de la formule de Disneyland et je pense que lors de son ouverture, Eurodisneyland bénéficiait d’un environnement plus riche que tout ce qui avait été fait auparavant. Cependant, il nous fallait ajouter rapidement des attractions pour mieux répartir la foule dans le parc, et permettre aux visiteurs de passer du temps dans ces nouveaux environnements. Nous avons donc ouvert le passage d'Aladdin et le fort Comstock (2 parcours scéniques), une nouvelle gare pour le train, l’attraction Casey Jr et le pays des contes de fées, ainsi que les Mystères du Nautilus. Nous avons également construit Indiana Jones et le Temple du Péril, pour proposer une nouvelle attraction à sensations venant s’ajouter à Big Thunder Mountain. Avec ces additions, la capacité du parc a augmenté à environ 13 000 visiteurs par heure. Nous avons créé ces extensions en puisant dans le budget de développement prévu pour La BELLE ET LA BÊTE et LA PETITE SIRÈNE : leurs capacités d'absorptions des visiteurs n'étant pas assez élevés, il nous a paru logique d’abandonner les plans initiaux. Nous avons ainsi eu l'occasion de construire Space Mountain.».

Les attractions envisagées pour le resort parisien prirent donc le chemin des archives de Walt Disney Imaginering, dont elles ne sont jamais sorties (même si des illustrations conceptuelles et des photos des maquettes ont pu être révélées par la suite). Mais comme rien ne se perd à WDI, ces idées font leur chemin parmi les nouvelles générations d'imaginieurs. Une attraction LA PETITE SIRÈNE a ouvert ses portes à Disney California Adventure (2011) et au Magic Kingdom de Floride (2012). Le parcours est très différent de celui conçu à l'origine pour les parcs parisiens et californiens. Deux attractions sur LA BELLE ET LA BÊTE ont ouvert leur portes au Magic Kingdom (2012) et à Tokyo Disneyland (2020), avec des concepts très éloignés de l'attraction prévue pour le parc parisien. Leur décors extérieurs peuvent néanmoins donner un aperçu de l'aspect qu'auraient eu les attractions parisiennes.

Mais il n'y a pas qu’à Fantasyland que des projets n’ont pas encore abouti. D'autres surprises et trésors d’archives vous attendent dans la suite de ce dossier !

Sources : Disney and more ; DLP Report La Petite Sirène attendue à Fantasyland ; Beauty and the Beast Animatronic Show: Never Built Disneyland Paris Part 1 ; Description de l'attraction la Belle et la Bête par Tom Morris

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