LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL 3 : Entretien avec Pom Klementieff (Mantis)
Article Cinéma du Vendredi 18 Aout 2023

En attendant sa sortie en vidéo le 8 septembre, retour sur les coulisses du tournage de GARDIENS DE LA GALAXIE Vol 3 - première partie…

Entretien avec Pom Klementieff (Mantis)

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

La seule française du MCU

Après avoir étudié au cours Florent, et joué au théâtre et dans des séries comme PIGALLE, LA NUIT, Pom Klementieff a entamé un véritable parcours d’actrice-aventurière : elle est partie en Sibérie pour tourner LOUP de Nicolas Vannier dans des conditions extrêmes, a appris la boxe pour jouer dans le remake américain de OLDBOY réalisé par Spike Lee, et est parvenue à s’imposer à Hollywood, d’abord chez Marvel pour intégrer l’équipe des GARDIENS DE LA GALAXIE, puis aux côtés de Tom Cruise dans les deux parties de MISSION : IMPOSSIBLE, DEAD RECKONING.

Que ressentez-vous quand vous repensez au cours Florent, à ce que vous avez appris pendant votre parcours français et à ce que vous avez accompli en partant vous installer à Hollywood ?

Pour moi, la France, c’est beaucoup de souvenirs d’école de théâtre, d’amitiés, et de pièces jouées sur scène. Quand je repense à ce parcours, il me manque parfois. J’adore ce que je fais en ce moment, mais j’aimerais revenir de temps en temps pour tourner dans des films français, avec une autre énergie, un autre rythme, une autre musique en quelque sorte… J’aimerais retrouver cela, mais c’est vrai qu’en ce moment, je me trouve au coeur de cette énorme machine hollywoodienne, où j’ai le plaisir de travailler avec des auteurs-réalisateurs très talentueux qui m’inspirent énormément aussi… La vie est longue - enfin espérons-le ! (rires) - et nous verrons bien les opportunités qui surgiront dans le futur.

Une équipière attachante

Vous avez rendu Mantis adorable et très émouvante grâce à la sensibilité de votre performance. Pouvez-vous nous raconter comment se sont passées les auditions et vos premiers contacts avec James Gunn, avant d’être choisie et de tourner dans le 2ème volet des GARDIENS DE LA GALAXIE ?


Je voudrais commencer par dire que je me double moi-même en français. Je suis fière de cela, car c’est très important à mes yeux. Tout est parti du choc que j’avais éprouvé en découvrant la bande-annonce française du deuxième épisode des GARDIENS DE LA GALAXIE : ma voix avait été doublée par une autre actrice. J’étais sidérée ! Étant française, je me suis demandé pourquoi personne n’avait songé à me contacter pour que je me double ! Cela ne remet pas en cause ce que la comédienne avait fait, mais bon, ce n’était pas logique. J’ai donc mis un point d’honneur à me doubler dans les versions françaises de tous les films américains dans lesquels je joue. J’ai découvert à cette occasion que c’est un exercice très difficile, dès l’étape de la traduction et de l’adaptation des dialogues anglais, dont il est souvent compliqué de trouver des plaisanteries équivalentes en français, et qui fonctionnent également au niveau du nombre des labiales…C’est une discipline ardue, dont s’occupent d’excellents professionnels, et je ne la prends pas du tout à la légère. J’ai beaucoup de respect pour les comédiens spécialisés dans le doublage, car ce qu’ils font est très complexe. Cela ressemble à une création musicale aussi, puisqu’il y a un rythme à suivre, et une partition à respecter, avec des mots écrits à la main qui défilent sur l’écran et dont on allonge l’écriture pour qu’elle corresponde à la vitesse de prononciation de celui que l’on double…Bref, c’est un travail très particulier, mais que j’aime bien faire. J’en reviens à votre question initiale au sujet du casting des GARDIENS DE LA GALAXIE. J’ai passé une première audition avec la directrice de casting à Los Angeles, puis une deuxième avec elle et avec James Gunn. A cette occasion-là, James a commencé à me parler de Mantis, et à me dire que c’était une créature extraterrestre qui avait passé beaucoup de temps toute seule et qui avait des caractéristiques d’insectes, avec des grands yeux, et des antennes sur le haut du front. À l’époque, le design de Mantis n’avait pas été finalisé, mais c’est ainsi que notre conversation a débuté. J’avais adoré le premier opus des GARDIENS DE LA GALAXIE, et j’avais très envie de rejoindre cette aventure et de travailler avec James. Ensuite, j’ai été rappelée pour que l’on tourne un essai avec Dave Bautista à Atlanta, et peu après, on m’a appris que j’avais décroché le rôle.

Comment James Gunn vous a-t-il décrit sa vision de Mantis, pour vous aider à l’incarner ?

Je me souviens qu’il m’avait révélé très tôt, dès l’audition ou le début du tournage du film, que j’étais la sœur de Peter Quill, alors que c’était une information confidentielle, que je n’avais le droit de révéler à personne ! (rires) Le contact et les échanges avec James ont été géniaux dès le premier jour. C’est quelqu’un de très généreux, à l’écoute des autres, qui est très drôle et qui vous permet de vous sentir en sécurité sur son plateau. Il vous donne des ailes et vous aide à accomplir des choses fantastiques. J’ai adoré travailler avec lui et j’ai hâte de reprendre cette collaboration. James a changé ma vie et je lui en serai toujours reconnaissante. Et il est aussi devenu un ami fidèle.

Les coulisses d’une métamorphose

Comme Karen Gillan et Zoe Saldana, votre beauté vous permet de rester ravissante malgré le maquillage prosthétique et les lentilles que vous devez porter pour incarner votre personnage. Pouvez-vous nous raconter comment on vous transforme en Mantis, étape par étape ?


Comme je porte une perruque, l’équipe des postiches place d’abord sur ma tête une sorte de bonnet fabriqué dans une matière qui rappelle celle des bas, et qui aplatit totalement le volume de mes cheveux. On ajoute par-dessus la perruque, et ensuite, les maquilleurs me collent sur le haut du front une prothèse avec les parties inférieures de mes deux antennes. Elles sont prolongées et complétées en postproduction par des antennes réalisées en images de synthèse. Les maquilleurs créent les raccords entre les bords de la prothèse et la peau du front, pour créer une transition invisible. C’est un travail extrêmement minutieux, qui est complété en appliquant des fonds de teints couleur chair et de la poudre. Ces maquilleurs sont extrêmement talentueux. La pose de la perruque et du maquillage dure environ deux heures, ensuite il me faut dix minutes pour me vêtir avec l’aide de mon habilleuse, parce que ces costumes sont toujours constitués de nombreuses couches superposées, avec des tas de fermetures éclair à zipper et de boutons à fermer. C’est impossible de faire cela toute seule !

Portez-vous encore des lentilles sclérales qui recouvrent toute la surface apparente de vos yeux, ou votre regard est-il modifié en 3D pendant la postproduction ?

Tout dépend de la scène. Je dois préciser que les lentilles sclérales sont très inconfortables et réduisent beaucoup votre champ de vision : vous avez l’impression de voir au travers d’un tunnel. Elles dessèchent aussi énormément les yeux. Pendant le tournage, une personne veille à me mettre une petite goutte d’une lotion apaisante dans les yeux toutes les 15 minutes. Il faut aussi faire tourner régulièrement les lentilles sur la surface des yeux, afin que ce soit plus supportable. Au niveau du jeu, ça complique les choses quand on tourne une scène d’émotion, car vous êtes séparé des autres par cette paroi placée sur vos yeux…C’est plus difficile aussi quand il faut pleurer. Compte tenu de tous ces inconvénients, le système que nous avons établi est le suivant : quand je me trouve loin de la caméra, je ne porte pas de lentilles, car c’est assez facile de modifier numériquement mes yeux. Et pendant les scènes tournées en gros plans, nous filmons une ou deux prises avec les lentilles sclérales, puis toutes les autres sans lentilles. De cette manière l’équipe des effets visuels dispose d’une référence et peut réaliser ainsi des mélanges très réalistes des deux sources d’images.

Des prises de vues réglées au millimètre

Quelles ont été les scènes d’action les plus complexes à tourner pour ce film ? Et pour quelles raisons ?


Il s’agit souvent de raisons techniques. James a conçu une action en plan-séquence au cours de laquelle la caméra passe constamment d’un personnage à un autre. Et comme tout le monde devait être parfaitement coordonné, aussi bien du côté des acteurs que de celui de l’opérateur caméra, ce plan a été très long à tourner, parce qu’il a fallu multiplier les prises avant d’obtenir enfin celle qui était parfaite. Cela étant dit, c’était une séquence d’action très intéressante à tourner. J’adore ces scènes très physiques et j’aime m’entraîner pendant leur préparation. Pour moi, c’est une vraie partie de plaisir de repousser mes limites et de filmer des moments comme celui-là.

Aimeriez-vous reprendre le rôle de Mantis si Marvel décidait de créer une série spinoff des GARDIENS DE LA GALAXIE destinée à Disney + ? Ces personnages sont si attachants que l’on suivrait avec plaisir leurs aventures en solo…

Oui, ça pourrait être une possibilité, mais jusqu’à présent, à chaque fois que Mantis s’exprimait dans un film Marvel, c’était James qui écrivait ses dialogues ou qui supervisait et modifiait les textes conçus par d’autres scénaristes - comme dans AVENGERS : INFINITY WAR et AVENGERS : ENDGAME – pour s’assurer que « la musique » de ces paroles corresponde bien à l’esprit des personnages qu’il a créés. J’ai du mal à imaginer qui d’autre pourrait développer de tels projets, à moins que James accepte d’y participer d’une manière ou d’une autre…Encore une fois, je n’exclus pas cette possibilité, mais je suis également prête à dire définitivement adieu à Mantis si c’est ainsi que les choses se passent…

Vous venez d’évoquer les dialogues écrits par James Gunn. Vous laisse-t-il aussi la possibilité d’improviser parfois des répliques, puisque vous incarnez Mantis depuis longtemps et la connaissez donc très bien ?

Oui, nous pouvons tous le faire, mais vous savez, comme beaucoup de ces échanges de répliques sont très rapides et doivent respecter le rythme des effets comiques, il faut que nous restions tous synchrones. Parfois si on veut ajouter des choses parce que l’on pense avoir trouvé une idée amusante, on n’améliore pas forcément la scène en question, et cela peut même nuire au rythme du film dans son ensemble. Parfois, mieux vaut en faire moins ! « Less is more », comme on dit en anglais. James nous laisse la liberté d’ajouter des choses, mais ce n’est pas vraiment nécessaire quand on lit les scripts de ses films. Il y a beaucoup de choses très fortes à puiser dans les silences aussi, dans le non-dit. Le plus important n’est pas de tenter de briller individuellement pour prouver que l’on est drôle, mais de respecter la dynamique du groupe et des liens entre ces personnages. Les improvisations peuvent apporter de bonnes surprises, mais s’en tenir au texte, surtout quand il est si bien écrit, c’est très agréable aussi ! Bookmark and Share


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