LES GARDIENS DE LA GALAXIE VOL 3 : Entretien avec Karen Gillan (Nebula)
Article Cinéma du Vendredi 11 Aout 2023

En attendant sa sortie en vidéo le 8 septembre, retour sur les coulisses du tournage de GARDIENS DE LA GALAXIE Vol 3 - première partie…

Entretien avec Karen Gillan (Nebula)

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

La fille souffre-douleur de Thanos

Le parcours de l’actrice écossaise est jalonné de projets Fantastiques et SF, à commencer par la cultissîme série britannique DOCTOR WHO, dans laquelle elle jouait Amy Pond aux côtés du seigneur du temps incarné alors par Matt Smith. On a vu aussi Karen Gillan au cinéma dans deux chapitres de la nouvelle saga JUMANJI menée par Dwayne Johnson, mais c’est le rôle de la cyborg Nebula qui lui a permis d’acquérir une notoriété mondiale, en participant à huit productions des Studios Marvel depuis 2014, dont la série animée WHAT IF ? et l’épisode de Noël des GARDIENS DE LA GALAXIE.

Les contraintes et les apports du maquillage

Incarner Nebula a été un énorme engagement de votre part, non seulement parce que vous étiez contractuellement obligée d’apparaître dans de nombreux films Marvel, mais aussi en raison de la complexité du maquillage prosthétique que vous deviez porter sur la tête et le corps. Aviez-vous hésité un peu avant d’accepter ce rôle ? Et finalement, pourquoi avez-vous décidé de jouer ce personnage ?


Non, je n’ai pas du tout hésité au début. Je me rappelle que mon agent m’avait téléphoné pour me demander si je serais prête à me raser la tête. Quand je lui avais demandé pour qui et que sa réponse a été « Marvel », j’ai tout de suite répondu oui ! (rires) Si vous jouez un personnage Marvel dont le maquillage prosthétique est si important que vous devez couper votre chevelure, peu importe : c’est une opportunité formidable qui ne se présente pas souvent. Il fallait la saisir ! J’étais prête à m’immerger dans ce projet et à tout faire pour incarner Nebula du mieux que je le pouvais. Au début, je pensais que je n’allais la jouer que brièvement, et uniquement dans ce premier film. Je n’imaginais pas que ce rôle m’amènerait à participer à tant d’autres productions Marvel et qu’il serait développé de manière aussi intéressante pendant dix ans ! Cette expérience a été vraiment sensationnelle.

Vous venez de rappeler que vous aviez dû vous raser la tête pour les besoins du premier film. Pouvez-vous décrire la procédure de maquillage que vous avez dû suivre à l’époque et comment elle a évolué depuis ?

Volontiers. Pendant le premier film, cela durait cinq heures. Même si je m’étais déjà rasé la tête, il fallait la raser à nouveau chaque matin, pour retirer les petits bouts de cheveux qui avaient poussé en 24 heures. Ensuite, on passait à l’application minutieuse des prothèses du visage, puis de la prothèse qui recouvrait le reste de la tête. Ensuite, le maquillage du cou était peint sur ma peau, et on fixait les prothèses sur mon bras gauche. Le processus a été perfectionné et simplifié de film en film, et maintenant le maquillage ne dure plus que deux heures et demie. Mais ce qui a changé, c’est que l’on m’a permis de garder mes cheveux, ce qui signifie que l’on commence par aplatir ma chevelure et qu’elle est recouverte par une capuche en latex, comme celles que l’on utilise pour créer l’illusion d’un crâne chauve. Ensuite, on colle les prothèses par-dessus, et le reste du processus est le même, mais en plus rapide qu’avant !

Étant donné que vous passez beaucoup de temps dans la loge de maquillage avant d’arriver sur le plateau, vos journées de tournage sont-elles raccourcies pour tenir compte de cela ?

Mes journées sur le plateau sont aussi longues que celles des autres acteurs, mais la production tient effectivement compte du fait que je dois me lever à l’aube pour être maquillée : on ne me fait jamais tourner plus de trois jours de suite. Tous les trois jours, j’ai droit à une journée de repos, qui permet aussi à ma peau de respirer à nouveau.

Une star du Fantastique

Vous avez joué Amy Pond dans DOCTOR WHO et Ruby dans les films de la nouvelle saga JUMANJI. Avez-vous choisi ces rôles parce que vous aimez particulièrement la science-fiction et la fantasy, à titre personnel ?


Je ne m’attache pas particulièrement à un genre quand je choisis un rôle. Il faut d’abord que je me sente en connexion avec le personnage, capable de bien le jouer, et que je sois convaincue d’être la bonne actrice pour ce projet. Si j’ai l’impression que cela ne me correspond pas, je décline la proposition. Dans les deux cas que vous venez de citer, j’étais certaine qu’il fallait que j’accepte, et que ces personnages me correspondaient parfaitement. Je me suis même surprise à penser « Il faut que ce soit moi ! » (rires) Évidemment, je suis sûre que d’autres actrices les auraient joués tout aussi bien ou même mieux, mais sur le coup, j’étais sûre que Amy et Ruby étaient des rôles faits pour moi.

Nebula a subi de nombreux tourments dans sa vie, tant physiques qu’émotionnels. Comment décririez-vous son évolution depuis la mort de Thanos, et ses liens actuels avec les autres Gardiens de la Galaxie ?

L’arche narrative de la vie de Nebula et son évolution personnelle ont été absolument fantastiques. J’ai eu énormément de chance de pouvoir l’interpréter. Au début, Nebula était une âme en colère, blessée, tourmentée, animée par des pulsions sadiques. Mais progressivement, elle s’est rapprochée des Gardiens, et a pris le risque de trahir Thanos au péril de sa vie. Gamora lui a permis de vaincre ses craintes, et de ne plus avoir peur des liens affectifs et de l’amour. Depuis que son père Thanos est mort, Nebula s’est libérée de ce joug et a pu révéler un autre visage. C’est particulièrement frappant dans ce troisième volet des GARDIENS DE LA GALAXIE. A présent, elle prend les choses avec plus de légèreté et parvient à plaisanter et même à exprimer parfois son affection à ses compagnons. Cependant, Nebula reste Nebula. Elle a toujours une attitude qui pose des problèmes dans ses relations avec les autres. Mais on découvre une version plus douce de sa personnalité au cours de cette aventure. Je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer ces nouvelles facettes plus légères et plus drôles de Nebula. Cela a aussi un côté touchant, car on comprend qu’elle aurait pu être ainsi depuis toujours si elle n’avait pas été meurtrie et transformée en guerrière cyborg impitoyable par Thanos. Il lui a volé toute une partie de sa vie, et Nebula commence seulement à rattraper le temps perdu.

Ses réparties humoristiques sont-elles basée sur le fait qu’elle est consciente du côté terrifiant de son apparence ?

Je crois qu’elle est assez contente de savoir qu’elle peut effrayer n’importe qui quand elle le veut ! C’est certainement une pensée rassurante pour elle, mais à présent, elle choisit de ne plus agir ainsi.

Comment avez-vous collaboré avec James Gunn sur l’arche émotionnelle de Nebula ? Lui aviez-vous soumis des idées qui ont été incorporées aux scripts des films ?

Je me souviens que nous avions longuement parlé du personnage, James et moi, avant même que je ne sois choisie pour incarner Nebula. J’avais dû passer une audition avant cela, puis je suis allée le rencontrer aux studios Shepperton situés près de Londres. Je me souviens qu’il m’avait décrit sa vision de Nebula, et dit que ce serait un rôle fascinant à jouer, et un personnage vraiment marquant du film. James n’est pas entré dans les détails des motivations et du vécu de Nebula à ce moment-là, mais j’ai bien senti que sa passion pour ce personnage et pour tous les protagonistes des GARDIENS DE LA GALAXIE était sincère et communicative. Ses idées m’ont beaucoup impressionnée. Ce qui m’a plu dès le début, c’était le thème de la rivalité entre les deux sœurs, alimentée par le fait que Nebula a toujours été l’enfant négligée par Thanos, tandis que Gamora était clairement sa fille favorite. Quand Thanos avait besoin de sacrifier quelqu’un pour mener ses plans à bien, c’était toujours Nebula qu’il mettait en danger, et non pas la parfaite Gamora, qui faisait sa fierté et sa joie. Nebula était toujours traitée comme la pièce de rebut de la famille… Ces sentiments ont été d’autant plus intéressants à explorer que je suis fille unique et que je n’ai donc pas eu l’occasion d’expérimenter ces rivalités entre sœurs dans ma vie. À chaque fois que James Gunn écrivait un nouveau chapitre de la saga des Gardiens, il développait et enrichissait Nebula, ce qui me donnait de nouvelles facettes de sa personnalité à jouer. Nous étions totalement en accord sur cette arche narrative et sur l’évolution de Nebula. C’était tellement évident et tacite entre nous qu’il n’était quasiment pas nécessaire d’en parler.

Le futur de Nebula

Êtes-vous toujours liée contractuellement pour apparaître dans d’autres projets des studios Marvel ? Ou ce film pourrait-il être votre toute dernière apparition en tant que Nebula ?


Il est possible que ce soit la dernière fois que je l’incarne. Pour ne rien vous cacher, j’ignore totalement ce que le futur lui réservera !

Si vous jouez à nouveau Nebula un jour prochain, comment aimeriez-vous qu’elle évolue ? Et quels types d’aventures pourrait-elle vivre ?

J’aime beaucoup cette nouvelle version de Nebula qui est plus légère et plus drôle. Aller plus loin dans cette direction serait certainement très agréable à jouer. Tout comme les efforts qu’elle doit continuer à faire pour montrer les aspects vulnérables et plus tendres de sa personnalité, en laissant sa cuirasse de guerrière de côté. A présent, Nebula n’a plus à prouver constamment sa force et sa férocité, même si elles sont toujours présentes en elle, et s’il vaut mieux ne pas se mettre en travers de son chemin sous peine d’être annihilé en deux secondes ! (rires) Ces contradictions seraient amusantes à explorer.

Quels sont vos meilleurs souvenirs de tournage de la saga des GARDIENS DE LA GALAXIE ? Quelles anecdotes pourriez-vous confier à nos lecteurs ?

Oh, j’ai tant de bons souvenirs en tête que le problème est de les classer et de choisir mes favoris…Aller tous ensemble rencontrer les fans pendant le Comic-Con de San Diego était particulièrement amusant. Vous savez, aussi bizarre que cela puisse paraître, quand on tourne un film en studio, on vit en cercle fermé et on en arrive à oublier qu’il finira par être vu par des gens un jour ! (rires) C’est l’effet que produit la routine du travail quotidien : on s’habille en super-héros, on joue les scènes, puis on part se reposer et apprendre son texte pour le lendemain. Mais quand on se retrouve devant une salle remplie de milliers de fans qui ont tous vu et aimé le film, c’est extrêmement plaisant et gratifiant. On se rend compte de l’impact émotionnel que notre travail a eu sur tous ces spectateurs. A titre personnel, je suis très heureuse d’avoir pu rencontrer Pom Klémentieff, qui joue Mantis, grâce à ces films. Pom est devenue l’une de mes meilleures amies. Elle est formidable. Et James Gunn a toujours fait régner une excellente ambiance pendant les tournages. Il a un grand sens de l’humour, et il aime les acteurs. Jouer pour lui des scènes amusantes ou des moments émouvants est toujours un grand plaisir.

It’s good to be bad

Avez-vous aimé jouer les côtés sombres de Nebula et ses comportements parfois sadiques ? Est-ce vraiment amusant d’incarner une « méchante »?


Oh oui, très amusant ! (rires) Ces personnages-là ont tendance à être désinhibés, à avoir des réactions « brutes » qui font voler en éclats les comportements sociaux habituels. Ils sont prêts à assumer des décisions très étranges. Et comme j’aurais énormément de mal à faire quoi que ce soit de vaguement sadique dans la vraie vie ou à tirer le moindre plaisir d’un désagrément imposé à autrui, c’était fantastique d’avoir à jouer des pulsions aussi éloignées de ma personnalité. J’ai le défaut de vouloir être appréciée par tout le monde, ce qui est forcément impossible…Nebula, au contraire, souhaite que vous la détestiez ! C’était donc particulièrement intéressant à explorer.

Dans le passé, Gamora était à la fois la sœur et l’éternelle rivale de Nebula. Pouvez-vous parler de la manière dont vous avez collaboré avec Zoe Saldana sur la relation compliquée de vos personnages ?

Zoe est une actrice tellement extraordinaire…C’est vraiment sensationnel de l’avoir pour partenaire quand on joue une scène. Elle vous fait sentir les émotions qui bouillonnent sous la peau de son personnage. C’est merveilleux à voir et à utiliser quand nous collaborons. Zoe est également très athlétique et extrêmement douée pour tourner les scènes de combat. Elle m’a aidé à m’entraîner, à trouver des postures qui donnent une allure impressionnante à Nebula, et aussi à exécuter certains mouvements pendant les scènes d’action. Nous avons presque développé une relation de « sœurs de tournage » en coulisses ! Mais ce que j’apprécie tout particulièrement quand je joue avec elle, ce sont les moments d’émotions, comme cette scène de dispute du 2ème volet des GARDIENS DE LA GALAXIE, pendant laquelle Nebula lance à Gamora : « Tu as toujours voulu me surpasser et gagner, alors que je voulais simplement avoir une sœur. » J’aime beaucoup cet échange entre elles.

Quelles sont les superhéroïnes de votre vie ? Vos mentors et vos icônes féminines personnelles ?

Je vais choisir ma mère, Mary Gillan. C’est une femme issue de la classe ouvrière écossaise, qui a enchaîné les jobs les plus difficiles, du nettoyage au travail en usine, souvent en même temps pour pouvoir gagner décemment sa vie, car elle était peu payée. Pour moi, pendant que je grandissais, ma mère a toujours été un exemple de courage et de détermination.

Un véritable marathon

Nous avons abordé déjà un peu cet aspect de votre travail quand vous jouez Nebula, mais compte tenu de la longueur de vos journées de tournage, comment parvenez-vous à conserver votre énergie du matin jusqu’au soir pour restituer l’intensité de ce personnage dès que l’on vous appelle sur le plateau, et ce même si vous avez dû attendre pendant 30 minutes ou une heure que les équipes techniques se mettent en place pour tourner le plan suivant ?


Je dois avouer qu’il m’est souvent arrivé de jouer Nebula alors que je n’avais quasiment pas dormi la nuit précédente…Quand vous avez tourné jusqu’à 18h ou 19h, le temps de rentrer chez vous, de diner et d’apprendre votre texte, il est vite 22h, mais vous n’arrivez pas forcément à dormir aussi tôt que cela…Et comme la voiture de la production venait me chercher à 2h45 du matin pour arriver au studio à 3h45 et aller me faire maquiller dans la foulée, il fallait faire l’impasse sur ce manque de sommeil dès que j’arrivais sur le plateau. Cela étant dit, j’ai toujours été étonnée de constater que quel que soit mon état de fatigue, dès que l’on m’appelait pour tourner et que j’entendais « Moteur, action ! », j’étais capable de libérer toute mon énergie jusqu’au moment où j’entendais « Coupez ! ». Ensuite j’allais m’affaler sur mon fauteuil pliant ! (rires) J’arrive à rester en mode « économie totale d’énergie » entre les prises et à me donner à fond dès que c’est nécessaire. Mais ce n’est valable que sur un plateau de cinéma. Si vous me demandiez de faire de même dans la vie quotidienne, en dehors du travail, j’en serais absolument incapable, et je resterais amorphe ! (rires)

Le maquillage de Nebula est de loin le plus complexe que vous avez porté pendant votre carrière. Comment avez-vous appris à vous en servir, et quelles nouvelles connaissances cela vous a-t-il permis d’acquérir ?

Je me souviens que la première fois que l’on m’a transformée en Nebula, j’ai passé un long moment à m’observer dans le miroir, à bouger, et à changer d’expressions, pour bien comprendre quel était ce nouvel aspect. Je voulais voir aussi comment mes mimiques parvenaient à « traverser cette seconde peau » et si elles restaient aussi lisibles que quand je joue à visage découvert. En me voyant sur le grand écran dans mes films précédents, j’avais appris à faire le tri entre les expressions qui me semblaient intéressantes et celles que je n’aimais pas dans mon jeu. Mais là, il fallait tout reprendre à zéro et arriver à maîtriser cette nouvelle apparence, ce nouveau visage. En essayant des choses, j’ai aimé l’effet produit quand je penchais légèrement ma tête sur le côté, et j’ai ajouté cela à la gestuelle de Nebula. Un maquillage aussi abouti provoque le même effet qu’un costume sur une actrice : il vous fait ressentir des choses nouvelles, consciemment et inconsciemment. Et il vous aide à trouver comment vous devez interpréter ce personnage.

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