LE MANOIR HANTÉ, de Disneyland au grand écran - Retour sur 20 ans de transpositions d’attractions – 1ère partie
Article Cinéma du Jeudi 13 Juillet 2023

Par le regretté Pascal Pinteau

Les grands studios américains investissent chaque année des centaines de millions de dollars pour produire les blockbusters de l'été. Cependant, personne ne détient la recette d'un succès infaillible, et certains de ces projets se transforment en gouffres financiers. Pour sécuriser ces énormes paris de 100 à 200 millions de dollars, les studios Disney misent depuis plus de vingt ans sur la popularité des attractions cultes de Disneyland, se servant de leur notoriété pour attirer les spectateurs dans les salles de cinéma.

À l’occasion de la sortie du MANOIR HANTÉ le 26 juillet, ESI vous propose un recapitulatif des films issus de cette stratégie depuis deux décennies. Et vous verrez qu’elle a connu bien des hauts et des bas !

1998 : LES DÉBUTS D’UNE SYNERGIE

En 2022, 115 millions de visiteurs se sont rendus dans les parcs Disney, aux USA, en France, au Japon, à Hong Kong et en Chine, et ont découvert ou redécouvert leurs attractions principales.

En 1998, quand naît l’idée de transposer les attractions-phares de Disneyland en films, Disney ne dispose que de quatre sites dans le monde (Californie, Floride, Japon et France), mais le nombre de visiteurs annuels dépasse déjà largement les 50 millions. Pour tester cette stratégie marketing astucieuse, Disney initie un premier projet, inspiré de la vénérable attraction MISSION TO MARS (il s’agissait encore d’une mission lunaire, ROCKET TO THE MOON, quand le Disneyland original d’Anaheim avait été inauguré en 1955 !)

En entrant dans le bâtiment de MISSION TO MARS, les visiteurs découvraient d'abord un décor de salle de contrôle. Leur guide de chair et d'os échangeait alors quelques mots avec "Tom Morrow" (tomorrow = demain en anglais) un savant spécialiste des missions spatiales. Il s’agissait d’un personnage audio-animatronique dont les réponses étaient pré-enregistrées. Les jeunes étudiants qui travaillaient dans le parc pendant l'été et guidaient les visiteurs s'amusaient souvent à détourner ce "dialogue" en fin de journée, en posant des questions à double sens à l'imperturbable Mr Morrow ! Quittant la salle de contrôle, les visiteurs découvraient alors le large habitacle d'une fusée et s'asseyaient dans un amphithéatre entourant deux écrans ronds (animés par des rétroprojections en 35mm), l'un aménagé dans l’espace central du sol, l'autre dans le plafond. Les deux points de vue conjugués (vers le sol et vers le ciel) quelques vibrations, et les petits mouvements des fauteuils permettaient de simuler le décollage du vaisseau et son atterrissage sur Mars quelques minutes plus tard. Des « transmissions vidéo » sur un troisième écran permettaient alors de voir des astronautes en train de construire une colonie sur la planète rouge, avant que la fusée n'entame son vol de retour.

C'est bien le thème de la construction d'une colonie martienne, interrompue par une mystérieuse présence, qui est repris dans le film MISSION TO MARS réalisé par Brian de Palma en l'an 2000. Une nouvelle équpe est envoyée sur place, pour enquêter sur ce qu’il s’est passé, et comprendre pourquoi les premiers pionniers ont été décimés…Hélas, en dépit de l’indéniable savoir-faire de Brian de Palma, de beaux décors et la présence d'acteurs talentueux comme Gary Sinise et Tim Robbins, le suspense s’étiole avant l’arrivée sur Mars, et une scène où l’un des astronaute se sacrificie pour sauver ses équipiers s’avère trop choquante pour le public familial auquel cette aventure est destinée. Les critiques du film sont mitigées, et ses résultats au boxoffice décevants. Mais il en fallait plus pour décourager Disney, qui avait déjà lancé la production d’une deuxième adaptation d’attraction.

DES OURS QUI CHANTENT ET DÉCHANTENT

Cette fois-ci, il s'agit d’un projet beaucoup plus étrange, intitulé THE COUNTRY BEARS. L'attraction originale, COUNTRY BEAR JAMBOREE, est un bijou de l'âge d'or de l'animatronique : une troupe d'ours musiciens chante les chansons du folklore Américain sur la scène d’un petit théâtre, au cours de saynètes humoristiques. Leurs trognes irrésistibles, imaginées par le grand animateur Marc Davis, ravissent les spectateurs depuis la fin des années 60, et on peut encore la voir au Magic Kingdom de Walt Disney World en Floride, ainsi qu’à Tokyo Disneyland.

Pour le film, c’est l'atelier des créatures de Jim Henson (LE MUPPETS SHOW, DARK CRYSTAL, LES TORTUES NINJA), qui est chargé de concevoir les costumes et les masques mécanisés des ours campagnards, et la mise en scène est confiée à Peter Hastings, réalisateur de séries animées comme ANIMANIACS et MINUS & CORTEX, qui fait ses débuts au cinéma. Si le choix des experts en animatronique et des marionnettistes de la Jim Henson’s Creature Shop est une excellente décision artistique, le concept de script qui est validé par la direction de Disney l’est beaucoup moins. Dans cette histoire, ces ours aux designs mignons qui parlent, chantent, portent des vêtements et vivent dans des maisons cohabitent avec les êtres humains dans le monde moderne, comme si de rien n’était ! Il se dégage une impression d’irréalité totale du fait que ce principe sur lequel repose l’histoire n’est jamais expliqué ni justifié. Et si l’on ne croit pas à ce que l’on voit, comment pourrait-on s’intéresser à cette aventure et au sort de ses personnages ? Même si l’on est extrêmement indulgent, on n’arrive pas à adhérer à ce récit qui semble se dérouler dans une réalité parallèle, sur une autre terre du Multivers. Une impression renforcée par le fait que le héros du film, Beary Barrington, un ourson adolescent fan de musique, est l’un des membres d’une famille humaine ! Il leur confie au cours d’un dîner « Parfois, j’ai l’impression d’être différent » comme s’il n’était pas capable de comprendre qu’il a été adopté : un gag peu subtil, comme beaucoup d’autres qui vont suivre. Beary finira par fuguer pour trouver sa voie, rencontrera les ours musiciens au cours de son périple, rejoindra leur orchestre en perte de vitesse, et les aidera à redevenir populaires. En dépit de la savoureuse composition de méchant de Christopher Walken, des personnages d’ours bien conçus et animés par la Jim Henson’s Creature Shop, et de la prestation de Haley Joel Osment (LE SIXIÈME SENS, A.I.) qui prête sa voix à l'ourson vedette, le concept de THE COUNTRY BEARS est beaucoup trop bancal pour pouvoir convaincre. Les premiers spectateurs venus en famille sont décontenancés, et le bouche à oreille devient catastrophique. Le film est un tel échec aux USA que Disney décide de ne le diffuser en salles que dans quelques pays (Canada, Portugal, Mexique, Afrique du Sud et Brésil) et d’attendre l’année suivante pour le proposer en DVD dans les autres territoires, afin de limiter les dégâts. Alors que THE COUNTRY BEARS a coûté 35 millions de dollars, il n’en rapporte que 18 dans le monde entier en 2002. Comme on apprend surtout de ses échecs, la direction de Disney va corriger le tir et mettre toutes les chances de son côté pour concevoir le projet suivant, qui sera bien plus ambitieux.

LES PIRATES À L'ABORDAGE DES SALLES

En 2003, LES PIRATES DES CARAÏBES, LA MALÉDICTION DU BLACK PEARL, troisième transposition d'attraction, est enfin la bonne. Cette fois-ci, il s'agit d’abord et avant tout d’un vrai film d’aventures, amusant, surprenant, bien écrit et réalisé, tout en rendant hommage à l’un des chefs d'œuvre de Disneyland.

En 1964, Walt Disney avait demandé à Marc Davis d’imaginer l’attaque d’une ville côtière des Caraïbes par des pirates, et de dépeindre des scènes humoristiques de pillage et de beuveries. Il comptait alors faire fabriquer des mannequins de cire et les disposer dans des décors que l'on découvrirait en déambulant dans des galleries. Mais les dessins de Marc Davis étaient si réussis, si vivants, que Walt Disney a décidé de faire de l’attraction l'un des investissements majeurs de son parc. Les pirates, au lieu de mannequins de cire immobiles, ont été conçus sous la forme de personnages audio-animatroniques installés dans de somptueux décors, que les spectateurs découvrent installés dans des bateaux. Ce voyage, l’équivalent d’un long travelling de cinéma, permet d’organiser la succession des scènes qui composent l’histoire. Cette attraction révolutionnaire a coûté plus de 8 millions de dollars en 1967, une somme considerable pour l’époque, qui correspond à 72,8 millions de dollars de 2023 (66,3 millions d’euros).

Dans l’attraction originale du Disneyland d’Anaheim, en Californie, les visiteurs installés dans des barques entament un voyage nocturne dans le paysage d’un bayou de la Louisiane.

Ils découvrent d’abord un marécage, survolé par des lucioles, puis une série de cavernes où les squelettes de pirates semblent encore défendre les trésors dissimulés là, 300 ans auparavant. Les spectateurs sont alors projetés dans le passé et se retrouvent au 17ème siècle, aux abords d’une petite ville fortifiée des Caraïbes qui subit l’attaque d’un bateau pirate. Les canons du vaisseau tonnent, et les citoyens assiégés ripostent avec leurs fusils, mais doivent capituler. Le maire est capturé, la ville conquise et pillée, et les prisonnières vendues aux enchères pendant que les bandits vident les barriques de rhum. Mais une juste punition les attend : ivres-morts, ils mettent involontairement le feu à la ville. Les flammes les cernent, comme un avant-goût de l'enfer qui les attend. Mais tout cela est décrit avec humour : les pirates complètement saouls se battent à coup de pistolets pour s’amuser, juchés sur des barils de poudre à canon. Une terrible explosion retentit derrière le bateau des visiteurs, et les ramène alors au présent…

Quand l’attraction est révélée à Disneyland en 1967, elle remporte un immense succès, et booste les entrées du parc, ouvrant la voie à des attractions de plus en plus ambitieuses, avec des personnages audio-animatroniques qui vont être constamment améliorés.

Une version plus perfectionnée de l'attraction est présentée en 1992 à Disneyland Paris. On y découvre alors un duel à l'épée entre deux pirates (une prouesse technique) et une version différente de l'histoire : les squelettes des pirates apparaissent à la fin du récit, après l'incendie de la ville, pour illustrer le retour des spectateurs au présent.

Soucieux de mettre toutes les chances de leur côté pendant la préparation du film, le producteur Jerry Bruckheimer (ARMAGEDDON) et le réalisateur Gore Verbinski (LA SOURIS, LE MEXICAIN, RING) ont choisi de ne pas changer les principaux ingrédients de l’attraction en la transposant au cinéma. Dans LES PIRATES DES CARAÏBES, LA MALÉDICTION DU BLACK PEARL , on suit les aventures du truculent capitaine Jack Sparrow (l’interprétation insolite de Johnny Depp, qui inquiéta Disney au début, contribue largement à l’originalité du film). Sparrow doit affronter à la fois la marine anglaise, sa tête étant mise à prix, et les pirates morts-vivants menés par le capitaine Blackheart (Geoffrey Rush). Ces canailles n'ont que l'apparence d'êtres humains : la lumière du clair de lune révèle leurs corps décharnés, presque réduits à l'état de squelettes. Une malédiction s'est abattue sur Blackheart et son équipage lorsqu’ils ont dérobé un trésor Aztèque. Il leur faut retrouver jusqu'à la dernière de ces pièces d'or pour y échapper et redevenir de simples mortels. Des combats spectaculaires, des décors impressionnants et des squelettes en images de synthèse superbement animés par les équipes du studio ILM, voilà les atouts qui ont ravi à la fois les fans de l'attraction, et un très large public. En dépit de son budget considérable de 140 millions de dollars, le film touche le jackpot en récoltant 654,3 millions de dollars de recettes dans le monde entier. La malédiction qui s’était abattue sur les transpositions d’attractions en films est enfin dissipée. Grâce à ce premier succès, la saga PIRATES DES CARAÏBES a connu quatre suites, totalisant 4,5 milliards de recettes au boxoffice Mondial. C’est la plus grande réussite du studio de Mickey dans le domaine de l’adaptation des trésors de Disneyland.

LE MANOIR HANTÉ ET LES 999 FANTÔMES : PREMIER ESSAI EN 2003

On l’a oublié en raison du triomphe des PIRATES DES CARAÏBES, mais la même année le réalisateur Rob Minkoff (LE ROI LION, STUART LITTLE) avait signé une transposition de l’attraction THE HAUNTED MANSION, autre pépite de Disneyland, rebaptisée PHANTOM MANOR dans la version thématisée western présentée en France depuis 1992.

Avant d’évoquer ce film qui n’a pas laissé un grand souvenir, rappelons que l’attraction originale avait été développée pendant plus de douze ans par de formidables imagineers : les designers Rolly Crump et Marc Davis, le chef décorateur Claude Coats et le spécialiste des illusions « live » Yale Gracey, avec les encouragements de Walt Disney.

Le grand Walt était convaincu que le public familial aimerait s’amuser à avoir peur dans son parc. Le mélange d’humour noir et de thèmes horrifiques était populaire depuis longtemps, comme en attestait le succès remporté par les dessins de Charles « Chas » Addams publiés dans de nombreux journaux, puis transposés en 1964 à la télévision dans la sitcom THE ADDAMS FAMILY. Walt voulait donc doter Disneyland d’une expérience qui permette de frissonner, mais de manière drôle et stylisée, sans tomber dans des effets gore ou sanglants qui pourraient traumatiser les jeunes enfants.

Le projet débute sous le titre de THE MUSEUM OF THE WEIRD (le musée de l’étrange), série de décors remplis d’objets bizarres et effrayants que l’on découvrirait en visitant différentes salles. Mais au bout de plusieurs années de développement, il devient évident que ce concept est trop limité, tout comme celui de la galerie de mannequins de cire initialement prévue pour LES PIRATES DES CARAÏBES.

Une fois encore, les superbes dessins préparatoires de Marc Davis vont inciter Walt à investir un gros budget dans un nouveau développement technique. Le petit projet devient une superproduction qui va nécessiter la construction d’un énorme bâtiment, qu’il va falloir cacher derrière le manoir qui n’abritera en réalité que la file d’attente. Non seulement les fantômes seront des personnages audio-animatroniques, mais les visiteurs découvriront les scènes assis dans de nouveaux types de wagonnets.

Ils sont baptisés “Omnimover” parce qu’ils se tournent automatiquement dans la direction des différentes scènes, comme une camera qui cadrerait l’action, afin de guider les regards des spectateurs. L’attraction est inaugurée en 1969, trois ans après la mort de Walt. La visite du manoir hanté permet de croiser 999 fantômes représentés grâce à des trucages « live » très astucieux et de nombreux animatroniques (les explications détaillées de ces dispositifs et les interviews de plusieurs imagineers figurent dans le chapitre de 125 pages dédié aux attractions des parcs à thème de mon livre EFFETS SPÉCIAUX, 2 SIÈCLES D’HISTOIRES, paru aux éditions Bragelonne).

Plusieurs scènes de THE HAUNTED MANSION sont devenues iconiques : la tête de la médium Madame Léota incrustée dans une boule de cristal, la grande salle de bal dans laquelle les spectres dansent et festoient en apparaissant et disparaîssant, le cimetière où les fantômes quittent leurs tombes pour s’amuser, sans oublier les esprits auto-stoppeurs qui s’invitent dans les wagonnets des visiteurs.

Dans le film de 2003, Eddie Murphy incarne Jim Evers, un agent immobilier obsédé par son travail. Il reçoit un appel téléphonique d’un certain Edward Gracey, qui veut lui confier la vente de sa propriété, un superbe manoir situé dans un bayou. Flairant une bonne affaire, Evers s’y rend immédiatment en compagnie de sa femme et de leurs deux enfants. Arrivés sur place, ils ont rapidement des contacts mouvementés avec l'au-delà. Evers est contraint d’établir de nouvelles priorités dans sa vie et de trouver les moyens de protéger son épouse et ses enfants, ce qui va renforcer leurs liens... L’un des meilleurs atouts de cette adaptation au script paresseux est le travail du génial maquilleur Rick Baker - sept fois oscarisé ! - sur les spectres. Mais pour le reste…Les scénaristes ont-ils cru qu’Eddie Murphy possédait le pouvoir surnaturel de rendre irrésistibles des répliques banales ? En dépit de son talent comique, le comédien aurait eu besoin de meilleurs dialogues et de gags surprenants pour pouvoir briller…Le flop du film n’a donc pas été une surprise. Autant dire que tout restait à faire pour adapter dignement cette attraction culte au cinema !

À LA POURSUITE DE DEMAIN, UN CONTE DE SCIENCE-FICTION QUI MÉRITE D’ÊTRE REDÉCOUVERT

« Pourquoi le futur nous angoisse-t-il aujourd’hui alors qu’il semblait si radieux dans les années 50 et 60 ? » Cette question a inspiré au scénariste Damon Lindeloff (PROMETHEUS, WORLD WAR Z) et au réalisateur Brad Bird (LES INDESTRUCTIBLES, MISSION IMPOSSIBLE : PROTOCOLE FANTÔME) le thème majeur de À LA POURSUITE DE DEMAIN, quête initiatique de la cité secrète de Tomorrowland. Son nom (le titre original du film) est aussi celui de l’aire de Disneyland où Walt Disney entraîne dès 1955 les visiteurs dans l’avenir par le biais d’attractions comme ROCKET TO THE MOON, voyage en fusée jusqu’à une base lunaire.

En 1963, il va plus loin et imagine E.P.C.O.T. (Experimental Prototype Community Of Tomorrow / prototype de communauté expérimentale de demain) une ville futuriste habitée par une vraie population, qui intègre les idées d’urbanisme et les technologies les plus avancées. E.P.C.O.T. est circulaire pour raccourcir les déplacements d’un point à un autre. Les lieux d’éducation et de travail, les commerces et les infrastructures médicales sont situés en son centre tandis que le pourtour verdoyant est réservé aux habitations. La circulation des automobiles se fait en sous-sol et des monorails propres assurent les transports en surface.

Hélas, Walt Disney meurt en 1966, et ses successeurs préfèrent transposer son projet de cité utopique extrêmement complexe en parc à thème dédié au futur et aux cultures du monde.

Pour le scénariste Damon Lindeloff, le déclic narratif a été la découverte dans les studios Disney d’une boîte contenant des notes et maquettes datant de la création de l’aire de TOMORROWLAND : « J’ai imaginé que ces documents révélaient qu’une cité du futur avait bel et bien été construite quelque part dans le monde réel ». C’est ainsi qu’il a imagine l’aventure d’un inventeur désabusé (George Clooney) et d’une adolescente douée d’une grande curiosité scientifique (Britt Robertson) qui vont rechercher puis défendre au péril de leurs vies cette mystérieuse ville futuriste située au-delà de l’espace et du temps. Mais encore fallait-il arriver à la représenter de belle manière…

LA NOSTALGIE DU FUTUR, DU RÊVE DE WALT DISNEY AU FILM DE BRAD BIRD

C’est le défi qu’à relevé Scott Chambliss, après avoir signé les décors des deux premiers STAR TREK de J.J. Abrams : «Tout ce que l’on voit dans la cité est lié à des vérités scientifiques historiques » nous a confié le chef décorateur. « C’est un concentré des idées des grands esprits de la fin du 19ème et du 20ème siècle qui auraient pu exister si les bonnes volontés avaient eu le dernier mot quand les occasions se sont présentées. Je suis parti d’éléments réels de la vie quotidienne pour concevoir ces environnements futuristes, afin que les spectateurs puissent identifier leurs fonctions en un coup d’œil. Nous avons intégré aussi de nouvelles technologies, comme ce mode de construction de gratte-ciels qui permettra bientôt de réaliser des structures plus hautes et plus audacieuses. Parmi mes références visuelles, je peux vous dire qu’un moulin à poivre géant a inspiré la forme du train que l’on voit voler au-dessus de la ville, et que les armes des méchants ressemblent à une machine à découper le fromage que l’on m’a offerte ! » Scott Chambliss s’est amusé aussi en transformant la tour Eiffel, le symbole de Paris, en rampe de lancement d’une fusée conçue par Gustave Eiffel !

Sorti en 2015, À LA POURSUITE DE DEMAIN n’a malheureusement pas connu un grand succès. Il s’agit pourtant d’une jolie fable rétro-futuriste, injustement oubliée aujourd’hui, que nous vous conseillons de voir.

JUNGLE CRUISE, UNE BELLE RÉUSSITE

Fidèle lecteur du magazine National Geographic, Walt Disney a toujours aimé les récits d’explorateurs et les reportages consacrés à la faune et la flore des jungles tropicales. Il a adoré le film de John Huston AFRICAN QUEEN, sorti en 1951, dans lequel Humphrey Bogart accueille sur son bateau à vapeur une vieille fille pudibonde campée par Katharine Hepburn.

Lorsqu’il développe le projet de Disneyland, Disney sollicite Marc Davis pour imaginer les péripéties d’une croisière exotique que les visiteurs feront sur une flotte de petits bateaux ressemblant beaucoup à celui d’AFRICAN QUEEN. Au départ, Walt envisage de présenter de vrais animaux, comme dans un mini-zoo, mais rien ne garantit que les bêtes resteront le long des berges, même en développant des installations hors de prix…Qu’a cela ne tienne : les experts en trucages du studio prennent le relais, et la faune de JUNGLE CRUISE est constituée d’automates animés de manière cyclique par des moteurs électriques ou des actionneurs pneumatiques, comme les hippopotames en résine et fibres de verre qui surgissent de l’eau et s’immergent quelques secondes plus tard. Les petites saynètes imaginées par Davis mélangent avec bonheur des animaux tantôt représentés de manière réaliste pour effrayer – les lions, crocodiles et autres pythons – tantôt caricaturés pour amuser le public.

Le 17 juillet 1955, l’inauguration de Disneyland est diffusée en direct sur ABC, mais les incidents se multiplient en coulisses. Les talons aiguilles des femmes s’enfoncent dans le goudron frais et les attractions tombent en panne. Plusieurs journaux crient au fiasco, mais trois semaines plus tard les résultats tombent : Disneyland est un succès. Walt Disney imagine alors de nouvelles attractions et perfectionne celles qui existent déjà. Il se glisse incognito parmi les visiteurs de JUNGLE CRUISE pour voir comment l’animateur qui pilote le bateau interprète son texte. Ceux qui marmonnent ou qui sabrent des plaisanteries pour finir plus vite se font sermonner par Walt en personne. On imagine leur sidération, pris en flagrant délit par Disney lui-même... Au fil des ans, les animations des personnages sont perfectionnées grâce à la technique de l’audio-animatronique initiée dès 1963. JUNGLE CRUISE devient une attraction culte, répliquée à Walt Disney World en Floride, Tokyo Disneyland, et Hong Kong Disneyland et vue par des centaines de millions de visiteurs dans le monde. Hélas, elle ne jettera jamais l’ancre à Disneyland Paris, car notre climat est bien trop rude en hiver pour permettre l’installation d’une faune animatronique dans des décors extérieurs !

PROCHAINE ESCALE : HOLLYWOOD

En 2015, À LA POURSUITE DE DEMAIN, de Brad Bird, bel hommage au futur optimiste de Tomorrowland, est mal accueilli au boxoffice. Après ces résultats mitigés, Sean Bailey, le responsable des longs métrages Disney en prises de vues réelles, prend son temps pour développer une adaptation de JUNGLE CRUISE qui tienne la route.

L’histoire imaginée par Glenn Ficarra, John Requa et Michael Green, puis le scénario finalisé par Requa & Green réussissent à convaincre deux stars, Dwayne « The Rock » Johnson et Emily Blunt, qui a épaté les dirigeants de Disney en reprenant le rôle de Mary Poppins avec un indéniable panache.

Dans cette aventure, Dwayne Johnson incarne le capitaine Frank Wolff, engagé par le Docteur Lily Houghton ( Emily Blunt) pour partir avec son bateau à la recherche d’un arbre légendaire guérissant toutes les maladies. Si le capitaine gagne habituellement sa vie en grugeant les touristes naïfs - il fait surgir de fausses bêtes à côté de son navire lors de mini-croisières, clin d’oeil savoureux aux animatroniques de l’attraction - de vrais dangers vont surgir en voguant sur l’Amazone : une tribu de chasseurs de têtes, un sorcier diabolique et une terrible créature composée de lianes…

Aux commandes de ce périple exotique, le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra (les films d’horreur LA MAISON DE CIRE, ESTHER, et les thrillers NON STOP et THE PASSENGER) manie avec un égal talent les scènes d’action et les situations surnaturelles. Grâce au travail livré par toute l’équipe, JUNGLE CRUISE a vogué sans peine jusqu’aux sommets du boxoffice en 2021, malgré un long retard de sortie dû à la pandémie.

LE MANOIR HANTÉ 2023 : un reboot plein d’esprits !

Pour réaliser le reboot 2023 du MANOIR HANTÉ, les producteurs ont fait appel au scénariste et réalisateur Justin Simien, connu pour son écriture drôle et tranchante et sa créativité visuelle. On a pu les apprécier dans son film BAD HAIR et dans la série DEAR WHITE PEOPLE. Cerise sur le gâteau, Justin Simien est un vrai fan de l’attraction de Disneyland depuis son enfance.

LE PITCH DU FILM

Gabbie – médecin new-yorkaise désormais veuve - et Travis, son fils de 9 ans plutôt asocial, espèrent entamer une nouvelle vie en déménageant à la Nouvelle-Orléans, où la grand-mère du jeune garçon a vécu jadis. Tous deux emménagent dans le manoir Gracey, acheté à un prix imbattable, et situé dans un bayou à l'extérieur de la ville.

Gabbie et son fils ne tardent pas à comprendre pourquoi il a été bradé ainsi : la vieille demeure est déjà habitée par d’innombrables esprits, certains farceurs, d'autres « mortellement » ennuyeux !

Cherchant désespérément de l'aide, Gabbie contacte le père Kent - un prêtre spécialisé dans les exorcismes - qui à son tour fait appel à divers "experts" pour débarrasser le manoir Gracey de ses hôtes indésirables : Ben, un ex-astrophysicien qui pleure la mort de sa femme et organise des visites guidées de la ville ; Harriet, une médium du quartier français qui effectue des séances de spiritisme au bord du charlatanisme lors de Bar Mitzvahs ; et Bruce Davis, un professeur de l'Université de Tulane, expert dans l’histoire des fantômes qui ont hanté la Nouvelle-Orléans.

Chacun accepte de se rendre dans cette demeure pour des raisons différentes, mais tous ignorent en revanche que quiconque en franchit le seuil ne peut en sortir sans que l'un de ses occupants fantômes soit à jamais lié à lui. En découvrant peu à peu l'étrange histoire du manoir et la gravité de la situation, Gabbie, Travis, le père Kent, Ben, Harriett et Bruce Davis réalisent qu'ils ne pourront sortir de cette mauvaise passe qu’en trouvant le moyen de travailler efficacement en équipe. Affrontant courageusement leurs peurs et leurs propres démons intérieurs, ils n’ont plus désormais qu’un seul but : surmonter cette situation, et bannir définitivement les fantômes du manoir et de leurs vies !

La suite de notre dossier dédié au MANOIR HANTÉ se matérialisera bientôt sur ESI ! Bookmark and Share


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