INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE : Dans les coulisses de la dernière aventure d’Indy – 4ème partie
Article Cinéma du Lundi 10 Juillet 2023

Brut est aussi le terme employé par la costumière Joanna Johnston pour décrire les instructions qu'elle a reçues de James Mangold concernant la façon dont elle devait aborder la garde-robe des personnages : « Jim voulait que les costumes reflètent un réalisme brut. C'était une époque moins glamour. Comme nous sommes à la fin des années 60, il n’était pas question de stylisation. » Joanna Johnston a également voulu honorer l'héritage de son ancien mentor, le vénéré costumier Anthony Powell. Elle a travaillé sous la direction du triple lauréat de l’Oscar (VOYAGES AVEC MA TANTE, TESS, MORT SUR LE NIL) sur INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT et a conçu avec lui les costumes d’INDIANA JONES ET LA DERNIÈRE CROISADE.

La créatrice de costumes a respecté à la lettre la garde-robe d'Indy, impossible à envisager sans les fameux fedora et blouson de cuir. Quand Harrison Ford est arrivé pour essayer l'ancien costume, il a constaté qu'il pouvait se glisser à nouveau dans les vêtements iconiques de son personnage. « C'est une histoire courte », s’amuse l’acteur. « Ils m'allaient bien. » Frank Marshall renchérit : « C'était incroyable. Nous étions là, debout, et tout à coup, Indy était devant nous. »

Joanna Johnston a également créé des tenues pour les autres personnages principaux, notamment pour la rusée Helena (Phoebe Waller-Bridge) et le discret mais diabolique Voller (Mads Mikkelsen). Pour la première, la costumière a créé des looks pratiques, principalement des vestes et des pantalons, avec une petite touche d'élégance supplémentaire. Lorsqu'Helena est en mode action, elle porte des chemises masculines amples, des pantalons de type jodhpur et des bottes.

« C'était mon costume préféré : je pourrais presque le porter tout le temps », s’exclame Phoebe Waller-Bridge. « Helena a de nombreuses facettes et c’était là un vrai défi. La réussite du travail de Joanna, c’est qu’elle arrive à faire ressentir le personnage par ce qu’elle arbore. Ça transparait dans ses vêtements. »

Pour Voller, Mads Mikkelsen explique que Joanna Johnston et lui ont sciemment évité tout ce qui pouvait paraître trop voyant : « Nous ne voulions pas qu'il se fasse remarquer. Il n'est pas là par vanité. Mais comme Indiana Jones, c'est un homme de son temps. Alors quand on le voit dans les années 60, son look évoque celui qu’il arborait les années 40. »

Au Maroc, les extérieurs ont été tournés dans la ville de Fès, tandis que les somptueux intérieurs de l'hôtel L'Atlantique - où Helena se rend pour vendre aux enchères son butin mal acquis - ont été construits à Pinewood. Sachant que l'hôtel serait le théâtre d'une grande bagarre décousue, le chef décorateur Adam Stockhausen a conçu l'espace pour accueillir cette action ambitieuse, précisant : « Nous nous sommes référés à la séquence de la boîte de nuit qui fait l’ouverture d’INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT et qui était d'une grande beauté ».

La bagarre dans l'hôtel a offert à Harrison Ford un moment classique à la Indy, où seules la rapidité d'esprit et la chance lui permettent de sauver sa peau. James Mangold analyse : « Harrison peut jouer avec les attentes que l'on a d'un héros d'action et les ébranler, en déjouant les stéréotypes machistes. En tant qu'acteur, il prend plus de plaisir à échouer qu'à réussir. »

L’équipe du film voulait que le plus grand nombre possible de cascades soit exécuté pour de vrai et que les exploits ne soient pas trop exagérés. Cette approche s'applique même à la course-poursuite en tuk tuk, où les véhicules - essentiellement de minuscules rickshaws motorisés - foncent dans les rues sinueuses, talonnés par des motos.

Une douzaine de tuk tuks ont été utilisés pour la séquence, qui culmine avec Indy et ses compagnons dégringolant d’escaliers abrupts, leur véhicule s'immobilisant miraculeusement. Ses occupants sont secoués mais toujours en vie. Harrison Ford déclare : « Je trouve important de maintenir l’action à échelle humaine. La surenchère a des limites. Lorsqu'on parvient à s'en tenir à la réalité physique avec quelques embellissements, les scènes paraissent au public plus vraies et plus viscérales. »

La Sicile sert de cadre à la Grèce, où Indiana et Helena retrouvent Renaldo - le vieil ami d'Indy - et entreprennent une dangereuse plongée dans de vastes cavernes en suivant la trace d'Archimède. « Je me suis interrogé sur le genre de configuration que je n’avais encore jamais vu dans un film d'Indiana Jones. » se remémore James Mangold. « Une chasse au trésor se déroulant sous l'eau, dans une épave, restait quelque chose d’inédit. Comme dans une grotte, on peut y trouver des catacombes sous-marines, des trésors, des pièges mais aussi des animaux peu amènes. ».

Mais ce qui a le plus enthousiasmé le cinéaste, c’est de voir la joie d’Harrison Ford : « Il est la définition même d'une star de cinéma. Il connaît la caméra, le timing, il sait comment fonctionnent les coupes. C'est l'un de ses vrais points positifs, au-delà de son charme incroyable et de son instinct. C'est un grand acteur, mais il comprend aussi ce qu'est un film et comment en faire un. »

Et Harrison Ford de conclure : « Les gens avec qui j'ai travaillé sur le film vont me manquer - tout le monde chez Lucasfilm, chez Disney, Jim Mangold et les acteurs. Mais Indy ne va pas me manquer parce qu'il a rempli sa mission et je suis vraiment heureux d'avoir vu l’aventure arriver à son terme. Je me suis senti bien. Nous avions fait le film que le public méritait. Pour ceux qui ont été fans des premiers films, qui ont aimé les voir, qui les ont partagés avec leur famille, je suis sûr que nous allons leur en mettre plein la vue avec celui-ci. »

UN FINAL EN FANFARE, SIGNÉ JOHN WILLIAMS

John Williams a mis à nouveau son génie au service de la saga Indiana Jones. Il signe la partition d’INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE, comme il l'a fait pour tous les épisodes de la saga depuis LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE. Selon le producteur Frank Marshall : « John Williams est celui qui pose la cerise au sommet du gâteau grâce à sa musique. Les thèmes qu'il a écrits pour ces films sont si reconnaissables et identifiables qu’ils en sont incroyables. »

James Mangold ajoute : « John Williams est une légende. Il a grandi à l'âge d'or des bandes originales. Il a joué dans les orchestres de Franz Waxman. Il était musicien de jazz à 20 ans et a dirigé le Boston Pops. Il s’est produit dans le monde entier en tant que chef d’orchestre. Il est l'un de mes véritables héros artistiques dans le domaine du cinéma et il a eu un impact profond et inspirant sur de nombreuses carrières et de nombreux films. »

John Williams, 5 fois couronné aux Oscars et 53 fois nommé, était enthousiaste à l'idée d'écrire une musique qui non seulement amplifierait la dernière aventure d'Indy, mais soulignerait également les moments émotionnels les plus bouleversants et les plus marquants, notamment ceux qui se situent à la toute fin du film. Le compositeur confie : « J'ai essayé d'apporter un aspect nostalgique à cette partition. Indiana Jones est merveilleux parce qu’Harrison Ford a cette capacité à jouer les scènes les plus dramatiques avec un côté pince-sans-rire ou un clin d'œil. Il maîtrise les dialogues d'action et de comédie comme personne. »

John Williams avait d'abord accepté de n'écrire que quelques thèmes pour le nouveau film. Il a cependant fini par composer l'intégralité de la partition. Dans ce matériel inédit, le thème pour Helena se distingue par la contribution de la violoniste soliste Anne-Sophie Mutter. Il raconte : « James Mangold m'a demandé d'écrire un thème pour Helena évoquant une femme des années 30 ou 40. Elle est aventureuse, a des amants ici et là, et dans tout ce qu’elle fait, elle est d’une beauté ravageuse. »

James Mangold souligne l'approche traditionnelle exceptionnelle de John Williams dans son travail artistique : « John crée des thèmes mélodiques pour les personnages. Il couche les notes avec un crayon sur du papier à musique. Aujourd'hui, de nombreux compositeurs ont accès au film sur vidéo. Ils utilisent un synthétiseur que le système MIDI transforme en notes. Ils confient ensuite le tout à un arrangeur qui en fait un morceau en version orchestrale. Tout cela sonne très bien, mais sa méthode sonne encore mieux. » Bookmark and Share


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