INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE : Dans les coulisses de la dernière aventure d’Indy – 3ème partie
Article Cinéma du Mercredi 05 Juillet 2023

Helena a son propre associé serviable en la personne de Teddy, interprété par Ethann Isidore, un jeune acteur français de 16 ans qui fait ses débuts au cinéma. Il avait 14 ans au moment du tournage et décrit son personnage comme « débrouillard et plutôt cool. Il sait comment agir et comment se comporter dans chaque situation. Il pense qu'il est un adulte et qu'il est le meilleur gars du monde, ce qui est vrai. Au début, il n'aime pas Indiana Jones parce qu’il voit en lui un rival en tant que meilleur ami d'Helena. Je pense que Teddy a le béguin pour elle ! »

Le père d'Helena, Basil Shaw, qui apparaît dans la séquence d'ouverture du film, est interprété par l'acteur britannique Toby Jones (la saga HUNGER GAMES, CAPTAIN AMERICA : FIRST AVENGER, JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM). Bien que le personnage n'ait jamais été représenté à l'écran, Basil est un archéologue et un universitaire qui a enseigné à Oxford. Il est également l'un des amis les plus anciens et les plus chers d'Indy. Tous deux ont été "partenaires dans le crime" pendant des décennies. Toby Jones confie : « Il y a une véritable affection entre eux. Ils partagent évidemment une fascination pour le passé, mais l'émotion palpable dans mes scènes montre à quel point il s'inquiète pour moi. »

Cette préoccupation n’est cependant pas suffisante pour protéger Basil Shaw du colonel Weber (Thomas Kretschmann), l'homme qui a supervisé l'opération d'Hitler visant à piller les œuvres d'art et les artefacts des territoires occupés par les nazis et à les expédier en Allemagne. Bien qu'il incarne un personnage redoutable, l'acteur originaire d'Allemagne de l'Est (KING KONG, LE PIANISTE) s'est trouvé un peu effrayé quand il a tourné ses premières scènes face à Harrison Ford : « Harrison a la même corpulence et la même taille que moi. Il était assis en face de moi et je me sentais comme un enfant dans mon uniforme nazi. J’étais presque intimidé, même s’il n'avait rien fait pour. Sa présence était impressionnante. »

Olivier Richters (BLACK WIDOW, THE KING’S MAN) dans le rôle de Hauke, l'homme de main de Voller, et Shaunette Renée Wilson (BLACK PANTHER) dans le rôle de Mason, l’agent de la CIA qui traque Indy, complètent les rôles principaux.

LES COULISSES DU TOURNAGE

INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE a été tourné en extérieurs au Maroc, en Sicile, en Écosse et en Angleterre, ainsi que dans les studios de Pinewood, dans la banlieue de Londres pour les scènes intérieures. Pour les besoins du film, James Mangold a recruté une équipe chevronnée, dont le chef décorateur Adam Stockhausen, le directeur de la photographie Phedon Papamichael, la créatrice de costumes Joanna Johnston, le superviseur des effets spéciaux SFX Alistair Williams et le superviseur des effets visuels VFX Andrew Whitehurst.

Ensemble, ils ont travaillé sur les images du film et ses incroyables séquences d'action, dont plusieurs morceaux de bravoure tels la scène du train en 1944, la poursuite à cheval à travers une parade de rue qui se prolonge dans le métro de New York, une autre poursuite frénétique en tuk tuk dans les rues de Tanger, une plongée sous-marine sous haute tension en Grèce sans compter le climax spectaculaire du film.

Pour rester fidèle à l'esprit des films d’Indiana Jones, la production a visité l'Afrique du Nord, la Sicile et différents sites du Royaume-Uni pour capturer les paysages spectaculaires qui servent de toile de fond à cette nouvelle aventure. Harrison Ford affirme : « C'est un point essentiel. Le public veut être transporté dans différents endroits du monde, les ressentir, les humer... C'est pourquoi nous voulons autant que possible des décors physiques, des sites offrant une culture, afin d’offrir une sensation différente. »

Le chef décorateur Adam Stockhausen, partenaire de longue date de Wes Anderson et de Steven Spielberg, partage cet avis : « C’est ce qui rend ces films si singuliers. Etre physiquement dans un lieu et faire semblant d'y être, cela n’a rien à voir. On bénéficie de l'authenticité du monde réel, sans oublier les surprises liées à chaque courbe, chaque virage qu’on n’aurait jamais pu envisager de construire sur un plateau. »

Néanmoins, le chef décorateur a fait en sorte que la splendeur visuelle des lieux réels corresponde aux décors immenses et richement détaillés qu'il a construits à Pinewood. La séquence d'ouverture explosive est un excellent exemple de la manière dont le film a intelligemment marié des lieux impressionnants - notamment le château de Bamburgh en Angleterre et la gare de North Yorkshire Moors - avec les conceptions pleines d’imagination d’Adam Stockhausen. Dans ce décor nocturne, le jeune Indy tente de sauver son ami Basil Shaw des griffes des nazis à bord d'un train en marche. « Je voulais donner d’emblée au public ce qu'il attendait pour qu’il puisse vivre l'expérience classique d'un Indiana Jones », explique James Mangold.

Adam Stockhausen a effectué des recherches approfondies sur les trains de l'époque et s'est inspiré de photographies d'archives pour les différentes voitures. Le wagon des communications du commandant comporte des panneaux en noyer et des équipements haut de gamme, tous inspirés du train d'Hitler pendant la guerre, le Führersonderzug. Celui qui contient le trésor est un wagon de marchandises en bois dont les fenêtres et les portes ont été renforcées. On y trouve une réserve d'objets rares parmi lesquels des copies de certaines œuvres d'art et d'antiquités bien réelles qui furent pillées par les nazis.

Parmi ces trésors figurent la reconstitution de la lance de Longinus - également appelée Sainte Lance - l'arme qui aurait transpercé le flanc de Jésus crucifié au Golgotha, et celle des régalia impériales du Saint Empire romain, volées en 1938 et cachées dans les tunnels sous le château de Nuremberg où elles ont été retrouvées après la Seconde Guerre mondiale.

LE RAJEUNISSEMENT D’UN HÉROS

Bien entendu, l'un des aspects les plus délicats de cette séquence extrêmement complexe consistait à rajeunir Harrison Ford, alors âgé de 79 ans, pour donner l'impression qu'il en a 37. Andrew Whitehurst, superviseur des effets visuels chez Industrial Light & Magic (ILM), a rejoint l’équipe du film au début de la préproduction pour les aider à concevoir tous les effets du film. Son objectif était d'apporter ce qui était nécessaire pour servir l'histoire sans attirer indûment l'attention sur les éléments en images de synthèse, lesquels incluaient des environnements numériques entiers, de multiples extensions de décors en dur, des animations de créatures complexes et des simulations de phénomènes météorologiques naturels.

Ce retour dans le passé d'Indiana Jones a sans doute été la tâche la plus ardue pour le département des effets visuels. Si le résultat final n'était pas crédible, l'ouverture entière tombait à plat. Heureusement, l'effet était parfait de naturel. Pour ce faire, ILM a associé plusieurs techniques exclusives comprenant une technologie de pointe d’échange de visage (ILM Face Swap), qui exploite toutes les nuances de jeu d'un acteur. En combinant les compétences artistiques et des outils d'apprentissage automatique, pilotés par l'artiste, les performances faciales exécutées par Harrison Ford sur le plateau ont pu être transposées sur une version numérique du visage de la star.

Les artistes d'ILM ont eu accès aux vastes archives de Lucasfilm contenant les séquences d’Harrison Ford dans les précédents films d'Indiana Jones. En utilisant la nouvelle technologie et le catalogue d'images, ils ont créé un Indiana Jones jeune, convaincant. James Mangold se souvient : « ILM a créé un système grâce auquel, deux jours après avoir mis en boîte la séquence d'ouverture, j'avais déjà le jeune Harrison dans ma salle de montage. Le résultat était impressionnant tant on ressentait les expressions, l'intensité, la passion du personnage. »

Après le prologue, le film fait un saut dans le temps jusqu'en août 1969 où près de 4 millions de personnes ont défilé dans les rues de Manhattan pour fêter les astronautes de la NASA Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Mike Collins, et célébrer le succès de la mission Apollo 11 sur la lune. La mise en scène du défilé et de la course-poursuite qui s'ensuit a constitué un énorme défi, nécessitant une préparation considérable sur le terrain à Glasgow, en Écosse, qui préfigurait Manhattan. « Nous avions besoin d'un lieu de tournage pour la séquence de la poursuite et du défilé à travers Midtown East et vers Hunter College. Et l'échelle des bâtiments de Glasgow s’est avérée idéale », explique Adam Stockhausen.

Le chef décorateur s'est inspiré de séquences et de photos d'époque, en particulier des images de l'Amérique des années 1970 du photographe Stephen Shore, pour savoir comment habiller les rues et quels véhicules inclure dans la parade. Il indique : « Nous avons vu des choses très amusantes dans ces documents et nous avons fini par les inclure dans la scène. Par exemple, un break avec la porte arrière baissée et une équipe de tournage en train de filmer. Ce genre de détail est très amusant à saisir parce qu'il est très spécifique, très authentique. Il correspond à la réalité. Nous avons ajouté quelques éléments de notre cru, comme des chars de parade et des pièces qui ne figuraient pas dans l'original, mais le squelette de la scène s’inspire de la parade elle-même. »

Le superviseur des véhicules d'action Alex King tenait à inclure la Chrysler Imperial Parade Phaeton de 1952 qui a transporté les astronautes lors de la parade sur Broadway. Mais cette voiture n'a été fabriquée qu'en trois exemplaires. King a donc été contraint de se procurer une Chrysler similaire, d'en retirer le toit et de la peindre en noir.

L'équipe a passé trois semaines à habiller l'artère principale de Glasgow (St. Vincent Street) avant de la fermer au public pendant sept jours, le temps du tournage. Adam Stockhausen constate : « On ne peut pas pénétrer dans un centre-ville et l'occuper pendant trois mois. On devait effectuer le travail dans le laps de temps le plus court possible puis partir et laisser les gens retourner à leur vie. Il y avait donc une intensité incroyable pour tout le monde. Il fallait se dépêcher pour exécuter tout le travail d'habillage, installer les panneaux de signalisation, poser les banderoles. C’était le branle-bas de combat. »

Heureusement, la météo était au beau fixe. Les journées de tournage qui ont mobilisé jusqu'à 1000 acteurs en arrière-plan pour les participants à la parade et les manifestants contre la guerre du Vietnam ont été baignées de ciel bleu et de soleil. Une aubaine pour le directeur de la photographie Phedon Papamichael, qui estimait que la séquence devait être colorée et vibrante pour contraster avec le prologue de 1944. La variation dans la palette de couleurs indique à quel point le monde a changé autour d'Indy.

Le directeur de la photographie confie : « Quoi que tout ait été tourné à Glasgow, on avait l'impression d'être à New York à la fin des années 60, notamment par l’ampleur des décors, les couleurs, les hippies, les joueurs de cornemuse, le big band, les pom-pom girls, les voitures et les policiers à cheval. Le contraste ne pouvait pas être plus grand avec la séquence précédente. On passe de la nuit et des nazis à un bouquet de couleurs et de tonalités inédites. C'est un excellent outil visuel pour une transition dans le temps. »

Phedron Papamichael a collaboré avec James Mangold sur six films, dont LE MANS 66 et WALK THE LINE. Le cinéma est clairement dans son ADN puisque son père était éclairagiste sur la comédie musicale CHANTONS SOUS LA PLUIE et son grand-père, accessoiriste sur AFRICAN QUEEN de John Huston. James Mangold et Phedron Papamichael ont tenu à rendre hommage, dans les moments les plus grandioses comme dans les scènes les plus émouvantes du film, au chef opérateur britannique Douglas Slocombe, qui a travaillé sur les trois premiers Indiana Jones. Selon Phedron Papamichael : « Ce film présente un très large éventail visuel et c’est ce qui me fascine en tant que directeur de la photographie, Nous découvrons des environnements visuels très différents - du Maroc à la Sicile en passant par les fonds marins. Cela nous permet d'obtenir des éclairages variés et des palettes de couleurs spécifiques. »

La séquence de la parade en elle-même a nécessité plusieurs approches. Au fur et à mesure que la poursuite progresse, Indy se retrouve à cheval dans les tunnels du métro de Manhattan, à la poursuite d'un train. Pour ces scènes, Adam Stockhausen a créé une réplique grandeur nature d'une station de métro sur le plateau 007 de Pinewood, le plus grand plateau sonorisé au monde, avec des peintures et des carrelages vieillis pour rendre le décor aussi authentique que possible.

Pour cette partie de la séquence, Phedron Papamichael a développé une approche qu’il qualifie plus « brute » de l'éclairage : « On est plus dans une approche théâtrale que cinématographique. Tout a été un peu atténué, avec une touche de TAXI DRIVER et de CONVERSATION SECRÈTE ».

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