LIGHT + MAGIC, un fabuleux voyage dans les coulisses d’ILM – 2ème partie
Article 100% SFX du Dimanche 26 Fevrier 2023

Un regard neuf sur 50 ans de magie

Ron Howard revient sur la raison pour laquelle Lawrence Kasdan était le réalisateur idéal pour LIGHT + MAGIC. « Larry est à la fois un cinéaste légendaire et un scénariste qui possède une étonnante capacité à se concentrer sur le cœur d’un récit complexe, et à trouver les moyens de la rendre attractive et significative pour un large public. » Le producteur exécutif Justin Wilkes poursuit : « En ayant accès à un véritable trésor de documents d’archives, qui couvrait plus de 50 ans d’effets visuels spectaculaires et d’innovations, Lawrence a immédiatement compris que les artistes d’ILM devaient être les héros de la série. Non seulement ils créaient ces effets, mais leurs personnalités constituaient l’âme de ce lieu unique qui favorisait la créativité et la prise de risques. À chaque entrevue, Lawrence voulait savoir comment ces gens étaient parvenus à réaliser ces trucages, en cherchant aussi à comprendre leurs parcours, leurs premières expériences personnelles et professionnelles. C’était indispensable pour parvenir à raconter pourquoi ils en étaient arrivés à faire tout cela. Visuellement, si la série plonge dans les coulisses de nos films préférés et dissèque de nombreux moments emblématiques de l’histoire du cinéma fantastique et de science-fiction, c’est l’accent mis sur les gens et leur vécu qui rend LIGHT + MAGIC si captivant » conclut Wilkes. Lawrence Kasdan, lui, estime avoir appris une précieuse leçon pendant le tournage et le montage de la série : « Grâce à ces témoignages, j’ai appris comment on pouvait réussir à créer quelque chose de nouveau en collaborant avec des gens que nous respectons et dont nous dépendons. Et comment les relations personnelles influent sur le fruit de ce travail commun. Il y a quelque chose de beau et de touchant dans la générosité des gens qui travaillent à ILM. Grâce à elle, ils sont toujours en mesure de franchir de nouvelles frontières et d’innover pour présenter aux spectateurs des choses que l’on n’avait jamais vues auparavant. » Ron Howard abonde en ce sens, en se référant à son parcours : « J’ai été frappé par les similitudes significatives entre ma propre vie, ma carrière et ce projet, car j’ai eu maintes fois l’occasion de rencontrer les artistes d’ILM et de les voir apporter la preuve de leur créativité sans limite. » On se souvient notamment que dans WILLOW, réalisé par Howard, ILM avait utilisé pour la première fois la technique du morphing… « Ce qui résonne vraiment en moi, c’est l’attitude ‘retroussons-nous les manches et faisons l’impossible puisqu’on nous le demande’ incarnée par les intervenants de la série. À ILM, il n’y a rien qui ne puisse être résolu au prix d’un travail acharné et de beaucoup d’ingéniosité. Comme dirait George quand il soumettait un nouveau défi à ses équipes ‘Réfléchissez-y et on verra’. »

Entretien avec Lawrence Kasdan, réalisateur et producteur exécutif

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Lawrence Kasdan a réalisé, écrit ou produit 24 films dans tous les registres, dont le thriller LA FIEVRE AU CORPS, la comédie dramatique LES COPAINS D’ABORD, le western SILVERADO, ainsi que les chroniques douces-amères VOYAGEUR MALGRE LUI et GRAND CANYON. Kasdan est également l’un des rares scénaristes à avoir écrit ou co-écrit cinq des plus grands succès de l’histoire du cinéma : LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE, L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE, LE RETOUR DU JEDI, BODYGUARD et STAR WARS : LE REVEIL DE LA FORCE. VOYAGEUR MALGRE LUI, qu’il a écrit et réalisé, a été nommé meilleur film de 1988 par le New York Film Critics Circle. Kasdan a reçu le Laurel Award de la Writers Guild of America, honorant les auteurs dont les œuvres font avancer l’écriture pour le cinéma.

Comment avez-vous entrepris l’exploration des archives de Lucasfilm et d’ILM ? C’est déjà une tâche énorme en soi…

Je dois dire que ces archives sont fantastiques. Extrêmement bien organisées et gérées. Elles comptent sans aucune doute parmi les meilleures de toute l’industrie cinématographique américaine. Et cela vient de George, qui a décidé dès ses débuts de faire réaliser des making of, des photographies exhaustives des coulisses d’ILM, et de conserver soigneusement les illustrations préparatoires, les matte paintings, les designs de décors, les maquettes, accessoires et costumes de chacun des projets de Lucasfilm et des films sur lesquels ILM intervenait. Grâce à cette démarche rigoureuse et constante, ces archives se sont avérées infiniment plus riches que tout ce que nous imaginions ! Cela nous a permis d’accéder à des documents qui n’avaient encore jamais été utilisés ni montrés auparavant. Voilà comment nous avons pu présenter les images d’époque des séances de brainstorming où les génies d’ILM réfléchissent à la manière de relever un défi extraordinaire, et trouvent la solution devant nos yeux ! J’étais sidéré de retrouver de tels moments, et nous en avons intégré plusieurs au fil des épisodes. Ils sont très émouvants à voir.

La qualité des témoignages est elle aussi frappante dans votre série. On pense par exemple à Phil Tippett, qui révèle qu’il est bipolaire et que ses activités artistiques et créatives l’ont aidé à canaliser ce trouble psychique, ou à ce que racontent George Lucas et Dennis Muren sur les décisions qu’ils ont du prendre à des moments déterminants. Grâce à ces confidences, on comprend pourquoi ils sont devenus des leaders dans leur domaine, chacun à leur manière…

Ce que vous soulignez est exact et très important. C’était l’un des sujets sur lesquels je voulais me concentrer, parce que ces propos sont formidablement inspirants. J’ai des petits-enfants à présent, et j’ai envie qu’ils puissent entendre de tels témoignages. Et que cela éveille en eux des pensées positives, qu’ils se disent « Wow, c’est génial, ça me donne envie de créer des choses, moi aussi ! » Ces artistes ont prouvé maintes fois qu’il n’y a rien d’impossible, tant que l’on a la volonté d’examiner un problème et de réfléchir aux différents moyens de le résoudre. Et quand ils n’existent pas encore, de les inventer ! Vous avez vu dans la série les extraits des films amateurs que Phil Tippett ou Denis Muren tournaient en 8mm quand ils avaient 12 ou 13 ans. A cet âge-là, ils animaient déjà des monstres image par image, filmaient des vaisseaux spatiaux, et ces effets étaient étonnants ! Comment ces gamins ont-ils réussi à accomplir ces tours de force dans les années 50 / 60, à une époque ou internet n’existait pas, et où il était très difficile de récolter la moindre information sur les effets spéciaux ? C’était passionnant de les faire parler de leur talent précoce et de l’origine de leur passion. Et de demander à George de nous expliquer comment il a constitué ce groupe de génies excentriques qui venaient d’horizons si différents, car ils n’avaient généralement rien à voir avec le monde du cinéma. Ils se sont pourtant investis totalement dans ce travail - depuis plus de quarante ans pour certains – et ont souvent inventé de nouvelles techniques juste pour un seul plan qui posait problème à un réalisateur et qui était indispensable à la narration visuelle d’une séquence!

La suite de notre dossier LIGHT + MAGIC apparaîtra bientôt sur ESI. Bookmark and Share


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