L’HOMME INVISIBLE, de retour en salles le 22 Juin – 2ème Partie
Article Cinéma du Jeudi 11 Juin 2020

Découvrez ou redécouvrez le meilleur film d’épouvante de l’année au cinéma pour célébrer la réouverture des salles. Et lisez ensuite notre dossier pour tout savoir sur les coulisses du tournage !

Par Alain Wizible

L’HOMME INVISIBLE : LES PROTAGONISTES

Cecilia Kass (Elisabeth Moss)


Cecilia a beau être une jeune femme forte et intelligente – elle a subi un terrible traumatisme. Le regard qu'elle porte sur elle-même et sur le monde est marqué par sa relation avec son compagnon. Elle est angoissée, paranoïaque et repliée sur elle-même. Par conséquent, lorsqu'elle soupçonne Adrian de l'avoir retrouvée pour ne plus la lâcher, ses proches et ses amis ont du mal à la croire. Elle a une grande proximité avec sa sœur Emily, son ami James et sa fille Sydney. Malgré tout, tandis que Cecilia commence à perdre pied, ces liens sont mis à l'épreuve. Ce qu'on ignore pour l'heure, c'est si sa conviction qu'Adrian est toujours en vie est fondée… ou le fruit de son imagination. Leigh Whannell a fait de Cecilia une femme forte, douée et débrouillarde. "Je voulais que Cecilia ait toute la vie devant elle, même si son existence a été soudain bouleversée par une relation toxique", note le réalisateur. "En s'engageant avec la mauvaise personne, sa vie a été comme interrompue. Cecilia s'est retrouvée sous l'emprise d'un homme, étouffée pour ainsi dire, et privée de libre-arbitre. Son compagnon l'a asphyxiée. Au moment où elle s'enfuit, je voulais qu'elle retrouve ses forces". Pour le cinéaste, il était fondamental d'imaginer une protagoniste qui s'effondre totalement. "J'aime bien ce vieux dicton qui dit que lorsqu'on écrit un film, on doit attacher son protagoniste à un arbre et lui jeter des pierres", rapporte Whannell. "Plus votre personnage principal affronte d'obstacles, plus les enjeux dramatiques sont importants. Je voulais que les embûches se trouvant sur la trajectoire de Cecilia et les forces se liguant contre elle soient insurmontables, à tel point que le spectateur se demande comment elle va bien pouvoir s'en sortir". Quand Whannell a achevé le scénario, il savait qu'il lui fallait une actrice exceptionnelle pour être à la hauteur du rôle. "Lorsqu'on a affaire à un personnage qui perd les pédales, c'est toujours très délicat pour un comédien", reprend-il. "C'est facile d'être dans l'excès et de surjouer. Il me fallait quelqu'un qui puisse camper un personnage dont la raison vacille… mais de manière réaliste". Son choix s'est porté sur Elisabeth Moss, deux fois lauréate du Golden Globe, dont le jeu authentique et sans concession est palpable dans MAD MEN et THE HANDMAID'S TALE – LA SERVANTE ÉCARLATE. "Dans THE HANDMAID'S TALE, on ne voit qu'elle et elle réussit à vous faire croire au monde parallèle où évolue son personnage", souligne Whannell. "Si on ne croyait pas à ce personnage majeur, la série ne tiendrait pas du tout la route. Je savais qu'elle pouvait jouer cette forme de descente aux enfers sans excès. Elisabeth est la garante de l'authenticité. Si elle avait le sentiment qu'une scène ne fonctionnait pas ou sonnait faux, elle avait du mal à la jouer. On a formé une bonne équipe". Ensemble, la comédienne et le réalisateur partageaient la même vision du film et du personnage. "Lizzie m'encourageait à revoir les dialogues et le scénario", poursuit Whannell. "Et je la poussais à adopter un jeu plus physique. Elle a fait pas mal de choses très difficiles". Comme, par exemple, tourner en plein hiver, à 3h du matin, sous des trombes d'eau générées par des machines à pluie. La comédienne était trempée tandis que le reste de l'équipe était au sec, à l'abri sous des tentes, et portait des gilets bien épais. "On s'est tous les deux poussés dans nos retranchements respectifs", ajoute le réalisateur. "On a fait un vrai travail d'équipe en la matière. Quand on dit 'Action !', Lizzie se donne à 100%". Pour Elisabeth Moss, il s'agit du rôle le plus éprouvant de sa carrière. "Il m'a fallu dix minutes pour comprendre le point de vue de Leigh, et à quel point ce projet était moderne et ancré dans notre époque", affirme l'actrice. "J'adore la manière dont il a renversé le mythe de l'Homme invisible. C'est le genre de scénario dont on se dit, en le lisant, 'j'aurais adoré avoir cette idée…' C'est une formidable parabole qui, dans le même temps, est d'une incroyable actualité… et qui me parle en tant que femme vivant dans cette société". En outre, Elisabeth Moss est souvent seule à l'écran pendant des scène entières, jouant face à quelqu'un qu'elle ne voit pas. "Pendant toute une partie du film, j'étais seule", dit-elle. "Je me tournais vers Leigh et lui disais 'à ton avis, il est où ?' D'une scène à l'autre, mon personnage savait – ou pas – où était l'Homme invisible. Parfois, je ne savais pas du tout où était Adrian. À d'autres moments, je sentais une présence ou j'entendais un bruit ou quelque chose et je me retournais". "À un moment donné, Cecilia est convaincue qu'Adrian est constamment dans la même pièce qu'elle", poursuit Elisabeth Moss. "Comme si elle avait acquis un sixième sens pour le repérer… même s'il n'était pas là. On s'imaginait qu'il était dans un coin de la pièce ou qu'il surgissait d'une chambre. Ça fait trente ans que je fais ça dans mon métier, mais c'est la première fois que cette situation fait partie intégrante du scénario. Pourtant, je suis parfaitement habituée à voir quelque chose que personne d'autre ne peut voir. C'est ce que je fais tous les jours dans mon travail d'actrice". Grâce au tournage d'INVISIBLE MAN, Elisabeth Moss a pu réfléchir aux relations qui peuvent s'avérer violentes ou toxiques. Elle explique : "Pour Leigh et moi, c'était important d'imaginer des rapports qui ne soient pas seulement violents d'un point de vue physique, mais émotionnel et psychologique. Ces rapports peuvent être tout aussi dévastateurs. J'espère que ce film permettra à tous ceux qui en ont souffert de se sentir mieux représentés et soutenus. En tant que femmes, nous avons le sentiment de nous émanciper et d'incarner une génération qui n'hésite plus à prendre la parole, mais je crois qu'on juge parfois sévèrement celles qui ne mettent pas fin à des relations toxiques". La comédienne conclut : "Je trouve qu'il est important de se montrer tolérant vis-à-vis des femmes qui sont plus faibles que d'autres. On peut être à la fois fort et terrorisé. Et on peut être à la fois fort et faible. On peut être féministe et amputé de son libre-arbitre. C'est important de s'en souvenir et de l'accepter".

Adrian Griffin (Oliver Jackson-Cohen)

Scientifique aussi riche que brillant, Adrian Griffin, PDG de Cobalt, est charmant, séduisant et violent. Il est obsédé par Cecilia et ne songe qu'à la dominer… et rien ne l'arrêtera pour la récupérer. Au début, il contrôlait les moments qu'il passait avec Cecilia. Puis il a voulu savoir à qui elle parlait et à quel moment elle quittait la maison. Par la suite, il a cherché à contrôler tout ce qu'elle disait… et tout ce qu'elle pensait. Et si ses réflexions – ou, du moins, ce qu'il supposait être ses réflexions – ne lui plaisaient pas, il la corrigeait. La réussite exemplaire d'Adrian lui a toujours valu d'être encouragé dans son comportement. "Dans notre monde moderne, on est le plus souvent salué quand on connaît un tel succès", relate Whannell, "et personne ne s'interroge pour savoir comment on en est arrivé là. Avec ce personnage, je voulais évoquer le narcissisme et le comportement propre au sociopathe qui aboutissent à la réussite. Ça le rend fou de savoir que Cecilia pourrait le quitter… que quelqu'un ose le défier de cette manière. Il a un besoin compulsif et pathologique de la dominer et c'est, fondamentalement, ce qui l'anime". Oliver Jackson-Cohen explique qu'il a passé pas mal de temps en répétitions pour mettre au point ces rapports de domination. "Il n'y avait que Lizzie, Leigh et moi", dit-il. "On voulait montrer comment ce type de relation s'installe, et comment certaines personnes se remettent en couple avec un conjoint violent tout en étant conscientes des risques. Car ces gens exercent une forme de magnétisme : Adrian réussit à retenir Cecilia, puis à faire en sorte qu'elle se trouve là où il veut. Adrian obtient exactement ce qu'il désire – autrement dit, voir Cecilia souffrir et basculer vers la folie".

DÉCORS ET LIEUX DE TOURNAGE

“Le style d'INVISIBLE MAN est à la fois contemporain et épuré et, à cet égard, il se distingue vraiment des films de monstres traditionnels. On ne retrouve pas cette ambiance malsaine avec des toiles d’araignée partout”, déclare Jason Blum. Les décors créés par Alex Holmes détournent le genre et déjouent les attentes du spectateur. “On ne voulait pas tomber dans l’esthétique prévisible du cinéma d’horreur”, explique Alex Holmes. “On a abordé le film comme un thriller réaliste. On ne voulait pas de papiers peints, de couleurs voyantes ou d’espaces confinés et oppressants. Leigh souhaitait aussi qu’on amène de la lumière. On voulait faire un film d’horreur baigné de lumière naturelle. Il n'y a pas de créature tapie dans l’ombre, mais quelqu’un qui est présent sans l'être vraiment. Comme le représenter à l'écran ? En éclairant l’espace”. Le chef décorateur tenait à ce qu'INVISIBLE MAN révèle des univers contrastés, et ne se résume pas qu'à un climat ambiant monotone. “Cecilia s’échappe d’un milieu opulent pour trouver refuge dans un environnement de classe moyenne traditionnelle”, rappelle Alex Holmes. “On passe d’un laboratoire high-tech à une cuisine terne, d’une suite luxueuse à une chambre exiguë de trois mètres sur trois. On passe beaucoup de temps dans un univers domestique confiné, mais Leigh tenait justement à ce qu’on quitte aussi la maison pour se rendre à l’extérieur : dans les rues de San Francisco, un commissariat de police, un restaurant… Il fallait qu’on arrive à représenter les changements d'échelle et qu'on aperçoive le restaurant en entier et toutes les personnes à l’intérieur, ou encore le commissariat de police dans son intégralité et pas seulement une partie de celui-ci”. INVISIBLE MAN se déroule à San Francisco, mais le thriller a été tourné à Sydney. “Sur le plan du tournage, un de nos plus grands défis a consisté à repérer des lieux à Sidney susceptibles d'évoquer San Francisco”, explique Kylie du Fresne, “en particulier pour la maison d’Adrian. Il fallait qu’elle ait une architecture singulière et qu’elle ait l’air de se situer aux alentours de la Silicon Valley”.

L’antre d’Adrian

Le département des décors savait que, pour des questions de budget, la propriété d'Adrian devait être un décor réel. Cette maison devait être éloquente sur la personnalité obsessionnelle, autoritaire et implacable du scientifique. Ils ont fait appel au régisseur d’extérieurs Edward Donovan pour les aider à trouver ce lieu : “On a demandé à Ed de chercher des maisons avec une architecture brutaliste, avec des formes marquées, monolithiques et dures… une sorte de prison de luxe”, raconte Alex Holmes. “On a passé plusieurs mois à chercher cette maison”, ajoute Kylie du Fresne. “Leigh voulait qu’elle ressemble à Adrian, qu’elle ait cette même froideur. Ce n’est pas une maison dans laquelle on rentre en se disant ‘Quel endroit charmant !’, mais plutôt l’inverse…”. Alex Holmes poursuit : “On voulait une palette neutre, faite de noirs, de gris et de blancs. Quand on quitte cette maison pour aller chez James, lieu plus chaleureux aux couleurs plus chaudes, on ressent un certain soulagement”. Finalement, la propriété d’Adrian a été tournée dans quatre lieux différents. “L’intérieur de la maison a été filmé à Pebble Cove, à environ deux heures et demi de route de la côte sud de Sydney. C’était la première fois qu’une équipe de tournage filmait dans cet espace verdoyant sur le littoral. La maison est en béton avec un superbe parquet en bois construit à partir de poutres qui ont échappé à un incendie au château de Windsor”, raconte Kylie du Fresne. “Tout était sur mesure. En tant que producteur, ce n’était pas facile de tourner dans une maison aussi luxueuse. J’ai passé le plus clair de mon temps à m’assurer que personne n’allait érafler un mur avec une perche”. Dovecote, une autre demeure d’exception, a été choisie pour l’extérieur de la maison d’Adrian. Cette dernière est censée se situer en dehors de la ville, en bordure d’océan, dans un espace ouvert mais hautement sécurisé. “Par chance, nous l’avons trouvée juste à côté de Pebble Cove. Au moment où on a commencé à filmer, la maison a remporté le prix australien de la Maison de l’année”, explique Kylie du Fresne. Leigh Whannell avait aussi en tête une topographie particulière pour la maison. Il fallait qu’elle soit adossée à une grande forêt, avec un mur imposant qui retienne Cecilia prisonnière. Il était donc nécessaire que l’équipe construise un vaste mur de béton avec un portail devant la maison. “En Australie, c’est rare d’avoir des murs autour des grandes maisons dans la campagne”, remarque Alex Holmes. “Mais on avait besoin de cet accès à l’antre ultra sécurisée d’Adrian, si bien qu'on a construit un grand portail électronique en bois sombre et de faux murs en béton”. En postproduction, les murs ont été agrandis pour donner l'illusion qu'ils font le tour de la propriété. “Cela marquait l’entrée dans un autre monde. La vue dégagée vers l’océan était aussi intéressante. Cecilia touche du doigt la liberté, mais elle est prise au piège. Jusqu’au début du film, elle n’a jamais envisagé de s’échapper car le pouvoir qu’Adrian exerce sur elle est trop prégnant”, déclare Alex Holmes. Le troisième lieu a accueilli le laboratoire d’Adrian. “C’était un garage incroyable qui abritait une série de voitures de collection”, note Kylie du Fresne. “Notre département artistique a réussi à aménager ce garage en un laboratoire high-tech”. Enfin, le quatrième lieu était à Coogee, une station balnéaire des environs de Sydney. “On a construit le dressing et la salle de bain d’Adrian dans le salon de cette maison, pour créer un une chambre avec salle de bain attenante”, raconte Kylie du Fresne. “Ces quatre lieux de tournage fonctionnent très bien ensemble : on dirait une seule et même maison ! C’est la magie du cinéma”.

Le labo de l'Homme invisible

Les régisseurs ont cherché longtemps avant de dénicher le lieu dans lequel filmer le laboratoire d’Adrian. “Tout à coup, on a trouvé le garage d’un riche propriétaire qui possède huit voitures”, raconte Alex Holmes. “Il y avait des bandes de lumière LED hallucinantes au plafond et sur les murs. Cela faisait penser à un univers de science-fiction tout en étant réaliste. J’y ai ensuite ajouté des pièces sécurisées et des espaces climatisés pour les expériences scientifiques. Pour apporter de l’intensité et donner une impression ‘dernier cri’, j’ai peint les murs en noir brillant. Je me suis inspiré de laboratoires d’université que j’ai visités, et j’en ai fait une version sur mesure pour un homme riche”. L'accessoire le plus difficile à concevoir pour le décorateur a été le cintre sur lequel repose le costume. “Un cintre pour un costume qu’on ne voit pas”, résume Alex Holmes. “Il devait avoir l’air d’un objet de science-fiction tout en étant très fonctionnel… pas comme un accessoire de super-héros. Après en avoir parlé avec un des experts en physique, on s’est dit que ce serait intéressant que, lorsque Cécilia pénètre dans la pièce où se trouve le costume, elle aperçoive un iPad au mur dans lequel elle se voit entrer dans la pièce… du point de vue du costume ! Elle se voit en temps réel, comme si elle était filmée, sauf qu’elle ne voit de caméra nulle part". La scène a été retravaillée en conséquence. “Leigh a réécrit et reconstruit la scène pour l’adapter à cette nouvelle idée”, précise Alex Holmes. “J’espère que cela constituera un moment important du film”.

La maison de James et Sydney

Pour toute l’équipe, il était clair que la maison de James et Sydney devait être aux antipodes de celle d’Adrian. Assez rapidement, ils ont décidé de construire le décor en studio. Étant donné le nombre de cascades que Leigh Whannell prévoyait dans cette maison, il était préférable qu’elle se situe dans l’espace contrôlé du studio, pour pouvoir lever les murs, faire sauter les plafonds et voler les objets… et les acteurs ! “Sur le plan esthétique, je voulais me rapprocher d’un intérieur de la classe moyenne américaine, notamment du point de vue des couleurs et des tonalités”, explique Alex Holmes. “Je me suis inspiré de GONE GIRL, PRISONERS, LES NOCES REBELLES et LA FILLE DU TRAIN qui présentent de tels décors, avec des palettes de couleur volontairement neutres, réalistes et passe-partout”. Il fallait un espace qui semble sûr et familier : une maison américaine typique. “D’une certaine façon, c’est l’aspect normal du lieu qui donne la sensation dérangeante que Cecilia est en train de devenir folle”, remarque Alex Holmes. “Un homme invisible dans ce salon terne ? Qui croirait une chose pareille ? Il ne s'agit pas d’une maison hantée et sinistre perchée en haut d’une colline, mais d’une maison beige avec des petites chambres et un grenier exigu. On a volontairement évité d’avoir un grenier haut de plafond dans lequel on peut se tenir debout… C’est le genre de chose qu’on a déjà vu dans des milliers de films d’horreur”. Leigh Whannell a choisi un grenier qu’on voit dans de nombreuses maisons : un espace très étroit dans lequel il n’est pas facile de circuler. L’équipe a construit un grenier avec un toit très bas mais amovible : “Au lieu de créer des espaces caverneux dans lesquels le monstre pourrait se tapir, on a réduit les espaces autour de Cecilia pour faire monter la tension. On a construit le grenier de toutes pièces car il aurait été impossible de filmer dans un vrai grenier. Les chambres sont quant à elles de taille normale et bien éclairées. L’impression de claustrophobie vient du fait que l’Homme invisible pourrait être tout près d’elle à n’importe quel moment”.

Une palette de couleurs bien maîtrisée

Grâce à ces murs de couleur neutre, le chef décorateur a permis au directeur de la photo de créer l’éclairage adéquat et de composer des ombres qui ne soient pas trop obscures. “On ne voulait pas aller vers le clair-obscur”, précise Alex Holmes. “Pour cela, il nous aurait fallu des murs très sombres. On a plutôt choisi des murs aux couleurs neutres, ce qui est inhabituel. En réalité, le décor n’a pas besoin d’être sombre pour être effrayant. Il suffit de regarder L’EXORCISTE. C’est une maison tout ce qu’il y a de plus normal, avec un éclairage simple… c’est le gamin qui est flippant !” L’équipe a également limité l’usage de la couleur sur le plateau, à l’exception de l’antre noire de jais d’Adrian : “Les couleurs vives ont tendance à saturer l’image”, explique Alex Holmes. “Je savais que l’équipe effets visuels allait créer un léger scintillement pour suggérer la présence de l’Homme invisible, si bien qu'on ne voulait pas que l’arrière-plan soit encombré de motifs, de contrastes et de couleurs prononcées”.

L’hôpital psychiatrique

L’asile psychiatrique dans lequel Cecilia est confinée est à la fois brut et réaliste, et rappelle un hôpital public qui a subi l’usure du temps. “On a même ajouté des vieux bouts de scotch au mur, pour évoquer les affiches qui ont dû y être accrochées”, raconte Alex Holmes. “On a trouvé une ancienne usine de cosmétique et on l’a transformée en asile. Il y avait un éclairage au néon et une palette de bleus et gris très institutionnelle. Ensuite on a ajouté pas mal de détails pour aménager ce lieu en un véritable institut psychiatrique hautement sécurisé”. Le décor, composé de verrous, de meubles équipés de dispositifs anti-suicide et de la cabine de douche où Cecilia enferme Adrian, est signé Katie Sharrock (MAD MAX : FURY ROAD). “Katie a pris en compte chaque détail avec une attention remarquable”, souligne Alex Holmes. “En extérieurs, on a dû ajouter des lumières fluorescentes partout pour éclairer la scène centrale, dans laquelle Cecilia poursuit Adrian, toujours invisible, sous une pluie battante à travers un parking. La pluie ajoute une dimension spectaculaire à la scène mais surtout, en tombant, elle définit les contours de l’homme invisible. C’est une des nombreuses idées foncièrement cinématographiques que Leigh a intégrées au scénario”.

La suite de notre dossier sera bientôt visible sur ESI. Bookmark and Share


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