La critique ESI - DOCTOR STRANGE : une adaptation ensorcelante d’un chef d’œuvre de la BD !
Article Cinéma du Dimanche 23 Octobre 2016

[5 étoiles sur 5 !]

Par Pascal Pinteau

C’est avec une solide expertise du cinéma fantastique et un enthousiasme de vrai fan de la BD originale de Stan Lee et Steve Dikto que Scott Derrickson a abordé la réalisation de ce premier épisode de la saga surnaturelle de Stephen Strange. En s’appuyant sur un scénario solide et bien conçu, qui modernise habilement certains clichés du récit original des années 60 (les personnages du Grand Ancien et de Wong, notamment), Derrickson met en scène avec brio tous les rebondissements de l’intrigue, et envoûte le spectateur en l’entraînant dans un univers magique fascinant. Porté par une trame narrative émouvante et un casting remarquable, DOCTOR STRANGE se hisse aisément au niveau des meilleures adaptations produites par les Studios Marvel, à l’instar de IRON MAN, CAPTAIN AMERICA LE PREMIER AVENGER, LES GARDIENS DE LA GALAXIE OU ANT-MAN.



La magie opère

Après avoir fait avec succès ses armes dans le cinéma d’horreur et le thriller surnaturel (L’EXORCISME D’EMILY ROSE, DÉLIVRE-NOUS DU MAL, SINISTER) Scott Derrickson change de registre en nous présentant une aventure fantastique aux personnages attachants et courageux, dans une ambiance fidèle à l’esprit Marvel. Le réalisateur et ses co-scénaristes Jon Spaihts (THE DARKEST HOUR, PROMETHEUS) et C. Robert Cargill (SINISTER, SINISTER 2) ont su condenser en une première aventure tout ce qui a rendu le Docteur Strange si particulier et si intriguant depuis sa première apparition dans les comics en 1963. Si dans la première partie de sa vie, le neurochirurgien Stephen Strange (formidablement interprété par Benedict Cumberbatch), est beaucoup moins hautain et désagréable au cinéma que dans le récit de BD de ses origines, il n’en reste pas moins un homme égocentrique qui ne sait pas saisir la chance qui se présente à lui en la personne de sa collègue Christine Palmer (incarnée avec sensibilité par la craquante Rachel McAdams). L’accident qui le prive ensuite de la dextérité de ses mains et de son statut professionnel et social, puis le cheminement qui le conduit jusqu’au Kamar-Taj, où il va rencontrer le Grand Ancien (Tilda Swinton, fascinante et énigmatique à souhait) sont présentés de manière efficace et émouvante, tout en ponctuant le récit de petites touches bienvenues d’humour de situation. C’est enfoncer une porte ouverte que de dire que Benedict Cumberbatch s’empare du rôle avec aisance : le grand acteur anglais met en valeur toutes les facettes de son personnage et le rend charismatique et crédible même dans les situations les plus délirantes, ce qui est l’un des atouts essentiels du film. Grâce à lui, le spectateur croit à ce qui arrive à Stephen Strange. Il le suit les yeux grands ouverts tout au long de son voyage, sur terre et dans les dimensions parallèles magnifiquement représentées ici. A ses côtés, Rachel McAdams compose une Christine Palmer pleine d’empathie et bien ancrée dans la réalité dramatique de l’unité des urgences d’un grand hôpital. Là aussi, on croit à l’histoire d’amour compliquée qui la lie à Stephen Strange, tout en s’amusant des trouvailles qui jalonnent les moments du film où elle découvre les nouveaux pouvoirs de l’homme qui occupe toujours une place à part dans son coeur. Nous n’allons pas décrire ici les morceaux de bravoure et les nombreuses bonnes idées du film, ce serait le pire des services à rendre à tous les cinéphiles et fans de BD qui attendent ce film avec impatience. Mais saluons cependant le remarquable travail effectué par l’équipe des effets visuels sur les séquences de combats magiques, extrêmement dynamiques et originaux, et pas du tout décalquées sur les scènes d’INCEPTION, comme quelques mauvaises langues l’avaient prédit sur la base de trois ou quatre plans de la bande-annonce. DOCTOR STRANGE est une grande aventure magique qui tient non seulement ses promesses narratives et visuelles, mais qui met en place des développements futurs très alléchants – restez jusqu’à la toute fin du générique, car il y a non pas une mais DEUX scènes supplémentaires - tout en réussissant à nous surprendre par son inventivité. Scott Derrickson et les dirigeants des Studios Marvel ont réussi un bel exploit en adaptant et en dépoussiérant ce chef d’œuvre de la BD fantastique, publié pour la première fois il y a 53 ans. Gageons que le charme du docteur « opérera » sur les spectateurs et que ce film connaîtra un grand succès, amplement mérité.

Retrouvez nos articles consacrés à Doctor Strange et à l'univers cinématographique Marvel




(DOCTOR STRANGE) USA 2016. Réal : Scott Derrickson. Scén : Jon Spaihts avec Scott Derrickson & C. Robert Cargill . Prod : Kevin Feige Prod exécutifs : Louis D’Esposito, Stephen Broussard, Victoria Alonso, Charles Newirth et Stan Lee. Mus : Michael Giacchino. Décors : Charles Wood. Superviseur des VFX : Stéphane Ceretti. Effets visuels : ILM Londres, Rise VFX Studios, Luma Pictures, Framestore. Distribution : Disney. Durée :1h55 minutes. Avec : Benedict Cumberbatch, Chiwetel Ejiofor, Rachel McAdams, Tilda Swinton, Mads Mikkelsen, Benjamin Bratt. Sortie France : 26 Octobre 2016.

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.