LE REVEIL DE LA FORCE : Entretien croisé avec Daisy Ridley (Rey) et John Boyega (Finn) – 2ème partie
Article Cinéma du Lundi 11 Janvier 2016

Propos traduits et formatés par Pascal Pinteau

John Boyega : LE RETOUR DU JEDI est mon film préféré de la trilogie originale parce que l’on retrouve Luke à un moment de sa vie où il est particulièrement vulnérable. Dans le premier épisode, il quitte sa planète natale, découvre une partie de son passé, et devient un guerrier. Dans le second, il apprend qui il est vraiment, et tout ce que cela implique. LE RETOUR DU JEDI est un mélange très réussi de scènes spectaculaires, comiques et dramatiques, et il ouvre encore plus l’univers de STAR WARS en nous présentant des créatures comme Jabba et les Eworks. Ce qui me plaît particulièrement dans ce volet, c’est que tous les personnages principaux arrivent à une nouvelle étape de leurs vies. Et cela vous incite à reconsidérer les deux premiers épisodes sous un angle complètement différent. Vous savez, quand j’étais petit, je voyais toutes ces aventures selon le point de vue de R2-D2 et de C3PO, car ils étaient les personnages que je trouvais les plus attachants. Comme les deux droides sont échangés et passent de maîtres en maîtres, ils sont témoins de ce que font leurs propriétaires successifs, ce qui est une idée narrative tout à fait brillante. Mais dans LE RETOUR DU JEDI, on est focalisé sur l’évolution de Luke alors qu’il maîtrise de mieux en mieux la Force. Dans LE REVEIL DE LA FORCE, Luke est devenu l’un des plus grands chevaliers Jedi qui soit, et j’ai trouvé que c’était formidable de le retrouver ainsi. J’adore ça !

Parlez-nous de vos personnages respectifs…

JB :
Je ne peux pas vous révéler beaucoup de choses sur Finn, car sinon JJ va surgir avec un sabre laser à la main pour me punir…Mais vous avez pu voir dans la bande-annonce que je porte l’uniforme des Stormtroopers au début, avant de rencontrer Rey et BB8, et de me lancer avec eux dans une grande aventure…

Daisy Ridley : Quand l’histoire débute, Rey vit dans son propre monde, de manière autonome. Quand elle rencontre Finn et BB8, elle se retrouve mêlée à des évènements imprévus, qui chamboulent sa vie et l’entraînent dans des péripéties incroyables, d’une dimension épique.

Qu’avez-vous ressenti quand vous êtes arrivés sur le plateau, lors du premier jour de tournage à Abu Dhabi ?

DR :
C’était très plaisant car nous avons eu la possibilité d’arriver sur place un jour avant. John et moi avons été accompagnés pour visiter la mosquée et le palais, qui sont superbes. On nous a laissé aussi deux jours pour nous donner le temps de nous habituer à la chaleur. Elle était si intense que l’on pouvait sentir le sable brûlant au travers des semelles de nos chaussures. Mais une fois que l’on passe le cap de renoncer à lutter contre la chaleur, et que l’on s’abandonne à elle, cela permet de passer un cap, et de retrouver un équilibre. Cette chaleur a le mérite de ne jamais varier, alors tenter de se rafraîchir constamment est absurde. Mais je tiens à dire que l’on s’occupait très bien de nous et de toute l’équipe. Quand nous en sommes arrivés au moment de tourner les scènes d’action pendant lesquelles nous devions courir à toutes jambes, ce n’était pas la chaleur qui posait le plus de problèmes, mais le sol sableux, qui était tantôt mou, tantôt composé d’amalgames solidifiés. Cela mettait nos jambes à rude épreuve. Pendant la nuit de l’avant-dernière journée de tournage, j’ai eu un peu plus de facilité à courir, mais avec la poussière de sable et la chaleur qui ne cessait d’augmenter à ce moment-là, ce sont mes poumons qui ne suivaient plus. Pendant ce tournage, nous avons alterné les scènes de cascades et les moments où nous jouions des scènes calmes, avec des dialogues qui exprimaient les sentiments profonds des personnages. Rencontrer BB8 et jouer avec lui a été un peu difficile au début, car je n’avais encore joué avec personne au cinéma, ni un humain, ni un robot ! Cela a été d’abord un peu compliqué, parce qu’il fallait trouver le bon ton pour lui parler et pour interagir avec lui, tout en faisant abstraction des manipulateurs de l’équipe des effets spéciaux qui le faisaient bouger. Mais cela n’en a rendu que plus plaisant le moment où nous avons trouvé la bonne manière de procéder. Quand le tournage à Abu Dhabi s’est achevé, je me suis rendu compte que cela m’avait fait beaucoup évoluer dans mon travail. Quand j’y repense, je me dis que j’aimerais faire un saut dans le passé pour recommencer toutes mes scènes des premiers jours. Mais heureusement, quand on voit ces séquences on est séduit par l’atmosphère incroyable qui se dégage de ces plans, grâce aux images et à la mise en scène de JJ.

JB : Effectivement, nous n’oublierons pas de sitôt l’expérience du tournage dans cette chaleur intense. Mais se retrouver là dans ces immenses paysages de désert, avec tous ces véhicules, ces accessoires, cet énorme décor, et voir JJ Abrams arriver au pic de son enthousiasme et de son énergie, pour nous dire « Aujourd’hui, nous commençons à tourner STAR WARS EPISODE VII ! Est-ce que ce n’est pas fantastique ?! », eh bien cela restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je me souviens avoir regardé tout autour de moi pour absorber le plus d’images de ce moment, tout en me disant « Ça y est, je suis là et nous allons commencer ce film. » C’était un sentiment très émouvant, très fort. Alors certes il fait très chaud à Abu Dhabi, mais on finit par s’y faire, et là, on apprécie de se trouver dans un endroit magnifique. Nous avons tourné toute la première partie du film là-bas. La production me logeait dans un très bel hôtel et quand je prenais ma voiture le matin pour venir travailler, j’observais les immeubles et les étonnantes architectures ultramodernes de la ville. Plus tard, nous avons tourné dans le désert la scène qui suit le crash du Tie Fighter. Quand je suis arrivé sur le plateau, j’ai été surpris de voir qu’ils avaient construit un Tie Fighter rouge et noir grandeur nature, en simulant les dégâts dus à son atterrissage en catastrophe : il y avait des débris de la carlingue éparpillés un peu partout, des traces noires sur le sol et des morceaux de l’épave en train de brûler. Le sillon creusé dans le sable par l’impact avait été tracé sur près de 200 mètres ! C’était très impressionnant à voir, et tout à fait réaliste. Bien sûr, Finn porte encore son uniforme de Stormtrooper dans cette scène où il s’extrait du Tie Fighter, ce qui signifie que j’ai dû jouer avec cette combinaison dans cette fournaise pendant les deux jours suivants. J’y suis arrivé grâce à différentes choses : beaucoup d’efforts, de transpiration, de passion fanatique pour STAR WARS, de glaçons, de gouttes pour soulager mes yeux, et des dizaines de litres d’eau absorbés chaque jour, pour compenser la déshydratation. Je ruisselais de transpiration à chaque fois que je retirais l’uniforme de Stormtrooper. Mais la plupart du temps, j’étais tellement porté par la joie de jouer dans STAR WARS que ces conditions de tournage ne me gênaient pas : elles me semblaient même de plus en plus faciles à supporter. J’essayais toujours de garder mon calme et de me comporter de manière professionnelle, mais à chaque fois que JJ Abrams venait me voir pour me faire part de ses remarques et de ses suggestions, je regardais le décor autour de nous et je disais « Bon sang, c’est un Tie Fighter grandeur nature !! » J’étais en transe, comme si je jouais à côté d’une superstar parce que ce vaisseau iconique de mon enfance était là ! (rires) J’étais tellement excité et content que cela m’a vraiment porté pendant toutes ces scènes, malgré la chaleur amplifiée par le port de l’armure.

Parlez-nous de votre travail avec JJ Abrams. Quel genre de réalisateur est-il ?

JB :
JJ Abrams est un cinéaste qui se met au service de ses acteurs. Il comprend le juste équilibre à préserver entre les côtés techniques et artistiques d’un film, et il sait obtenir le meilleur de ses comédiens et de ses équipes. Et il n’est pas satisfait tant qu’il n’a pas obtenu un plan qui fonctionne aussi bien techniquement qu’artistiquement. C’est ce que j’aime particulièrement chez lui. JJ est aussi un vrai fan incollable de Star Wars, et dégage une énergie folle sur le plateau. Il a toujours un micro à portée de la main pour pouvoir donner ses indications, et il s’amuse toujours à faire de la « beatbox » avec, ou à diffuser de la musique. C’est un homme jeune, dynamique, à l’esprit vif et pétillant, et aux idées brillantes. En tant qu’acteur, on est heureux de travailler avec lui, car ses remarques sont toujours justes et intelligentes. Elles vous aident à mieux jouer la scène et à faire ressortir les aspects les plus intéressants de votre personnage. Et comme il fait régner une bonne ambiance sur le plateau, c’est toujours amusant de travailler avec lui. La production n’aurait pas pu donner l’opportunité de réaliser le premier nouvel épisode de Star Wars à une personne plus compétente et plus douée que JJ, et j’ajoute que tout ce que j’ai vu du film jusqu’à présent est très réussi. JJ maîtrise complètement le sujet. Il est excellent.

DR : JJ est sensationnel. Je n’avais jamais eu l’occasion de me trouver sur un plateau de cinéma auparavant, et toute l’équipe l’adorait. Il est très gentil, très généreux. Il a été particulièrement disponible pour moi au début parce qu’il savait que j’étais terriblement nerveuse. Il a été très patient, ce qui a été capital pour moi, parce qu’au début je manquais tellement de confiance que je n’arrêtais pas de lui dire « Je n’arriverai jamais à faire cela. » Il s’assurait que tout le monde se sentait bien sur le plateau, et il n’a jamais considéré que certaines personnes qui exerçaient des fonctions subalternes ne méritaient pas qu’on leur dise bonjour et merci. Il n’a jamais raté une opportunité de prendre le micro pour dire à tout le monde que le travail qui avait été accompli était fantastique, et c’était bel et bien le cas. Cette attitude chaleureuse et bienveillante était communicative, et c’était particulièrement important qu’il ait réussi à instaurer cela sur le tournage d’une superproduction, car quand on travaille sur des films d’une telle ampleur, les rapports personnels peuvent en pâtir. Mais grâce à sa personnalité et à sa prévenance envers tous les membres de l’équipe, cela ne s’est jamais produit sur LE REVEIL DE LA FORCE. Tout le monde se sentait encouragé par des compliments judicieux, apprécié et aimé. C’est capital dans le travail comme dans la vie. JJ a créé un univers incroyable pour ce film, et dans la vie, il est tout aussi incroyable lui-même.

L’épisode 3 de cet entretien paraîtra bientôt sur ESI !

[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.