Dossier A LA POURSUITE DE DEMAIN - 2ème partie
Article Cinéma du Jeudi 28 Mai 2015

UN ENDROIT OÙ RIEN N’EST IMPOSSIBLE

À l’origine, Tomorrowland est une section du parc Disneyland, le premier parc créé par Walt Disney en 1955. À cette époque, les Américains se faisaient une idée très optimiste du futur. Mais au fil du temps, cette vision s’est peu à peu assombrie. Brad Bird, le réalisateur du film, commente : « Il existe deux manières de se représenter un territoire vierge : soit comme un espace vide, soit comme une porte ouverte sur le champ des possibles. Et c’est cette deuxième option qui correspond le mieux à ma conception du futur : j’aime y voir des possibilités infinies. Malheureusement, cette façon de voir les choses n’a plus la cote aujourd’hui. »

Ce changement a interpellé le scénariste et producteur Damon Lindelof, et lorsqu’il a commencé à imaginer l’histoire de À LA POURSUITE DE DEMAIN, il s’est interrogé sur la manière de la retranscrire sur grand écran. « Je tenais à retrouver cet optimisme sans bornes », confie-t-il.

Tout a commencé avec une boîte sur laquelle était inscrite la date « 1952 », découverte par hasard dans les archives des studios Disney. Ce mystérieux écrin contenait toutes sortes de documents fascinants – des plans, des schémas, des maquettes, des photos et des lettres – liés à la création de Tomorrowland et à la Foire internationale de New York, l’exposition universelle de 1964. Une découverte qui a enthousiasmé le scénariste et producteur : « Je me suis mis à imaginer que le contenu de la boîte était une sorte de guide, l’ébauche d’une histoire ignorée de tous… mais laquelle ? La réponse la plus évidente était selon moi qu’il existait réellement quelque part dans le monde un lieu aussi unique que celui-ci... »

Damon Lindelof a alors entamé des recherches sur les studios Disney et leur créateur, ce qui l’a conduit à s’intéresser à l’implication de la société dans la Foire internationale de 1964. Le scénariste et producteur déclare : « Walt Disney était un vrai futuriste au sens moderniste où on l’entendait au milieu du XXe siècle. Très optimiste, il était persuadé que la technologie était la clé d’un monde meilleur. Il pensait aussi que c’était un formidable moyen de créer d’incroyables divertissements. Pour l’exposition universelle de 1964, The Walt Disney Company a créé trois attractions, même si « It’s a Small World » est celle dont le public se souvient le mieux. Bien que désuètes au vu des standards d’aujourd’hui, le « Carousel of Progress » et « Great Moments with Mr. Lincoln » représentaient à l’époque une véritable révolution car elles faisaient appel aux techniques dites « animatronics » pour laisser un souvenir impérissable aux visiteurs. »

Et d’ajouter : « Il régnait aussi à l’époque un formidable optimisme. Nous étions en 1964. Le monde était passé à deux doigts de la catastrophe thermonucléaire avec la crise des missiles à Cuba, et la chanson « It’s a Small World » a été écrite en réponse à cette guerre évitée de peu pour promouvoir l’amitié entre les peuples. Les paroles – « It’s a world of hopes and a world of fears » [« C’est un monde d’espoirs et un monde de peurs »] – exprime cette angoisse. Je suis fasciné par le thème très anxiogène de cette chanson qui semble aujourd’hui si enfantine et sentimentale. Elle délivrait à l’époque un message politique fort et en même temps idéaliste. »

Le succès de la Foire internationale a permis à Walt Disney de réunir les fonds nécessaires à la création de l’Experimental Prototype Community of Tomorrow, ou EPCOT. Disney voulait créer une ville futuriste en termes de développement et d’organisation urbaine, une sorte de vraie Tomorrowland où technologie et urbanisme s’allieraient pour donner naissance à un environnement idéal. Walt Disney est malheureusement décédé avant qu’EPCOT ne voie le jour et The Walt Disney Company a choisi de ne pas mener le projet à bien sans lui. Le concept de cette communauté du futur a été transformé en « Foire internationale permanente » composée de deux quartiers résidentiels pour les employés et leurs familles. Le parc, situé à Lake Buena Vista, en Floride, est toujours en activité aujourd’hui.

Admiratif, Brad Bird déclare : « Walt Disney innovait constamment et n’avait pas peur d’être un pionnier. Il a été parmi les tout premiers à introduire le son et la couleur dans l’animation. FANTASIA a été projeté avec un son stéréo quinze ans avant tout autre dessin animé. Quand il a eu l’idée de Disneyland, tout le monde l’a pris pour un fou. Il se lançait et imaginait les solutions à mesure qu’il avançait. Il s’intéressait à des sujets comme le voyage spatial par exemple. Il suffit de regarder les programmes qu’il a réalisés avec Ward Kimball à la fin des années 50 pour voir qu’il était captivé par l’idée de progrès. Sa curiosité n’avait pas de limites, comme l’illustrent parfaitement Tomorrowland, la Foire internationale et EPCOT. »

Le réalisateur ajoute : « Walt Disney avait l’habitude de dire qu’il ne réalisait pas des films pour gagner de l'argent, mais qu’il gagnait de l'argent pour réaliser des films. Était-il parfait ? Non. Mais ce qu’il a accompli au cours de sa vie est impressionnant. À mes yeux, c’est un grand innovateur. Il avait une vision très optimiste et positive du futur. J’aime à penser qu’il aurait apprécié À LA POURSUITE DE DEMAIN. »

Une fois ses recherches achevées, Damon Lindelof a approché Jeff Jensen pour qu’il l’aide à développer l’histoire. Il confie : « Quand je travaillais sur « Lost – Les disparus », Jeff était journaliste pour Entertainment Weekly et il avait une imagination débordante. Il regardait la série toutes les semaines et imaginait des théories incroyables qui étaient tellement inventives que je me disais souvent que j’aurais aimé avoir eu la présence d’esprit d’écrire ce qu’il avait imaginé ! C’était exactement le genre de personne dont j’avais besoin pour écrire cette histoire et y intégrer tous les éléments que j’avais découverts dans cette boîte mystérieuse. »

Le producteur exécutif Jeff Jensen, qui a imaginé l’histoire du film avec Brad Bird et Damon Lindelof, déclare : « À LA POURSUITE DE DEMAIN s’inscrit dans la plus pure tradition des films Disney : il est imprégné des valeurs du studio et mêle inventivité de l’histoire à d’époustouflants effets spéciaux. Nous nous sommes efforcés de rester fidèles à l’esprit incarné par l’attraction Tomorrowland et le parc EPCOT – des endroits voulus par Walt comme des pépinières d’idées pour un avenir meilleur. Walt, tout comme son travail, était en perpétuelle évolution car dans son esprit, le futur n’était pas figé. C’était un projet à jamais inachevé. »

Le réalisateur et scénariste Brad Bird connaît également très bien l’univers Disney, non seulement à cause de son dernier film, mais également parce qu’à l’âge de 11 ans, il a développé un intérêt pour l’animation après avoir visité les célèbres studios. En l’espace de trois ans, il a réalisé un dessin animé de 15 minutes qui a retenu leur attention des studios d’animation Disney, proposant même au jeune homme de 14 ans de lui attribuer un mentor – le célèbre maître de l’animation Milt Kahl. Brad Bird s’est alors installé chez un ami de ses parents à Los Angeles pour profiter pleinement de cette opportunité unique.

À propos de À LA POURSUITE DE DEMAIN, le réalisateur déclare : « Il s’agit d’une histoire très originale qui met en scène des personnages atypiques. C’est une chance incroyable de pouvoir prendre part à un projet de cette ampleur, et j’espère que le film surprendra le public. Il incarne les deux facettes du futur, ce qu’il peut avoir d’effrayant et ce qu’il peut avoir de merveilleux. Dans tous les cas, l’avenir reste un mystère, et c’est précisément ce qui le rend si fascinant. »


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