DAREDEVIL : BORN AGAIN - Entretien avec la productrice exécutive Sana Amanat et le showrunner & producteur éxécutif Dario Scardapane
Article TV du Lundi 07 Avril 2025

Selon vous, qu’est-ce qui rend la franchise DAREDEVIL et ses personnages si populaires ?

Dario Scardapane :
Je pense que c’est leur vulnérabilité. Matt Murdock est un héros qui doit gérer un handicap au quotidien. Il doit faire face à un monde très dur, et même impitoyable. Il agit en respectant les règles spirituelles et personnelles qu’il s’est fixées, et intervenir dans certaines situations en suivant son propre code d’honneur le rend vulnérable. Quand vous écrivez les scènes de Matt, vous devez tenir compte des différentes parties de sa personnalité qui s’opposent en lui, et qui sont encore plus intensément en conflit pendant des situations de crise. Il faut intégrer aussi ses incertitudes, ce qui le gène dans son caractère, dans sa nature profonde, lorsqu’il tente de devenir une meilleure personne en se référant à sa foi catholique…C’est tout cela qui rend ce travail si intéressant et si complexe, mais on finit toujours par trouver de nouvelles facettes de sa personnalité à explorer pendant l’écriture.

Sana Amanat :Vous savez, les éléments de l’ancienne série que nous pensions qu’il était vraiment essentiel d’inclure dans DAREDEVEIL : BORN AGAIN étaient les principes fondamentaux des personnages. Ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes. Matt est un homme constamment torturé par ses pensées, ses remords, ses doutes, et un individu qui a un rapport compliqué avec la vie. Ses interactions avec Karen et Foggy sont extrêmement importantes pour lui…Fisk, lui, est quelqu’un qui n’est jamais satisfait de ce qu’il possède. Il en veut toujours plus. En dehors de cela, son affection et l’amour sincère qu’il porte à son épouse Vanessa est l’autre force qui le guide. Il y a aussi beaucoup de personnes qui influencent la dynamique des rapports entre Matt et Fisk, en plus de ce qui les a directement opposés par le passé. De ce fait, retrouver d’anciens personnages et en découvrir de nouveaux était, je crois, une bonne manière de traiter cet héritage de la série originale, tout en faisant intervenir des protagonistes inédits qui vont mettre nos héros au défi d’une manière amusante et spectaculaire.

Comment décririez-vous Matt Murdock aux spectateurs qui ne connaissent pas encore l’univers de DAREDEVIL ?

Dario Scardapane :
Eh bien “Qui est Matt Murdock” est une vaste question, n’est-ce pas ? (rires) On pourrait même dire qu’on se la pose depuis qu’il est apparu dans les BD de Marvel en 1964, puis dans la série Netflix. Dans cette version, Matt Murdock est le même homme que nous avons vu évoluer à la fin de la série originale. Quand nous le retrouvons huit ans plus tard, il a atteint ses objectifs et se sent heureux dans sa vie. Faute d’une autre expression, on pourrait dire qu’il est enfin en paix avec lui-même. Et puis rapidement, il est confronté à une situation déchirante, en partie anéanti, et doit encore s’extraire des décombres et se relever après ce coup dur. C’est ce qui rend le personnage de Daredevil tellement plaisant à suivre. Pour utiliser les métaphores de la boxe, il prend des coups, s’effrondre sur le ring, mais se relève toujours. On déteste le voir se faire frapper et souffrir, mais on adore le regarder ne jamais s’avouer vancu et revenir se battre.

Que fait Wilson Fisk au cours de cette nouvelle saison ?

Sana Amanat :
C’est une toute nouvelle aventure pour lui. Même si “aventure” est un mot un peu trop doux pour qualifier ses activités, à vrai dire. Je me demande toujours si Fisk a changé ou pas…Je sais que Vincent D’Onofrio a un point de vue très spécifique sur cela. Je crois qu’en réfléchissant à la question, en tant qu’auditoire, on constate qu’il se trouve dans une nouvelle position et doit gérer un autre type de pouvoir. Fisk est désormais un homme politique, une personnalité publique exposée au regard des gens et scrutée par les médias. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Il doit apprendre à agir dans la lumière alors qu’autrefois il manipulait les gens et plaçait ses pions dans l’ombre, en cherchant à ne jamais attirer l’attention. Maintenant il doit tout faire publiquement. Et cela change tout ! En ce qui me concerne, j’ai des doutes à propos de lui. Parfois j’ai envie de croire qu’il a changé. Peut-être ne l’a-t-il pas fait en fin de compte, mais je pense que c’est une question intrigante que nous abordons dans cette histoire, et qui la rend encore plus intéressante. En tous cas, nous explorons sa relation avec New York et assistons aux événements liés à ses projets pour la ville. Savoir s’il a vraiment évolué m’intrigue, mais je ne peux pas m’empêcher de dire que j’ai parfois envie qu’il gagne, ce qui est complètement fou !

Dario Scardapane:J’écris toujours les scènes de Fisk comme s’il était totalement sincère. C’est l’une des joies que l’on a lorsque qu’on écrit des dialogues pour Vincent…

Sana Amanat: Fisk n’est pas un menteur.

Dario Scardapane : Non, il est cash, vous dit qui il est et ce qu’il veut.

Pouvez-vous parler de la manière dont Charlie Cox et Vincent D’Onofrio jouent Matt Murdock et le Caïd ?

Sana Amanat :
Comme vous le savez, Charlie et Vincent les incarnent depuis très, très longtemps. Ils connaissent Daredevil et Wilson Fisk mieux que quiconque. La chose la plus intelligente que nous puissions faire est bien évidemment de les écouter et de les laisser s’emparer des scènes en jouant leurs rôles comme ils savent si bien le faire. Ils font vivre Matt Murdock et Wilson Fisk grâce à leur gestuelle, leur langage corporel, leur présence physique. Ils sont vraiment transfigurés quand ils arrivent sur le plateau de tournage, totalement entrés dans la peau de leurs personnages respectifs…Vous savez, quand nous tournons des scènes de cascades, nous faisons parfois appel à des doublures pour filmer certaines actions de Daredevil. C’est obligatoire pour des raisons de sécurité et d’assurance. Mais quand Charlie arrive sur le plateau, je sais toujours que c’est lui qui est dissimulé derrière le masque de Daredevil, parce qu’il ajoute des petites touches singulières à sa chorégraphie de combat. Je pense notamment à un mouvement qu’il a fait pendant le tournage de la séquence d’ouverture de la série. Il est retombé sur ses jambes après un salto et a poussé un cri rauque de victoire. C’était tellement génial que j’ai oublié mon job de productrice exécutive et suis redevenue une simple fan à ce moment-là, une fan ravie de voir Daredevil prendre vie sous ses yeux grâce à cet acteur incroyable.

Quoi de neuf dans la vie de Matt Murdock ?

Dario Scardapane:
Matt entame une nouvelle liaison amoureuse avec la psychologue Heather Glenn, jouée par Margarita Levieva. Je pense qu’il veut aborder cette nouvelle relation de manière adulte et responsible, mais qu’il est toujours confronté aux mêmes difficultés liées à ses activités secrètes. Il tente d’être le meilleur partenaire possible et une bonne personne dans le cadre de cette relation. Mais une partie du plaisir que l’on éprouve en suivant la manière dont elle évolue repose sur le fait que l’on sait d’emblée que tout cela va finir par lui échapper et par tomber en morceaux, parce qu’il est forcé de mentir à Heather pour lui cacher ses activités de justicier. Au bout de sept ou huit explications peu convaincantes, des tensions naissent forcément. Je veux rendre hommage à Margarita Levieva pour avoir réussi à incarner ce personnage de thérapeuthe vraiment intéressant. Cette femme qui n’a que de bonnes intentions est emportée magré elle par des événements complexes qu’elle a énormément de mal à comprendre. Jusqu’au moment où elle en a assez et doit racer une ligne dans le sable pour dire “J’en ai assez, je n’irai pas plus loin que là”.

Pouvez-vous parler des liens qui existent depuis toujours entre Marvel et New York ?

Sana Amanat :
Eh bien, les scénaristes et les dessinateurs de Marvel ont créé tous ces personnage iconiques à New York, puisque les bureaux de la société se trouvaient là. La plupart d’entre eux avaient grandi dans ces quartiers et venaient de milieux modestes. C’est pour cette raison qu’ils en ont fait le décor de leurs premiers comics: LES 4 FANTASTIQUES, SPIDER-MAN, DAREDEVIL…Et je dois dire que c’est une des caractéristiques de Marvel que j’adore : ces aventures ne se déroulent pas dans une cité imaginaire. New York est l’un des personnages principaux de ces BD ! Et comme les fans de Daredevil le savent, le quartier de Hell's Kitchen joue un grand rôle dans son histoire personnelle. Voilà pourquoi c’était si formidable de tourner réellement dans les rues de New York. Et de filmer aussi des scènes dans Hell's Kitchen. C’était assez étrange pour moi, car nous avons tourné de l’autre côté de la rue où j’habitais autrefois. Voir Matt Murdock, Karen Page and Foggy Nelson marcher sur ce trottoir d’en face était vraiment surréaliste ! C’était génial d’utiliser le véritable New York en toile de fond, car les spectateurs s’en rendront compte en retrouvant cet aspect réel absolument inimitable. Et l’on voit aussi les new yorkais dans la série. Dario, il faudrait que tu parles des extraits de documentaire…

Dario Scardapane : Oui, nous avons trouvé ce moyen d’inclure les passants des rues de New York dans notre histoire. Cass et Sean, deux amis de l’un de nos réalisateurs, Justin Marin, sont des documentaristes. Et ils ont tourné ces fausses séquences documentaires interstitielles qui sont filmées comme si elles étaient prises sur le vif, de manière spontanée. Ce ne sont pas des cadres léchés, ni soigneusement éclairés, mais des images qui devaient avoir un côté “brut”. Ils posent des questions à des acteurs qui jouent des gens ordinaires, dont ils croisent le chemin dans les rues : des employés qui se rendent à leur travail, des ouvriers qui font des travaux, des éboueurs, etc. Ce sont des gens et des lieux qui sont issus du vrai New York. Ils ne ressemblent pas à une interprétation artistique de New York. Et nous avons utilisé ce fil rouge de ces extraits du documentaire, de ces témoignages des new yorkais, tout au long de cette saison. Cela nous permet de refléter les opinions contradictoires des gens, et on sent bien que ces scènes n’ont pas été filmées à Hollywood dans un décor de studio représentant New York, ni dans des rues de Toronto accessoirisées pour ressember à celles de New York. On se trouve bel et bien dans la vraie ville, et c’est très important !

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